ÉDUCATION - Les parents étant de plus en plus soucieux de la réussite scolaire de leurs enfants, dès que les mauvaises notes s'accumulent sur leur bulletin, c'est la panique ! Faut-il pour autant miser sur du soutien scolaire alors que le premier trimestre n'est pas encore achevé ? Pour le savoir, nous avons interrogé Rodrigo Arenas, co-président de la FCPE.
De l'inquiétude au soutien scolaire, il n'y a souvent qu'un pas ! Selon le cabinet d'analyses Xerfi, ce marché pèse aujourd'hui près de 2 milliards d'euros en France. Et il devrait encore progresser d'ici à 2020, prédit l'institut. Avec désormais une composante de taille : les parents investissent dans les cours particuliers dès l'école primaire. "Cela commence en CE1-CE2, donc bien avant l'entrée en 6e", affirme Rodrigo Arenas, le co-président de la FCPE, la principale fédération de parents d'élèves. Et la finalité est toujours la même : obtenir de meilleurs résultats, d’où la promesse alléchante affichée par les uns et les autres d’un bond spectaculaire des notes.
"Il faut dire qu'on a mis une telle pression sur les parents, notamment sur le fait qu'il faut savoir lire, écrire et compter avant de rentrer au collège que, in fine, quand un enfant fait des fautes de français, c'est panique à bord", ironise-t-il. "Le problème, c'est que cette pression ciblée sur certaines disciplines occulte d'autres difficultés. "Quand on voit, par exemple, qu'un conseiller du ministre de l'Education nationale (Stanislas Dehaene, ndlr) s'extasie sur les cours Montessori, non pas parce que cela permet aux enfants d'être épanouis, mais juste parce qu'ils apprennent à lire à deux ans, cela pose question", souligne-t-il.
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En finir avec la "constante macabre"
Faut-il pour autant dégainer l'arme du soutien scolaire dès le retour des vacances de la Toussaint ? Rien n'est moins sûr pour le co-président de la FCPE. "Gare en effet à ne pas s'enfermer dans une équation entre difficultés scolaires et cours particuliers. Dans certains cas, ceux-ci peuvent être la juste réponse et aider un élève à remonter la pente. Mais dans d'autres cas, ils viendront alourdir inutilement des emplois du temps déjà chargés", prévient-il. "Et faire travailler les enfants davantage quand vous n'avez pas la bonne méthode, des problèmes à la maison, ou un enfant qui ne s'intéresse pas à une matière - ce qui est son droit - , vous allez traiter la difficulté en mettant au centre la compétence recherchée et non l'enfant".
Selon lui, il faut donc arrêter d'être totalement obnubilé par les notes. Et pour éclairer son propos, Rodrigo Arenas revient sur une expérience menée par des sociologues aux Etats-Unis : "Les très bons élèves ont été rassemblés dans une classe et les moins bons dans une autre. Puis on a dit au professeur qui devait gérer les bons éléments que c'était les mauvais, et inversement, raconte-t-il. Et bien, à la fin de l'année, les proportions de bonnes et de mauvaises notes étaient les mêmes dans les deux classes. Cela montre que les enseignants s'arrangent toujours, sous la pression de la société, pour mettre un certain pourcentage de mauvaises notes. C'est ce qu'on appelle la 'constante macabre'. Résultat, les parents s'inquiètent, à juste titre, et vont chercher des solutions auprès d'organismes, qui leur coûtent parfois très cher, uniquement pour remettre les enfants dans des systèmes d'évaluation que nous connaissons et qui nous rassurent".
Comprendre la difficulté
Or, sans un travail de fond sur les méthodes et la confiance en soi, il est peu probable de voir s'enchaîner les bons résultats. Premier conseil : "Il faut comprendre d'où viennent les difficultés de votre enfant avant de mettre en place des cours particuliers. D'autant que les causes peuvent être multiples. Et ne pas hésiter à demander l'avis d'un professionnel pour savoir pourquoi ses notes sont en baisse, insiste le co-président de la FCPE. Car il n'y a pas de solutions magiques. Ce n'est pas parce que vous allez lui donner 40 heures de soutien scolaire que, tout à coup, il va devenir un super bon élève".
Ensuite, si votre enfant a besoin d'être aidé, il faut pouvoir s'y retrouver entre les cours particuliers à domicile et les stages de remise à niveau à l'école. "Tout le monde établit en effet le même constat des difficultés. Mais personne n'apporte le même remède, rappelle Rodrigo Arenas. En primaire, par exemple, les dispositifs d'accompagnement mis en place par l'Education nationale dépendent des communes. Donc il peut y avoir une vraie inégalité entre élèves. Quant aux cours particuliers ou aux livrets de révision en tout genre, il faut que les parents aient les moyens financiers pour se tourner vers ces aides. Et l'on sait que c'est devenu un vrai business qui brasse des millions d'euros". Pour notre parent d'élèves, il serait donc beaucoup plus efficace d'avoir un système d'accompagnement général et universel pour les enfants, et non de multiples dispositifs qui dépendent de la ville, de l'école ou encore du revenu des parents.