À l'occasion de la journée du sommeil, nous avons voulu questionner les nuits en couple.Quelle signification peut-on donner à la façon de dormir avec son ou sa partenaire ?
Alors que la journée nationale du sommeil a lieu ce 17 mars, affrontons les sujets qui fâchent... La franchise nous oblige à dire que le fait de dormir à deux, s'il peut apporter du bonheur aux amoureux, ne se révèle pas toujours de tout repos et peut être source d'agacement. Selon une étude publiée en 2017 par l'INSV (Institut National du sommeil et de la vigilance) et disséquant le "co-sleeping", un Français sur deux passe la nuit à deux dans un lit.
Parmi ces co-dormeurs, 77% le font par choix, se blottir à deux dans les bras de Morphée étant positif pour 60% d'entre eux. Mais, pour les autres, cela entraîne des désagréments : gêne à l'endormissement, réveils nocturnes, température trop élevée sous la couette, horaires de sommeil décalés, et aussi et surtout ronflements. Ajoutons que, toujours selon l'étude, 54% des Français jugent leur sommeil insuffisant, 28% sont somnolents pendant la journée et près d'un tiers dort moins de 6 heures par nuit (seuil de risques pour la santé).
On naît seul, on meurt seul… et on dort seul, même si la personne aimée est à vos côtés.
Patrick Papazian, sexologue
Mais peut-on interpréter la santé d'un couple à la façon dont il somnole ? Si les deux partenaires se blottissent l’un contre l’autre pour s’endormir, est-ce le signe qu'ils sont toujours très amoureux ? S'ils n'ont pas les mêmes horaires, qu'il y a de l'eau dans le gaz ? S'ils dorment chacun de leur côté, que c'est guerre froide autour de "qui-aura-la-couette" ? Bref, si vous me dites comment vous dormez, puis-je vous dire quel couple vous formez ?
Le sexologue Patrick Papazian, sollicité par nos soins, appelle à la méfiance autour de ces idées pré-conçues : "Il est évidemment tentant d’analyser la manière dont un couple dort, mais il ne faut jamais oublier que le sommeil est un moment extrêmement personnel, souligne-t-il. Quand vous cherchez le sommeil, et pendant celui-ci, vous vous ressourcez, vous reconnectez avec votre intimité, votre vie intérieure. Les rêves digèrent la journée ou les émotions passées, votre organisme reconstitue ses réserves, c’est un peu le téléphone portable branché à son chargeur. En d'autres termes, dormir signifie s'engouffrer dans un puits de solitude : 'On naît seul, on meurt seul… et on dort seul, même si la personne aimée est à vos côtés'."
Des nuits sans son épaule
Ainsi, vouloir tirer des conclusions hâtives sur les liens entre habitudes de sommeil et qualité de la relation dans le couple peut être source d’erreur, prévient notre sexologue : "Pour donner un exemple, certains couples ont une vie sexuelle tout à fait harmonieuse, mais ne sont pas très câlins, ils s’endorment chacun de leur côté sans forcément se prendre dans les bras; cela peut être bon signe, car ils considèrent le corps de l’autre comme un objet de plaisir et d’amour, pas comme un 'doudou' que l’on sert pour faire de beaux rêves !". "À l’inverse, poursuit Patrick Papazian, certains couples collés l’un à l’autre pour dormir ont du mal à érotiser leur relation devenue trop fusionnelle, c’est un grand classique après quelques années de vie commune."
Et faire lit ou chambre à part, est-ce que ça signifie réellement quelque chose ? "Aussi surprenant que cela puisse paraître, c'est parfois une bonne idée pour relancer la vie sexuelle du couple : inviter l’autre dans son lit, avoir des rapports sexuels avec lui/elle puis, selon l’humeur du moment, s’endormir avec, ou retourner dormir dans son propre lit, peut apporter des ruptures dans le quotidien qui changent du 'dodo commun obligatoire'. Les positions ne sont pas davantage interprétables : l’un derrière l’autre en mode "petit train" ou l’un face à l’autre, c’est évidemment plutôt bon signe, mais si votre partenaire vous tourne le dos pour trouver le sommeil, n’en déduisez rien de particulier ! Sans parler des ronflements ou des insomnies de l’un des deux qui peuvent, sérieusement, mettre à mal la relation de la couple. La nuit blanche passée à subir les bruits de l’autre peut générer du ressentiment, voire une véritable haine pour le partenaire qui prive d’un sommeil nécessaire."
Au final, selon Patrick Papazian, "la tendance fusionnelle observée ces dernières années dans les couples (il faut dormir ensemble, manger ensemble, jouir exactement ensemble, bref, tout faire ensemble…) et la surinterprétation du moindre signe sont bien plus dangereux pour la magie du couple à long terme qu’une nuit passée à s’enrouler dans la couette en laissant l’autre grelotter dans un coin du lit !"
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