Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé mercredi qu'une heure et demie de mathématiques supplémentaire allait être dispensée à tous les lycéens dès la rentrée prochaine.La décision n'est pas sans susciter l'inquiétude des syndicats face à un éventuel manque de professeurs.Explications.
Mais que se passe-t-il avec les mathématiques ? Mercredi 10 mai, Jean-Michel Blanquer a annoncé le retour probable de la discipline pour les élèves de Première, pour qui, s'ils n'étaient pas en filière scientifique, n'était plus obligatoire depuis la réforme de 2019.
Pour rééquilibrer l'équation, et surtout le niveau des Français en géométrie et en algèbre, le ministère de l'Éducation nationale a donc décidé d'imposer une heure et demie supplémentaire de mathématiques dès la rentrée prochaine, s'ajoutant aux deux heures d'enseignement scientifique du tronc commun. "Le système s'organise pour la rentrée prochaine, avec au total 3h30 de sciences et mathématiques pour ceux qui ne font pas un enseignement scientifique", a plaidé Jean-Michel Blanquer sur RTL. Une décision qui a provoqué l'inquiétude des syndicats.
Une matière "peu attractive"
En cause, les résultats du Capes, le concours permettant d’enseigner en collège et lycée. Cette année, seuls 816 candidats ont été déclarés admissibles en mathématiques, pour 1035 postes ouverts, nous apprend le site de l'Éducation nationale. Soit déjà plus de 200 candidats manquants - 219 pour être précis -, avant même le résultat des oraux, où quelques-uns risquent d'être recalés. L’année dernière, le concours ne faisait, là encore, pas le plein : 1067 ayant été reçus pour 1167 postes ouverts.
Mais le ministère n'est pas inquiet. "Cette baisse était prévisible et a été anticipée", a insisté Edouard Geffray, le directeur général de l’enseignement scolaire (Dgesco), mercredi lors d’un point-presse relayé par Le Monde. Elle est liée à la réforme du concours d’enseignant l’an dernier". Alors que les candidats pouvaient se présenter au concours en fin de première année de master, il a été repoussé d'une année, à la fin du master 2. Conséquence, une partie des prétendants au poste ont déjà tenté leur chance, appuie-t-il.
Comment, alors, compenser ce manque ? En piochant dans "la réserve nationale en équivalents temps plein (ETP) et dans la réserve en heures supplémentaires" dont disposent certaines académies, répond Edouard Geffray, ajoutant que l'Éducation nationale a assuré ses arrières. Les élèves "auront bien un enseignant compétent devant eux à la prochaine rentrée", assure-t-il.
La colère des syndicats
Pas de quoi rassurer les syndicats, qui avaient déjà tiré la sonnette d'alarme sur le manque d'enseignants. "Cela fait des années que cette pénurie de professeurs existe. Et ils ne pourront pas la restreindre par de seules heures supplémentaires", explique à TF1info Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire nationale SE-Unsa. Et pour cause, argumente-t-elle : "la discipline est moins attractive que les autres. Ceux qui poursuivent leurs études en maths vont rejoindre par la suite des entreprises ou des laboratoires, dans des secteurs mieux rémunérés", tournant le dos à l'enseignement.
Sans compter ceux qui veulent quitter l'enseignement en raison des conditions d'exercice "pas assez satisfaisantes", ajoute-t-elle. "On ne voit aucune amélioration et le gouvernement ne s'est pas emparé de la question", plante-t-elle. Dans le même temps, elle juge "par exemple inconcevable d'appeler les contractuels à enseigner les mathématiques alors qu'ils ne sont pas formés pour", poursuit Elisabeth Allain-Moreno, qui attend les directives d'un ministère dont la tête pourrait changer la semaine prochaine.
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