"On nous balance un protocole à 22h50... On est épuisés !" La lassitude d'une directrice d'école

Publié le 18 juin 2020 à 17h13, mis à jour le 18 juin 2020 à 17h29

Source : JT 13h Semaine

CASSE-TETE - Tous les élèves de la maternelle au collège devront retourner en classe à partir du 22 juin prochain. Une rentrée qui pose problème aux établissements scolaires au vu des règles sanitaires imposées pour lutter contre le coronavirus.

A quinze jours des grandes vacances, les enseignants et les chefs d'établissements à Créon (Gironde) préparent la rentrée des classes pour lundi. Si la reprise des cours divise les parents, les élèves sont plutôt contents de retrouver leurs camarades. Même si les règles sanitaires ont été assouplies pour pouvoir accueillir tous les enfants, certaines mesures posent encore problème aux directeurs des écoles. 

Armée de son mètre, Corinne Noaille, chef d'établissement à Créon, mesure l'espace entre les tables. A partir de lundi, 1 mètre entre les élèves suffira contre 4 aujourd'hui. Mais la situation n'est pas plus simple pour autant car à deux semaines des vacances d'été, c'est toute l'organisation de l'école, des classes, des plannings qu'il faut revoir. "On nous balance un protocole mercredi à 22h50 pour une mise en place lundi ! On travaille 60 à 70 heures par semaine depuis plusieurs mois car nous avons nos classes à assurer, ainsi que la continuité pédagogique... Nous sommes épuisés ! Et ça, personne n'en parle", explique-t-elle calmement. 

Depuis la réouverture des établissements scolaires mi-mai, 1,8 million d'écoliers - sur un total de 6,7 millions - sont retournés à l'école et 600.000 sur 3,3 millions au collège, rarement à temps complet. Pour cette nouvelle rentrée qui interviendra deux semaines avant le début des vacances d'été, le retour de tous les élèves se fera grâce à l'allègement du protocole sanitaire

Désormais, les règles de distanciation physique à l'école maternelle vont être abolies, a annoncé mercredi après-midi M. Blanquer sur Public Sénat. A l'école maternelle, "entre les élèves d'une même classe ou d'un même groupe, aucune règle de distanciation ne s'impose, que ce soit dans les espaces clos (salle de classe, couloirs, réfectoire, etc.) ou dans les espaces extérieurs", est-il écrit dans ce nouveau protocole. 

A l'école élémentaire, on essaiera de "faire respecter un mètre" entre les élèves, a poursuivi le ministre. Il a toutefois laissé entendre que des aménagements seraient possibles: dans certaines classes, "on sera obligé d'avoir un peu moins d'un mètre". 

Selon le protocole, "dans les écoles élémentaires et les collèges, le principe est la distanciation physique d'au moins un mètre lorsqu'elle est matériellement possible, dans les espaces clos (dont la salle de classe), entre l'enseignant et les élèves ainsi qu'entre les élèves quand ils sont côte à côte ou face à face", poursuit le nouveau document, impliquant que la distanciation n'est pas obligatoire. 

Comment faire "quand on a des tables doubles qu'on ne peut pas scier...?",
Directeur d'école parisienne

"Si la configuration des salles de classe (surface, mobilier, etc.) ne permet absolument pas de respecter la distanciation physique d'au moins un mètre, alors l'espace est organisé de manière à maintenir la plus grande distance possible entre les élèves et les élèves de plus de 11 ans doivent porter le masque de protection dans la classe", ajoute-t-on. La distanciation physique "d'au moins un mètre" ne s'applique pas dans les espaces extérieurs entre élèves d'une même classe ou d'un même groupe, y compris pour les activités sportives", selon le document.

Comment faire "quand on a des tables doubles qu'on ne peut pas scier...?", s'interrogeait de son côté le directeur d'une école de la région parisienne. "On ne mettra pas la pression: soit un directeur veut suivre le protocole et donc ne pourra pas accueillir tous les élèves, soit il souhaite suivre l'injonction d'Emmanuel Macron et fera revenir tout le monde", assure Patrick Roumagnac, secrétaire général du syndicat des inspecteurs de l'éducation (SI.EN UNSA, majoritaire). Pour permettre d'accueillir le plus grand nombre, le nouveau protocole évoque aussi la possibilité "d'organiser la classe à l'air libre". Selon plusieurs acteurs du secteur, le ministère table aussi sur le fait que des familles se sont déjà organisées pour la fin de l'année scolaire et ne remettront donc pas leurs enfants à l'école.


La rédaction de TF1info

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