ENSEIGNEMENT - Des étudiants en BTS expliquent avoir été contraints de se rendre dans leur centre d'examens pour passer des épreuves, même s'ils sont positifs au Covid. Rester chez soi est en effet synonyme de zéro pointé.
L'arrivée du printemps marque le début des périodes de concours et d'examens. Des rendez-vous traditionnels pour des centaines de milliers d'étudiants, mais qui se trouvent à nouveau perturbés cette année à cause du virus. Une situation pour le moins compliquée, en particulier pour des étudiants en BTS, dont certains passaient le 2 avril une épreuve d'anglais. Préalable aux épreuves communes qui se dérouleront mi-mai, elle a suscité une vive polémique, notamment pour des étudiants rattachés aux académies de Versailles, Créteil et Paris.
Ces derniers, qui ont reçu une convocation à la Maison des examens d’Arcueil (Val-de-Marne), ont filmé des scènes d'attroupements, laissant entendre que la distanciation sociale n'avait pas pu être respectée. Plus embarassant, des étudiants positifs au Covid, ou qui suspectaient d'avoir contracté le virus, ont rapporté qu'ils avaient été contraints de se déplacer pour plancher, faute de quoi ils auraient été pénalisés d'un zéro. Le tout sans qu'aucune alternative ne leur soit proposée (un rattrapage ultérieur par exemple). Un récit qui intrigue, y compris parmi les lecteurs de LCI. Nicolas nous a ainsi contacté via l'adresse lesverificateurs@tf1.fr pour nous demander de se pencher sur la question.
Zéro pointé
Sur les réseaux sociaux, les étudiants montent au créneau. Derrière le mot-clé #BTSCONTRÔLECONTINU, qui réclame entre autres l'annulation des examens en présentiel, les témoignages se sont multipliés. "Aujourd’hui, épreuve à la Maison des examens pour les BTS. 2 élèves de ma classe s’avèrent être positifs au Covid", relate notamment un internaute. "Réponse de la Maison des examens : si vous ne venez pas : éliminatoire, si vous avez un justificatif : 0/20." Et de demander, dépité : "Alors, la peste ou le choléra ?"
LCI a contacté le Service interacadémique des examens et concours (SIEC) pour tenter d'obtenir sa réaction. Il indique tout d'abord avoir "mis en place des affiches dans tout le site (intérieur et extérieur) pour faire respecter les gestes barrières et impose le port du masque", tout en réduisant massivement les jauges pour les salles d'examens. "Nous avons renforcé les tournées des agents de sécurité pour empêcher les attroupements dans les escaliers et effectuer un rappel des gestes barrières", nous précise-t-on par ailleurs. Des témoignages d'étudiants concordent pour évoquer l'usage d'un seul et unique stylo pour l'émargement, ou encore le fait que les convocations invitaient à se rendre une heure à l'avance au centre d'examens. Ce qui a toutefois conduit à des rassemblements importants.
Quid des étudiants positifs au Covid ? "Nous ne sommes pas habilités à demander aux candidats les résultats de leurs tests", glisse le SIEC, assurant qu'il est de la responsabilité de chacun de s'isoler en cas de symptômes et a fortiori si l'on se sait positif. Tout en nous confirmant que contrairement au baccalauréat, pour lequel des rattrapages sont prévus, aucun dispositif alternatif n'est mis en place pour les étudiants de BTS. Ne pas se présenter à une épreuve est en théorie passible d'élimination pure et simple, mais le SIEC explique que la présentation d'un certificat médical permet d'éviter cette sanction. Néanmoins, "il y a des épreuves éliminatoires qui en cas d’absence sont notées d’un zéro sur vingt".
"Il n'y a pas de réelle adaptation de la manière dont se tiennent les examens" en cette période d'épidémie, alertait dès janvier sur France Info la présidente de l'Unef, Mélanie Luce. Quatre mois plus tard, des problèmes semblent toujours persister, l'organisation de sessions de substitution ou l'adaptation des épreuves prévues n'étant pas généralisée. Notons qu'une pétition mise en ligne fin mars a reçu plus de 50.000 signatures, elle réclame l'instauration d'un contrôle continu pour l'évaluation des BTS. Une mesure que suggèrent aussi plusieurs étudiants présents à Arcueil, interrogés par LCI. Testés positifs avant ou dans la foulée de l'épreuve, ils nous expliquent sous couvert d'anonymat n'avoir pas eu d'autre choix que de se présenter au centre d'examen. "Je ne connaitrai jamais les conséquences de ma venue et fais en sorte de ne pas y penser", nous glisse l'un d'eux.
Une mesure habituelle, explique le ministère
Contacté par LCI, le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation indique qu'à ce jour, "il a été décidé de maintenir, dans le respect des mesures sanitaires, les épreuves et concours à vocation nationale". Et ajoute que "les candidats positifs relèvent de la catégorie des candidats malades. Ils ne relèvent pas d'une catégorie spécifique. Ils ne peuvent pas participer aux épreuves, tout comme pour les autres candidats qui seraient malades". Une consigne claire, confirmée par l'entourage de la ministre Frédérique Vidal.
"Concernant le BTS", nous indique-t-on, "cette mesure vaut pour la semaine en cours. Il y aura ensuite une interruption de 15 jours", tandis que "les épreuves principales du BTS débutent le 10 mai". Par ailleurs, LCI s'est fait confirmer que la non-présentation d'un étudiant à une épreuve entraîne l'obtention automatique d'un zéro. Une note qui est prise en compte dans la moyenne finale de l'examen et potentiellement très pénalisante. Précisons aussi que cela suppose de pouvoir prouver le motif médical de son absence : sans justificatif, c'est l'élimination.
Pour les étudiants touchés par le Covid ou qui craindraient d'avoir été contaminés, il n'est donc prévu à ce jour aucune alternative. Difficile à comprendre pour des jeunes dont le cursus a été plus que perturbé depuis l'an dernier. Stages amputés, cours à distance difficiles à suivre, sans compter certains retards accumulés dans le suivi des programmes. En ce début de semaine, des épreuves ont été annulées et reportées au mois de mai. Sans adaptation des protocoles, il est possible que des étudiants positifs au Covid feront à nouveau le choix de se présenter aux épreuves, prenant le risque de contaminer d'autres candidats lors des examens.
Il faut enfin noter que les alertes des étudiants trouvent aujourd'hui un début de résonance dans le champ politique. Un groupe de parlementaires, parmi lesquels Aurélien Taché (Les Nouveaux Démocrates, ex LaREM) confirme à LCI qu'un courrier visant à soutenir les revendications des jeunes en BTS se trouve en préparation. Il sera adressé sous peu aux ministres Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal.
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