"Il n'y a que la France qui fait des dictées", vraiment ?

La France nagerait en plein "délire national". La linguiste Julie Neveux s'en est pris aux dictées ce vendredi 9 juin sur le plateau de Quotidien. Interrogée sur la Grande dictée organisée dimanche dernier à Paris, qui a réuni 1700 personnes sur la plus belle avenue du monde, la spécialiste du langage a estimé que cet exercice n'avait que peu d'intérêt en tant "qu'outil d'apprentissage de la langue". Et pour preuve, il s'agirait d'une pratique exclusivement française. "Il n'y a que la France qui fait ça", a lancé celle qui est membre du collectif Linguistes atterrées, provoquant la stupéfaction du plateau. 

Face à la surprise de ses interlocuteurs, la linguiste assure que cet exercice est plébiscité en France à cause de la complexité de l'orthographe. "Pourquoi voudriez-vous que les Espagnols fassent des dictées ? Leur langue est phonétique", a argué celle qui appelle à "réformer l'orthographe (...) pollué d'exception".  "La dictée, c'est pour vous piéger, c'est une sorte de délire national", a estimé la co-autrice du manifeste Le français va très bien merci. Un extrait vu plus d'un million de fois. Et qui a fait vivement réagir. 

Car, comme pour tous ceux qui participaient à l'émission, les internautes s'étonnent de cette information. En commentaires, chacun y va de son exemple pour prouver que cette affirmation est fausse. "En tant qu'Espagnole, je peux dire que ce n'est pas vrai. J'ai passé des années à faire des dictées", témoigne par exemple une jeune femme. De fait, la plupart des manuels scolaires de nos voisins européens comportent cet exercice d'écriture, les élèves belges de Namur ont même droit à leur concours de la dictée du Balfroid.

Alors pourquoi se montrer si catégorique ? À la suite de son passage dans l'émission diffusée sur TMC, la linguiste rectifie son propos sur Twitter et explique que sa phrase a été mal interprétée. Elle évoquait alors la seule dictée à destination des adultes, et non pas celles organisées à l'école. "Seule la France, parmi tous les pays à alphabet latin, organise des concours de dictée", a-t-elle précisé, ajoutant qu'il existait bien aux États-Unis des "concours d'épellation" en anglais. Reste qu'aux yeux de la linguiste, la dictée à l'école est "peu ou pas efficace".