JACKPOT - Jean-Michel Blanquer juge irréaliste la proposition d'Anne Hidalgo visant à doubler le salaire des enseignants. Il évoque un coût de 150 milliards, un chiffre légèrement surévalué.
"L'élection présidentielle ne peut pas être une Foire du Trône de la démagogie", a lancé ces derniers jours Jean-Michel Blanquer. Des propos tenus en réaction à la proposition de la candidate socialiste Anne Hidalgo, qui a affiché sa volonté de doubler le salaire des enseignants. Le ministre de l'Éducation nationale a évoqué "un coût cumulé de 150 milliards à la fin du quinquennat", qui viendrait – à n'en pas douter – plomber les finances publiques. Un chiffre réaliste ? Pour le savoir, LCI a sorti sa calculette.
Le ministère évoque 10 milliards en plus par an
Faute de chiffrage précis mis en avant par l'équipe de la maire parisienne, c'est vers le ministère qu'il faut se tourner pour tenter d'évaluer le coût d'une telle mesure. Les données de base se révèlent assez simples : il s'agirait d'augmenter l'ensemble des personnels de l'Éducation nationale, dont les salaires représentent à l'heure actuelle 50 milliards d'euros par an pour l'État. Si l'on souhaitait doubler les rémunérations à l'issue d'un quinquennat, l'entourage de Jean-Michel Blanquer se base sur une dépense supplémentaire de 10 milliards chaque année. Soit 60 milliards de dépense totale pour l'État la première année en masse salariale.
Par rapport à un maintien en l'état des rémunérations, le surcoût pour l'État est donc de 10 milliards la première année, puis successivement de 20, 30, 40 et 50 milliards d'euros. Soit 10+20+30+40+50 = 150 milliards d'euros, le chiffrage présenté par le ministre. Ces calculs sont présentés comme tenant compte des augmentations automatiques des agents, liées à l'ancienneté.
Une autre méthode de calcul permettrait quant à elle de parvenir à un chiffrage inférieur. Si l'on garde à l'esprit que les hausses de salaire d'une année sur l'autre s'avèrent cumulatives et pas seulement additives (deux hausses successives de 20% n'équivalent pas à une hausse de 40% une seule fois), on aboutit à une moyenne d'augmentation par an de 14,8%. Les 50 milliards initiaux deviennent alors 57,4 Mds/€, puis 65,9 Mds/€ l'année suivante, 75,6 Mds/€, 86,8 Mds/€, et enfin 100 milliards d'euros la dernière année, le double du budget initial. Ce mode de calcul contribue à augmenter de manière lissée les salaires, mais moins rapidement que ne le fait le ministère. D'où un surcoût cumulé inférieur au bout du compte : il s'établirait plutôt à 136 milliards d'euros sur cinq ans. Ce montant s'avère même légèrement inférieur si l'on prend en compte les augmentations automatiques liées à l'ancienneté, et laissent à penser que les estimations du ministre sont quelque peu gonflées.
Notons que pour les quinquennats suivants, le surcoût de 50 milliards d'euros par an sera maintenu et pèsera toujours sur les finances publiques. Le dernier élément qu'il convient de prendre en compte, quelle que soit la méthode de calcul, serait enfin l'inflation. Relativement réduite à l'heure actuelle, elle pourrait contribuer à augmenter le coût final d'une telle mesure.
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