Le retour à l'école à l'heure de la pandémie, "le plus dévastateur désynchronisateur depuis 1945"

Publié le 26 août 2020 à 13h16, mis à jour le 26 août 2020 à 22h24

Source : JT 13h Semaine

CONSEILS - À cinq jours de la rentrée, nombre de parents s’interrogent sur la meilleure manière de réadapter leur progéniture aux rythmes scolaires. D'autant que cette année, coronavirus oblige, il faut retrouver les bonnes habitudes après six mois de liberté !

"Ça va être difficile de rester toute une journée sur une chaise". A cinq jours de la rentrée, parents et enfants admettent volontiers ne pas se sentir prêts. Et comment le serait-on après 47 jours de confinement et trois mois en mode pause pour les plus jeunes ? La reprise des cours s’annonce donc assez compliquée pour eux. 

Selon François Testu, le président de l'Observatoire des rythmes et des temps de vie des enfants et des jeunes, cette rentrée est à ce point inédite que certains enfants en ont même oublié que l'école existait. "Et c'est grave", insiste-t-il, "car l'école est un synchronisateur précieux. C'est l'un des éléments qui permet de réguler la vie de l'enfant". Alors, comment les aider à retrouver le bon rythme ? On a demandé conseil à ce spécialiste...

 LCI - Que peuvent faire les parents pour que leurs enfants retrouvent une vie scolaire normale ?

François Testu - Cette pandémie s’avère être le plus puissant et le plus dévastateur désynchronisateur que la France ait connu depuis 1945. Le problème est donc de parvenir à resynchroniser les rythmes biologiques, psychologiques, et sociaux de toute la famille. Chez l’homme et plus particulièrement chez l’enfant, deux facteurs, étroitement liés, facilitent cette synchronisation : d’une part, la régularité dans les emplois du temps journaliers et hebdomadaires, et d’autre part, le repérage des différents moments marquants qui ponctuent la journée et la semaine. C'est ce que les parents ont essayé de faire pendant le confinement en continuant l'école à la maison, sauf qu'ils ont vite découvert que c'était difficile de s'improviser enseignant, avec toutes les contraintes que cela implique. Comme, par exemple, faire en sorte que son enfant se réveille tôt chaque matin pour lui apprendre des maths ou du français, le tout sans qu'il ne bouge de sa chambre. Car rien ne remplace l'école, la vie de groupe, l'organisation, et la pédagogie. A cinq jours de la rentrée, il faut donc réaménager leur emploi du temps au plus près de ce qu'était leur vie d'avant, en mars dernier, en ponctuant leur journée de différentes activités à heure fixe.

Respecter une certaine régularité

Sauf que cette vie d'avant remonte à six mois en arrière, et non à quelques semaines, comme c'est le cas lors d'une rentrée classique. N'est-ce donc pas un peu mission impossible ? 

Cela n'a en effet rien à voir, donc la partie s'avère beaucoup plus difficile. L'essentiel, je le répète, c'est de respecter une certaine régularité dans la vie de l'enfant, surtout chez les plus jeunes, et de donner des rythmes à sa journée, avec des horaires dédiés pour les repas, des séances devant la télé qui ne s'éternisent pas. Et puis, bien sûr, on avance tout doucement l'heure du coucher... Et si le dîner est pris à la même heure tous les jours, cela permettra également un coucher à heure fixe chaque soir. Cela concerne surtout les élèves de primaire et du secondaire qui, selon moi, doivent avoir les même repères. Car l'enfant a besoin d'être guidé. C'est comme dans un escalier, il faut une rampe pour mieux avancer. C'est pour cela qu'il faut bannir toute forme d'improvisation, à quelques jours de la rentrée. 

Les enseignants, et l'encadrement scolaire, ont-ils aussi un rôle à jouer dans cette rentrée pas tout à fait comme les autres ?

Ils ont en effet un rôle essentiel, et doivent travailler main dans la main avec les parents. Chacun doit être complémentaire car l'école va récupérer des enfants déboussolés, donc elle doit s'adapter. Il faut à mon sens limiter les groupes d'apprentissage, mais aussi alléger dans un premier temps les horaires de classe pour que les enfants se réhabituent. Les "y'a qu'à", "faut qu'on", sont toujours faciles à donner mais je sais que cela va être difficile à mettre en oeuvre. Dernier point, et c'est peut être le plus important, il faut mettre les enfants en situation de confiance, et ne pas leur montrer que cette rentrée fait un peu peur, alors qu'on ne sait pas comment cette épidémie va évoluer. Il est donc nécessaire de créer autour de l'enfant un climat d'apaisement et de confiance, et c'est le rôle des parents et des enseignants.


Virginie FAUROUX

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