"Arrêter de penser qu'on fera tout le programme", une menace sur le bac 2021 ?

par Audrey PARMENTIER
Publié le 10 novembre 2020 à 18h10, mis à jour le 10 novembre 2020 à 18h37

Source : JT 13h Semaine

EXAMEN - Alors que Jean-Michel Blanquer vient d’autoriser la mise en place de cours à distance, certains enseignants et élèves craignent de prendre du retard dans le programme. Au risque de ne pas être prêts pour le bac 2021.

Lycée Maurice Ravel à Paris. Devant l’établissement, des enseignants manifestent ce mardi 10 novembre. Quelques jours plus tôt, le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, a autorisé la mise en place des cours en demi-groupe et l’enseignement à distance. Or, ce nouveau dispositif risque de faire prendre du retard dans le programme scolaire comme le craint Mathieu Devlaminck, président de l’union nationale lycéenne (UNL) : "On va avoir deux fois moins de temps pour réviser. Ça va être très dur de terminer cette année."

Même son de cloche du côté des enseignants : "Il faut arrêter de penser qu’on pourra faire tout le programme, c'est impossible", s’agace Jean-François Naudet, professeur d’histoire-géographie au lycée Maurice Ravel et membre du syndicat Sud éducation, On ne peut pas enseigner dans ces conditions et faire comme si la situation était normale." Pour l’instant, le gouvernement n’a rien prévu sur un possible allègement des programmes scolaires. "Un allègement qui serait très difficile à mettre en place", estime Jean-Rémi Girard, président du Syndicat national des lycées et collèges (Snalc) car "chaque professeur avance à son rythme" et peut commencer par le chapitre qu’il souhaite.

Les enseignants souhaitent un report des épreuves de spécialité

Un retard dans le programme qui menace les épreuves de spécialité organisées en classe de terminale prévues du 15 au 17 mars. Au lieu de les reporter, le gouvernement a préféré les adapter. Les élèves auront ainsi le choix entre deux sujets, plutôt qu’un seul, afin de garantir "qu'ils seront interrogés sur des éléments effectivement étudiés dans le cadre du programme", a précisé Jean-Michel Blanquer. 

Une mesure insuffisante selon Jean-Rémi Girard qui souhaiterait le report de ces examens : "Les élèves ne seront pas suffisamment préparés. Or, ces épreuves sont très importantes puisqu’elles sont prises en compte lors des inscriptions sur la plateforme Parcoursup." En plus de définir l’orientation des élèves, ces contrôles comptent pour 32% de la note globale au baccalauréat.

Un contrôle continu peut favoriser les inégalités.
Jean-Rémi Girard, président du Snalc

Si la crise sanitaire n’a pas encore balayé les examens de spécialité, elle a eu raison des épreuves d’évaluation communes de première et de terminale qui compte pour 30% de la note finale du baccalauréat. Divisées en trois sessions, ces épreuves devaient commencer au mois de janvier- février. "Elles vont être remplacées par un contrôle continu ce qui peut favoriser les inégalités entre les différents étudiants en fonction de l’établissement où ils étudient", estime Jean-Rémi Girard. Parmi les matières concernées, l’histoire-géographie, les deux langues vivantes, la voie qui n’est pas poursuivie en terminale, les mathématiques pour la voie technologique ainsi que l’enseignement scientifique pour la voie générale.

En 2020, ces épreuves d’évaluation communes  avaient déjà été aménagées. Mais, cette année, le bac est-il en danger ? Jean-Rémi Girard refuse de céder à la panique : "L’année dernière, on a vu qu’il était possible de trouver des solutions. Deux choses restent primordiales : le bac ne doit défavoriser personne." Lui-même professeur de lettres dans un lycée à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), le président de la Snalc tente de rassurer ses élèves. "La semaine dernière, j’ai pris dix bonnes minutes pour leur expliquer les différentes mesures. On ne termina pas le programme mais notre objectif reste de les faire progresser ", conclut-t-il.


Audrey PARMENTIER

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