ENQUÊTE - Un ex-salarié du MoDem accuse le mouvement de l'avoir fait travailler alors qu'il était en partie salarié par le Parlement européen, en 2011. La justice a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête préliminaire.
L'ex-député européen MoDem Jean-Luc Bennahmias a-t-il fait usage, dans le cadre de son activité au Parlement européen, d'un emploi fictif pour rémunérer en tant qu'assistant parlementaire un employé du mouvement présidé par François Bayrou ? Dénonçant "l'opacité [...] de la prise en charge des salaires" au MoDem, un ex-salarié du parti resté anonyme, a indiqué au parquet de Paris "n'avoir jamais travaillé pour lui en particulier". Pire encore, il ajoute dans son courrier n'avoir "jamais mis les pieds" dans la circonscription de l'élu, sise à Marseille, ou au Parlement européen.
Un signalement qui a conduit, vendredi, le parquet de Paris à annoncer l'ouverture d'une enquête préliminaire.
Bennahmias se défend
D'abord discret, Jean-Luc Bennahmias, élu au Parlement entre 2004 et 2014, sous les couleurs des Verts puis du MoDem, a réagi auprès de plusieurs médias. Après avoir eu quelques difficultés à se souvenir de la mission précise, l'ancien candidat à la primaire de la Belle alliance populaire s'est montré ferme, sur France Info le 9 juin, assurant : "Je peux affirmer qu'on a travaillé ensemble. Il s'occupait du site web du MoDem. [...] Pendant les onze mois où je l'ai payé (de fin 2010 à fin 2011, ndlr), à temps très partiel, il répercutait toutes les actions européennes que je faisais. [...] Il y avait emploi réel. C'est nickel."
Des positions contradictoires, qui viennent épaissir les accusations formulées par l'ex-membre du parti Corinne Lepage, et auxquelles s'ajoutent les révélations de France Info, selon lesquelles une dizaine de salariés du siège du parti exerçaient aussi des fonctions d'assistants au Parlement européen, pour le compte du MoDem. Invité à réagir, le mouvement créé par François Bayrou, allié au parti présidentiel La République en marche dans le cadre des élections législatives, s'est défendu de toute action illégale : "Le MoDem a respecté toutes les règles et toutes les obligations d'un employeur."
Le FN n'est pas le seul à avoir des ennuis
L'affaire éclate alors qu'une autre ténor du MoDem, la ministre Marielle de Sarnez, fait l'objet, comme 19 autres eurodéputés, d'une enquête préliminaire pour abus de confiance, dans des cas similaires. Une procédure ouverte après un signalement effectué par l'élue FN du Parlement européen Sophie Montel, elle-même inquiétée par la justice dans une autre histoire d'emplois présumés fictifs.
Un Front national qui boit du petit lait, se servant de l'histoire pour s'en prendre à Emmanuel Macron et à l'exécutif, alors que François Bayrou doit porter son projet de loi de moralisation de la vie publique, que le poste de Marielle de Sarnez est en danger du fait de son engagement aux législatives. Son vice-président Florian Philippot a aussitôt dégainé un tweet pour fustiger le "deux poids, deux mesures" de l'instance chargée de statuer sur l'activité des assistants parlementaires. L'affaire n'en est qu'à ses débuts, mais elle a tout de même fait réagir Edouard Philippe, le Premier ministre estimant, sur Europe 1, que la position de François Bayrou n'était pas "fragilisée".
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