"J'AI LE SEUM !" - Alors que le confinement pour combattre l'épidémie de coronavirus risque de durer, la période s'annonce difficile pour chacun d'entre nous. Mais peut-être plus pour les adolescents, avides de liberté et d'autonomie. On leur a demandé ce qu'ils en pensaient.
On pourrait croire que demander à un adolescent de rester confiné dans sa chambre pour une période indéterminée serait pour lui la meilleure des nouvelles, et bien il n'en est rien. Depuis, l'annonce jeudi 12 mars, par Emmanuel Macron, de la fermeture de tous les établissements scolaires, puis la sentence quatre jours plus tard d'un confinement général, cet immobilisme forcé a mis le moral des plus jeunes en berne. A l'image de Victoria et Salomé, deux jumelles de 14 ans, habitant la région parisienne : "On a l’impression d’être coupée du monde, et notre vie sociale s'est réduite comme une peau de chagrin", racontent-elles.
Même sentiment pour Lina, 13 ans, dans les Hauts-de-Seine, qui souffre de ne plus rigoler avec ses amis : "Je trouve que c’est très compliqué. Avant, je les voyais tous les jours et là, il faut revoir totalement ses habitudes", dit-elle. Idem pour Quentin, 17 ans, en première dans un lycée parisien, dont le bonheur aurait été de rester confiné avec son meilleur ami, et qui, là, se retrouve face à "un grand vide". Car voilà bien ce qui risque de faire défaut à cette tranche d'âge : ils ne vont plus voir leur alter ego. Or l'amitié revêt sans doute pour eux une importance encore plus cruciale qu’à n’importe quelle autre période de la vie.
C’est mieux d’être à l’école, un peu pour les profs mais surtout pour l’ambiance, pour être avec mes copains.
Shana, 14 ans
D'ailleurs quand on leur demande si l'école leur manque, ce n'est pas le lieu d'apprentissage mais bien les amitiés qu'on s'y crée, entre la cour de récréation et la cantine, dont ils vont avoir le plus de mal à se passer. "C’est mieux d’être à l’école, un peu pour les profs mais surtout pour l’ambiance, pour être avec mes copains", avance ainsi tout de go Shana, 14 ans, collégienne à Suresnes. "On ne va pas à l'école que pour apprendre, renchérit Maxime, 13 ans, c’est aussi le lieu où on retrouve ses amis et où on partage des choses avec eux, et ça me manque", avoue-t-il.
Auraient-ils déjà oublié leurs professeurs ? Qu'on se rassure, ce n'est pas un écran qui pourra remplacer leur enseignant en chair et en os. Comme le reconnaît Salomé, "c’est dur de travailler seule. A la maison, on a du mal à être autonome. On a besoin d’un prof pour nous aider, nous expliquer", dit-elle. "Quand tu es en classe, tu travailles, alors qu’à la maison on est distrait par beaucoup de choses", ajoute Victoria.
Sans compter les défaillances du système d'enseignement à distance qui en laisse plus d'un perplexe : "C'est stressant", souligne Chloé, 14 ans, dans un collège de la région parisienne. "C’est mieux de suivre ses cours au lycée. Sur un écran, c’est pas pareil", juge de son côté Quentin qui doit normalement passer son bac de français en juin.
Le virtuel ne remplace pas tout
Eh oui, cette génération qu'on accuse bien souvent de ne vivre qu'à travers les écrans découvre bien malgré elle que le virtuel ne remplace pas tout. Voilà peut-être une bonne nouvelle pour les parents, en cette période morose ; les ados ont évidemment besoin de voir et de toucher. Car même s'ils vont continuer à discuter avec leurs amis, via l'application FaceTime pour la plupart, ils avouent que ce n’est pas très agréable d'échanger par téléphone ou tablette interposé. "Je trouve déjà le temps long", se lamente Lina. Quant à Damian, 13 ans, il aimerait bien continuer comme avant à traîner avec ses camarades. Faute de mieux, il essaie de leur envoyer des messages tous les jours, histoire de maintenir le lien vaille que vaille.
Quant au rapport avec la famille, les cartes risquent là-aussi d'être rebattues. Car les grands ados qui se réjouissaient, pour certains, de traîner dans leur lit faute de cours pendant plusieurs semaines ont réalisé, dans le même temps, que papa, maman, mais aussi les frères et sœurs, allaient être de la partie, confinés tout comme eux à la maison. Une double-peine ? Pas vraiment si l'on en croit nos jeunes ados. "Ce confinement n’a pas changé mes relations avec ma famille. Mon frère joue toujours sur sa console et mes parents ne m’embêtent pas", admet Lina. "Ça ne me dérange pas", renchérit Chloé qui préférait malgré tout sa "vie d'avant".
La famille, une valeur refuge ?
Bien sûr, certains sont plus circonspects : "C’est bien d’être en famille, mais j’aimerais me retrouver, ne serait-ce qu’une heure, seule à la maison, histoire de mettre la musique à fond et de me sentir à nouveau libre", avoue de son côté Shana. Même son de cloche pour Salomé : "Ça me dérange un peu, j’ai l’impression de ne plus avoir de jardin secret, reconnaît-elle. Car quand je vais à l’école, j’ai ma vie avec mes amis et quand je rentre à la maison, j’ai une autre vie avec ma famille. Là, on est tous ensemble, tout le temps, et comme on est une fratrie de trois enfants, c’est difficile. Mon petit frère de 8 ans est plutôt hyperactif, il bouge beaucoup, donc ce n’est pas évident".
Un sentiment, tempéré par sa sœur Victoria, qui n'a pas tout à fait la même vision : "J'apprécie d'avoir mes parents à la maison car désormais, ils prennent plus le temps de parler avec moi, de m’aider pour mes devoirs, alors qu’avant ils étaient accaparés par leur travail. C’est bien de se retrouver en famille", conclut-elle. Et si finalement ce confinement était l’occasion de se recentrer sur l'essentiel ?
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