LANGAGE - Une coach en orthographe a imaginé près de 500 astuces pour aider tout un chacun à s'améliorer. Une méthode qui a fait ses preuves.
"L'orthographe, c'est une forme de respect et de politesse vis-à-vis de ses interlocuteurs". Philippe Vidal, président de Vidal Associates, un cabinet de recrutement et de conseil en ressources humaines, rappelle l'importance de bien écrire. Selon un sondage OpinionWay pour Bescherelle publié l'an dernier, 92% des DRH estiment en effet qu'une mauvaise expression écrite des salariés peut avoir un impact sur l'image de leur entreprise. La moitié d'entre eux juge même que le niveau en orthographe a pu jouer dans la mise à l'écart d'une candidature au moment d'un recrutement.
L'origine de ce problème devenu récurrent remonte, bien souvent, à l'école. Ainsi, sur une même dictée de CM2, on constate que près d'un tiers des élèves des années 80 réalisait moins de six fautes, contre 8% en 2020, soit quatre fois moins. C'est dû au fait que les enfants lisent de moins en moins et aux mauvaises habitudes données par les smartphones. Surtout, l'orthographe est moins enseignée. "Il y a une cinquantaine d'années, 40% du temps scolaire était consacré à l'orthographe. Nous sommes passés à 10% aujourd'hui. Tout d'abord car il y a bien plus de choses à enseigner qu'avant, donc moins de temps. Ensuite, parce qu'on a considéré que l'orthographe accroissait les inégalités", pose Alain Bentilola, linguiste et professeur à l'université Paris-Descartes.
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Les fautes d'orthographe ne sont toutefois pas une fatalité. Des moyens mnémotechniques (oui, avec un "n") existent depuis bien longtemps, comme celui indiquant que "mourir ne prend qu'un 'r' parce qu'on ne meurt qu'une fois". Sur cette base, Anne-Marie Gaignard, auteure et coach en orthographe, qui avait elle-même souffert de dysorthographie dans son enfance, a créé une méthode innovante, qu'elle décrit ainsi : "Il suffit d'écrire une histoire avec des mots commençant ou finissant tous de la même manière. Et une fois qu'on a l'histoire, on peut écrire les mots sans plus jamais se tromper. C'est imparable."
Le cheval et le toucher
Exemple concret, à partir... d'un cheval. "Avec un cheval, je suis capable d'écrire tous les verbes se terminant par '-otter' et de ne plus les confondre avec ceux qui se terminent en -oter", développe Anne-Marie Gaignard. Qui poursuit sa démonstration avec ladite histoire : "Avant de monter à cheval, on va commencer par le frotter. Ensuite, il faut s'équiper, alors on va se culotter, puis se mettre une paire de bottes, donc se botter. Une fois sur le cheval, on va lui demander de trotter. Et peut-être qu'à la fin, il pourra crotter." Manière de rappeler que cheval n'est pas un nom propre ?
Il s'agit, en tout cas, seulement de l'une des 500 astuces trouvées par Anne-Marie Gaignard, qui améliore aussi, à travers sa méthode, l'orthographe par... le geste. Ainsi, pour savoir si un nom féminin se termine par "-é" ou "-ée", elle distille ce conseil : "Si on peut toucher la chose ou l'objet dont on parle, la terminaison sera de toute façon '-ée'. Toujours. On peut toucher, par exemple, une bouée, une poignée, une cheminée. En revanche, vous ne pourrez jamais toucher la vérité. Et encore moins la célébrité." Mais on peut éventuellement s'en approcher...
Quoi qu'il en soit, cette règle, comme tant d'autres dans notre langue, a ses exceptions : si un nom féminin exprime une durée, comme le mot "journée", ou "durée" lui-même, il se termine en "-ée" bien qu'on ne puisse la toucher. On y revient toujours : l'orthographe est avant tout un devoir de mémoire.