Covid-19 : que sait-on de la propagation du virus dans les cantines scolaires ?

par Thibault ROQUES
Publié le 26 avril 2021 à 16h42, mis à jour le 27 avril 2021 à 12h34

Source : JT 20h Semaine

ÉDUCATION - Ce lundi, les élèves des crèches, de la maternelle et du primaire ont retrouvé le chemin de l'école avec un protocole sanitaire strict. Mais les repas pris à la cantine inquiètent, ce moment étant considéré par Jean-Michel Blanquer comme "le maillon faible de l'école".

Plus de 6 millions d'élèves ont retrouvé leurs salles de classes après trois semaines de confinement, ce lundi. Si cette rentrée s'effectue dans le respect d'un protocole sanitaire strict, prévoyant notamment la fermeture des classes dès le premier cas positif, le passage des écoliers par le réfectoire inquiète. Jusqu'au ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer qui désigne ces réfectoires comme "le maillon faible de l'école" et, dans Le Parisien, a recommandé "aux parents de ne pas envoyer leur enfant à la cantine quand ils peuvent le faire". 

Alors, les cantines sont-elles des lieux de contaminations ? Pour l'heure, la question n'est toujours pas tranchée et fait toujours débat, un an après le début de la pandémie de coronavirus et deux périodes de fermetures des établissements scolaires (en mars 2020 et en avril 2021). Voici ce que l'on sait sur la question.

Ce que disent les scientifiques

Dans le compte rendu de son analyse intermédiaire du 1er mars, l'Institut Pasteur en partenariat avec la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, l’institut Ipsos et Santé Publique France est revenu sur les circonstances de contamination. Selon l'étude ComCor, "les repas, en milieu privé et professionnel, sont les circonstances les plus rapportées à l’origine de ces transmissions". Néanmoins, l'étude ne précise toutefois pas s'il s'agit de restauration scolaire.  Toutefois, "à l’évidence, la cantine est un moment de contamination", estimait ainsi au mois de janvier 2021 Dominique Costagliola, directrice de recherche à l'INSERM, sur BFMTV. Dans L’Express, elle précisait sa pensée : les contaminations "se font dans toutes les circonstances où nous sommes sans masques et où nous parlons : bars, restaurants, familles, mais aussi cantines [où il y a] des enfants et des adultes venus d’endroits différents (...) Et à midi, à la cantine, ils mangent sans masques et se parlent."

D'après Comcor, les enfants ne sont pas des super-contaminateurs. "Avoir un enfant scolarisé en primaire n'a pas été jusqu'à maintenant associé à un sur-risque d'infection pour les adultes vivant dans le même foyer", selon l'étude, même si l'on observe "depuis janvier une augmentation des infections [à domicile] vers les adultes [causées par] des enfants de moins de 11 ans". "L'arrivée des variants" pourrait l'expliquer, avec la plus forte transmissibilité du variant anglais : "Nos collègues européens rapportent des épidémies dans les crèches, maternelles, et écoles élémentaires qui n’avaient pas été rapportées jusqu’à présent, sans que l’on puisse savoir s’il s’agit d’une meilleure surveillance dans les écoles, d’une circulation visible, car ces lieux sont souvent les derniers à rester ouverts en cas de circulation active du virus en communauté, ou d’un tropisme particulier du virus pour les enfants", précisent les auteurs.   

Enfin, selon une étude du 16 novembre 2020 publiée dans la revue Nature, la "fermeture des lieux d’éducation" est la seconde mesure la plus efficace, derrière la suspension des rassemblements et devant la clôture des frontières.

Ce que dit Jean-Michel Blanquer

Jean-Michel Blanquer, invité du Grand Jury de LCI avec RTL et Le Figaro, a redit à la veille de la rentrée que "l’école n’est pas responsable en soi de l’épidémie". S'il relativise le rôle de l’école dans l'évolution de l'épidémie, pour ce qui est de la question des cantines, il reconnait que la prise du déjeuner au sein de l'établissement "est le maillon faible". "Je l'ai toujours dit, mais en même temps, nous savons que c'est très important pour les enfants d'avoir un repas équilibré tous les jours", a fait valoir le ministre. Un repas pour tous les enfants oui, mais si on peut éviter, "c'est mieux", tout en soulignant que les réfectoires doivent rester ouverts car "les collectivités locales ont fait des efforts importants pour s'adapter" et "avoir une cantine la plus sûre possible." 

Quel protocole sanitaire dans les cantines ?

Pour l'heure, le protocole prévoit un espacement de deux mètres entre groupes d'élèves, pour "les mêmes élèves" qui déjeuneront "tous les jours à la même table", généralement par classe et à des horaires différents. Il faut toujours mettre du gel hydroalcoolique sur ses mains à l'entrée et à la sortie du réfectoire, à l'aide de distributeurs mis à disposition sur place. De même il est prévu que les tables soient désinfectées avant et après chaque passage des élèves. Tous les personnels et les élèves doivent porter un masque "grand public" de catégorie 1 (type chirurgical par exemple) pendant leurs déplacements et "lorsqu’ils sont assis, tant qu’ils ne consomment pas un plat ou une boisson". Enfin, il est préconisé qu'une aération ou une ventilation des espaces de restauration soit fréquemment assurée, ainsi qu'un contrôle de la qualité de l'air, avec des capteurs de CO2.


Thibault ROQUES

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