Éducation : trois pédagogies alternatives encore méconnues

par Charlotte ANGLADE
Publié le 27 août 2022 à 17h00, mis à jour le 27 août 2022 à 17h27
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Source : Sujet TF1 Info

Outre l'éducation traditionnelle dispensée dans les écoles publiques, de nombreuses pédagogies alternatives se développent.
"Pédagogie institutionnelle", "libre progrès" et "slow education" : en voici trois, encore plutôt méconnues.

Nombreux sont les parents, parfois inquiets de la qualité de l'enseignement au sein de l'école publique, à chercher des alternatives éducatives pour leurs enfants. Au-delà des célèbres pédagogies Montessori ou Freinet, d'autres méthodes, moins répandues mais qui ont aussi fait leurs preuves, valent le coup d'œil. 

LCI vous présente tour à tour la "pédagogie institutionnelle", la "pédagogie du libre progrès" et la "slow education". Toutes replacent l'enfant au cœur de son développement.

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La pédagogie institutionnelle

La pédagogie institutionnelle est une méthode éducative inspirée de celle de Célestin Freinet. Au début du XXe siècle, cet instituteur français démontrait que le tâtonnement et la libre découverte étaient à la base de tous les apprentissages et qu'il n'était nul besoin d'imposer aux enfants de traditionnelles leçons. Fernand Oury, initiateur de ce qui fut appelé par la suite la "pédagogie institutionnelle" et lui-même professeur des écoles, a rencontré Célestin Freinet en 1949. Inspiré par sa démarche, il a développé un mouvement parallèle, souhaitant donner à l'enfant liberté de parole et responsabilités.

Un cadre bien définit pour un enfant bien structuré

Pour Fernand Oury, la classe et l'école sont des acteurs décisifs dans la structuration de l'enfant. L'élève doit donc évoluer dans un environnement où les règles sont établies et appliquées par des institutions appropriées. Ces institutions, ce sont les conseils de classe coopératifs, généralement hebdomadaires. Lors de ces réunions, les enfants échangent sur tout ce qui a trait à la vie de classe et fixent des lois à ne pas transgresser.

Afin de responsabiliser les élèves, l'instituteur met également en place un système de ceintures de comportement et de compétences. Comme au judo, les membres d'une classe évoluent d'une ceinture à l'autre et gagnent en grade et en responsabilité. Les exigences, elles, sont fixées par le professeur.

Une parole libérée

La réunion Quoi de neuf est d'autre part imaginée par Fernand Oury pour libérer la parole au sein de sa classe. Lors de ces rassemblements quotidiens, organisés le matin, les élèves peuvent raconter tout ce dont ils ont envie. Le but est double : encourager l'expression orale mais aussi permettre à l’enfant de se défaire de quelque chose qui lui tient à cœur pour être ensuite plus disponible dans sa journée de travail.

"La classe institutionnelle où le fantasme devient parole [...] tout comme l’agitation devient activité [...] est un lieu où toute parole peut être entendue (sinon reçue), justement parce que ce lieu n’est pas n’importe quoi : des lois précises y sont observées, qui permettent transferts, projections, identifications, etc. [...] et un certain contrôle de ce qui se passe", écrit Fernand Oury dans son "livre rouge" aussi intitulé De la classe coopérative à la pédagogie institutionnelle.

La pédagogie du libre progrès

Principalement répandue aux États-Unis et en Inde, la pédagogie du libre progrès a été développée par le philosophe indien Sri Aurobindo et sa disciple Mirra Alfassa. S'opposant à une éducation stricte et dictée par l'adulte, ils imaginent au tout début du XXe siècle une méthode où l'enfant est maître de son apprentissage.

L'enfant, un individu à part entière

"Le premier principe d'un enseignement vrai est que rien ne peut être enseigné. Le professeur n'est pas un instructeur dressant des recrues ou un surveillant de corvée : il est une aide et un guide. Sa fonction est de suggérer, non d'imposer. En fait, il n'éduque pas l'intelligence de l'élève, il lui montre seulement comment perfectionner ses instruments de connaissance, et il l'aide et l'encourage tout au long de son développement. Il ne lui transmet pas la connaissance : il lui montre comment l'acquérir par lui-même", écrit Aurobindo en 1909 dans le journal indien Karmayogin.

Pour celui qui est aussi poète et écrivain, l'enfant est, tel une graine, le résultat de tout un passé, mais possédant une individualité propre qu'il reste à élever. Dans ce but, guidé par son instituteur, l'élève est chargé de définir lui-même son plan d'études, selon ses intérêts et ses envies. Ses choix ne sont jamais remis en question par l'éducateur.

Des "effets spectaculaires"

Dans un livre de recherche intitulé Ces écoles qui rendent nos enfants heureux et paru en 2012, Antonella Verdiani, chercheuse dans le domaine de l'éducation, s'étonne des effets de cette méthode. "Mon enquête [dans une école indienne dispensant le libre progrès, ndlr] m'a amenée à constater les effets spectaculaires de cette pédagogie sur les élèves de tout âge :  plus tôt ils sont laissés libres de s'orienter vers leurs centres d'intérêt, mieux ils sont en mesure de se former une personnalité confiante, curieuse et ouverte sur le monde." Aujourd'hui encore, cette pédagogie, qui n'est en tant que telle pas dispensée en France, est considérée comme l'une des plus novatrices qui puisse exister.

L'éducation lente

Dans la lignée de la "slow food" ou du "slow cosmétiques", la "slow education", ou éducation lente, fait des adeptes. Loin de vouloir ralentir les enfants, cette philosophie née au Royaume-Uni et aux États-Unis prend plutôt en considération le fait que chaque enfant évolue à son propre rythme. Il revient donc à l'instituteur de s'adapter à chacun de ceux qui composent sa classe et de ne pas attendre que tous les élèves atteignent simultanément le même niveau de compréhension.

La qualité contre la quantité

La "slow education" prône la disparition des classes, où l'on attend que chaque élève ait acquis certaines connaissances avant la fin de l'année scolaire, au profit des cycles (maternelle, primaire, collège...). Elle considère de plus qu'une trop grande quantité d'informations à ingérer est nuisible à l'enfant, qui a besoin de temps pour asseoir les apprentissages. Des temps pour s'amuser, rêver, méditer et échanger pendant le temps scolaire sont également considérés comme essentiels.

Si aucune école ne se revendique comme "slow" en France, un établissement de Barcelone fait figure d'exemple. Il est dirigé par Joan Domènech Francesch, l’un des plus fervents défenseurs de la pédagogie et auteur de Éloge de l'éducation lente. Loin d'être cantonnés à un bureau devant leur copie, ses élèves ont la possibilité de circuler librement entre les différents ateliers mis en place. Une liberté qui leur permet d’apprendre dans toutes sortes de situations (jeux, théâtre, bavardages, etc.).


Charlotte ANGLADE

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