C’est leur fête ce dimanche : connaissez-vous ces expressions de nos grands-mères ?

Publié le 1 mars 2020 à 8h52

Source : Sujet JT LCI

DÉCRYPTAGE - "Tu mènes une vie de patachon", "on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre"... autant d'expressions qui composent le vocabulaire de nos chères mamies, que l'on fête ce dimanche 1er mars. Mais savez-vous ce qu'elles veulent dire ? On en passe quelques unes en revue avec Brigitte Bulard-Cordeau, auteure de "Ma grand-mère disait toujours ça…".

"Ma grand-mère, Manou, disait toujours 'Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt', nous lance tout de go Brigitte Bulard-Cordeau. C’était une femme de colonel, et lorsque nous étions en vacances chez elle, nous rêvions tous de nous lever en même temps qu’elle pour la rejoindre, mais ce n’était pas possible. Depuis, je me lève très tôt. Cela me donne un supplément d’heures dans ma vie et l’aube est propice à l’écriture".

Est-ce ce souvenir suranné qui a donné le goût à cette écrivaine de se pencher sur les expressions de nos aïeules ? Ça se pourrait bien... "Répéter ce que disent nos grands-mères, c’est comme un trésor", confirme-t-elle. Alors que l'on fête nos mamies ce dimanche 1er mars, on a voulu, nous aussi, nous replonger dans ces expressions drôles, poétiques, parfois philosophiques, en remontant le fil de son livre : "Ma grand-mère disait toujours ça..." (Editions Larousse), publié en 2018. Petit passage en revue...

Larousse

"Tu vas attraper la mort habillée comme ça"

Traduction : Couvre-toi, tu vas  attraper froid !

"C'est une expression typique du langage des grands-mères, soucieuses de la bonne santé de leur descendance, notamment des filles, explique Brigitte Bulard-Cordeau. Jadis, il fallait bien se couvrir et surtout mettre un bonnet ou un chapeau, car on ne montrait pas sa chevelure. C’était donc une question de santé mais aussi de bienséance. Et il fallait porter des vêtements longs, avoir la démarche adaptée dans la rue, de façon à ne pas attirer les garçons et les faire tomber comme des mouches !

L’expression est désuète, on n’attrape pas la mort en sortant la tête nue, mais on doit tout de même sortir couvert. C’est une question de bon sens, de prévention, plus que jamais d’actualité".

"Laisse, ça ne tombera pas plus bas"

Traduction : On ne peut faire pire.

Comme le souligne l'auteure, "cette expression était utilisée à l’époque où les maisons étaient construites sur un sol en terre battue. Cela donnait l’impression que la terre était basse. Pour les femmes qui avaient la charge du ménage et autres corvées quotidiennes, se baisser demandait un effort supplémentaire. Du coup, si on laissait tomber un objet, inutile de se précipiter pour le ramasser, et de se fatiguer davantage, il n’allait pas tomber plus bas". "Il y a une part de sagesse dans cette expression.  Pourquoi aller au-dessus de ses forces ?  On ne peut s’acharner contre ce qui est écrit, contre notre destinée. Une fois les limites franchies, on n’ira pas plus loin", poursuit Brigitte Bulard-Cordeau.

"Tu as faim ? C’est une bonne maladie"

Traduction : Mange,  cela ne te fera aucun mal !

"Cette expression est liée aux guerres et aux famines qui avaient affecté les anciennes générations, à l’époque où manger était un luxe. Après les guerres, il fallait se rattraper et récupérer pour être en bonne santé, on était sur pied si on avait un bon coup de fourchette. Manger, cela voulait dire que l’on évitait le médecin", avance l'auteure, qui indique que cette phrase perdure en milieu rural mais aussi chez les grands-mères qui reçoivent leurs petits-enfants à déjeuner. "Elles aiment les voir dévorer les gâteaux qu'elles ont confectionnés pour eux.  C’est ça, les mamies !", s'amuse-t-elle.

"Il n’y a pas de quoi en faire un fromage"

Traduction : Il ne faut pas exagérer !

"En fait, bien peu de choses sont nécessaires à la réalisation d’un fromage, mets délicieux qui honore la gastronomie française. Cette expression signifie, dans la vie courante, qu’un rien peut amplifier une affaire sans importance. Aussi cette expression fait-elle figure de reproche : à quoi bon exagérer au risque de voir la situation s’envenimer ?, décrypte Brigitte Bulard-Cordeau. 

Cette phrase est tout à fait moderne. Cela désigne également  les affaires montées en épingle dans la presse. Curieusement, on dit aussi 'ça sent mauvais' lorsque les choses tournent mal. A l’instar du fromage qui n’est pas toujours inodore."

"On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre"

Traduction : On parvient plus aisément à ses fins par la douceur.

"Cette maxime énonce clairement le principe selon lequel on a davantage de chances d’obtenir ce que l’on veut en respectant le code de la politesse et en faisant preuve de tact, de douceur et de compréhension. Tout comme les mouches qui ne se font pas piéger par le vinaigre, un liquide rédhibitoire, acide et piquant. Une personne sera beaucoup plus sensible à la douceur du miel, doux au palais, souligne l'auteure. Une expression totalement dans l’air du temps. C’est le principe des négociations. Mieux vaut ne pas envoyer la partie adverse sur les roses, car la blesser par des propos épineux rendrait difficile tout accord".

"Tu mènes une vie de patachon"

Traduction : Mener une vie dissipée.

"Cette expression remonte à la fin du XIXe siècle. Un patachon était un conducteur de patache, une diligence en assez mauvais état qui circulait sur les routes de campagne ou en ville, nous apprend l'auteure. Résultat, du fait de son métier, le patachon allait d’un endroit  à l’autre et menait une vie mouvementée. Aujourd'hui, c’est toujours une expression très mignonne, qui n’est pas dénuée de charme, cela veut dire aussi courir deux lièvres à la fois, avoir plusieurs rendez-vous (galants) dans la même semaine. Mais étant donné le joli nom de Patachon, on ne saurait jeter la pierre à ce personnage volage !", conclut Brigitte Bulard-Cordeau.


Virginie FAUROUX

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