Combien ça coûte, au juste, d'inscrire son enfant dans le privé ?

Publié le 5 avril 2019 à 17h39
Combien ça coûte, au juste, d'inscrire son enfant dans le privé ?

ÉDUCATION - Ecole publique ou privée ? De nombreuses familles sont confrontées à ce dilemme, objet du film "La lutte des classes" sorti en salles ce mercredi 3 avril. Un débat qui pose la question de la mixité sociale dans les quartiers populaires et celle de la "fuite" vers le privé. Justement, ça coûte combien d'inscrire son enfant dans une telle école ?

Michel Leclerc reste farouchement attaché aux comédies sociales. Dix ans après Le nom des gens, le réalisateur s'attaque cette fois à la question sensible de la mixité sociale à l'école. Dans La lutte des classes, en salles depuis ce mercredi 3 avril, un couple de trentenaires plutôt bobos, interprété par Leïla Bekti et Edouard Baer, se retrouve confronté à un cas de conscience le jour où il quitte son appartement parisien pour un pavillon à Bagnolet (Seine-Saint-Denis) : faut-il que leur fils poursuive sa scolarité à l'école publique du quartier, où tout part à vau-l'eau et où il sera le seul élève blanc de sa classe ? Ou se résoudre à l'inscrire dans une institution privée ?

"Dans les quartiers populaires, beaucoup de parents se posent ces questions… Mais tout le monde n’a pas les moyens de 'passer' dans le privé. C’est un phénomène qui existe dans toutes les grandes villes, et dans tous les milieux : même dans le Ve arrondissement de Paris, il y a toujours un collège mieux qu’un autre", expliquent Michel Leclerc et sa compagne Baya Kasmi, avec laquelle il a co-écrit le film, dans Le Parisien

De grandes disparités sociales

La "lutte des classes" se joue effectivement dès l'entrée à l'école. Selon une étude publiée en 2016 par la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), qui dépend du ministère de l'Education, "les élèves scolarisés dans les collèges privés en France sont issus d'un milieu social plus favorisé que ceux du public en moyenne et cet écart s'est creusé au cours des dix dernières années".

Cette étude portant sur des chiffres de 2015 classait les collégiens français en quatre groupes selon leur origine sociale : très favorisée (22,7 % des enfants), favorisée (12,5 %), moyenne (26,9 %) et défavorisée (37,8 %). Et selon elle, 20% des collégiens du privé sont issus de milieux défavorisés, contre un quart en 2003. Du côté de la catégorie "très favorisée", ils représentent 37% des effectifs du privé, contre 30% en 2003. Les collèges publics comptent, eux, 43% d'enfants défavorisés et 19% de très favorisés, une moyenne nationale qui cache de grandes disparités selon les territoires. Dans l'ouest de la France (Nantes, Rennes), les populations dans le privé et le public présentent peu de différences. La ségrégation scolaire est en revanche très forte dans de grands centres urbains, notamment Paris et Lyon.

Autre enseignement intéressant : c’est à partir du collège, où le brassage social s’intensifie, qu’un parent sur 5 opte pour le privé. Un choix qui s'accentue année après année : résultat, à la rentrée 2018, l’enseignement catholique sous contrat, qui représente 97 % des élèves du privé (les 3 % restant étant des établissements hors contrat qui sont libres du contenu de leur enseignement) scolarisait 2.099.476 élèves - contre plus de 12.400.000 dans le public -, enregistrant une progression de 1 250 élèves.

Des écarts de prix considérables entre établissements

Tout ceci a pourtant un coût. Pour le connaître, on a posé la question à la Fédération nationale des organismes de gestion de l'enseignement catholique (Fnogec). Son barème de prix : à la rentrée 2018, la contribution des familles s'élevait en moyenne à 389 € pour un élève en maternelle, 390 € en primaire, 763 € au collège, et 1176 € au lycée. 

Ces tarifs servent principalement à financer les locaux et les activités extra-scolaires (voyages, animations pédagogiques, pastorales...), la scolarisation des élèves étant prise en charge par l'Etat - comme le stipule la loi Debré - et par les collectivités territoriales (communes pour les écoles, départements pour les collèges et région pour les lycées). Le salaire des enseignants est également pris en charge par l'État. 

Il faut ajouter à ces sommes les frais de cantine, qui varient selon les établissements. Il faut compter pour un repas 4,71 € en maternelle, 4,75 € en primaire, 6,19 € au collège et 6,53 € au lycée. Certaines familles devront également s'affranchir des frais d'internat, ce qui représente par an un coût de 3.688 € au collège et 4806 € au lycée.

Tous ces tarifs sont bien entendu des moyennes, car les écarts de frais d'inscription sont considérables entre les établissements. De quelques dizaines d'euros pour une petite école primaire à plus de 2000 euros pour certaines institutions prestigieuses dans une grande ville. 

Ainsi, à Stanislas,  établissement huppé au cœur de Paris, la contribution des familles s'élève à 1844 € annuels pour un élève de primaire, 1998 € au collège et 2285 € au lycée, à laquelle il faut ajouter la demi-pension (311 € par an pour 1 repas/semaine, 612 € pour 2 repas, 841 € pour 3 repas, 1049 € pour 4 repas et 1209 € pour 5 repas). Le prix de l'internat s'élève, lui, à 8280 € par an.

Pendant ce temps, à Blanche de Castille, un ensemble scolaire fondé par les Ursulines à Nantes, les familles paieront 49 € pour un élève de maternelle ou de primaire, 111 € au collège et 117 € au lycée. Les frais de demi-pension s'élèvent, eux, à 80 € en maternelle, 76 € en primaire, et 86 € au collège et au lycée. Pour l'internat, il faut compter 486 € au collège et 547 € au lycée.


Virginie FAUROUX

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