Comment Manuel Valls s'est retrouvé candidat "sans étiquette" dans l'Essonne

Publié le 16 mai 2017 à 17h56, mis à jour le 16 mai 2017 à 18h40
Comment Manuel Valls s'est retrouvé candidat "sans étiquette" dans l'Essonne

SOLITAIRE - Manuel Valls est candidat pour les législatives dans la 1re circonscription de l'Essonne, où il est élu depuis 2002. Pour cette quatrième candidature, l'ancien Premier ministre ne pourra se reposer que sur son nom. Ni le PS, ni La République en marche d'Emmanuel Macron ne l'ont investi. Comment en est-il arrivé là ? Petit récap'.

Il était le Premier ministre de la France il y a encore six mois. Une campagne et une élection présidentielle plus tard, Manuel Valls est certes candidat dans la circonscription où il est élu sans discontinuer depuis 2002, mais sans investiture du PS, ni de La République en marche, le mouvement du président Emmanuel Macron. "Sans étiquette", avec son seul nom pour séduire les habitants de cette 1re circonscription de l'Essonne qui compte notamment Evry, ville dont il était maire. Comment en est-on arrivé là ?

Il ressort très isolé de la campagne présidentielle

Manuel Valls a quitté Matignon le 6 décembre 2016 avec une ambition très claire : bénéficier de l'abandon de François Hollande pour devenir le candidat socialiste à l'élection présidentielle. On connaît la suite : une campagne très compliquée pour l'ancien Premier ministre, seul à vouloir défendre le bilan du quinquennat écoulé, et l'échec cuisant face à Benoît Hamon au second tour de la primaire citoyenne. 

Défait, Manuel Valls n'en est pas resté là. Alors que la campagne de Benoît Hamon plongeait à son tour, l'ancien chef du gouvernement a refusé d'épauler le député des Yvelines, en contradiction avec les engagements pris par les candidats à la primaire. Une position qui lui a valu de nombreuses critiques au sein du PS, en particulier des soutiens de Benoît Hamon et de Martine Aubry, sur le thème de la "trahison". Mais, fin mars 2017, il est allé plus loin, annonçant qu'il voterait personnellement pour Emmanuel Macron. Cette prise de position lui a valu le déclenchement d'une procédure d'exclusion et les critiques de ses propres camarades au PS, à l'instar du député Luc Carvounas. 

Yannick Jadot : "Manuel Valls a été assez lamentable, il a été le saboteur n°1 de la campagne de Benoît Hamon"Source : Sujet JT LCI
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Valls, une épine dans le pied pour Emmanuel Macron

Pour passer d'un camp à l'autre, il vaut mieux que le nouvel hôte se montre accueillant. Ce n'est pas exactement ce qu'il s'est passé pour Manuel Valls. En témoignent les remerciements plutôt discrets d'Emmanuel Macron lorsque l'ancien Premier ministre avait annoncé qu'il voterait pour lui avant le premier tour. En témoigne, surtout, l'accueil glacial réservé par La République en marche lorsque l'ex-Premier ministre a annoncé qu'il se présenterait aux législatives sous ses couleurs

Trois raisons expliquent ce rejet : d'abord, la rivalité entre Emmanuel Macron et Manuel Valls et cette élection présidentielle qui a sonné l'heure de la revanche pour le premier. Ensuite, le fait que Manuel Valls est dépositaire du bilan de François Hollande, dont le nouveau président veut absolument se libérer. Enfin, le fait que l'ancien chef de gouvernement socialiste ne remplissait tout simplement pas les critères d'investiture fixés par La République en marche, avec une quatrième candidature en vue quand la limite est fixée à trois mandats. Conscients du fait qu'il n'était pas opportun d'humilier un ancien Premier ministre qui leur avait apporté son soutien, Emmanuel Macron et ses proches ont donc trouvé cette voie médiane, qui consistait à lui refuser l'investiture En Marche, sans pour autant investir un concurrent dans sa circonscription. 

Richard Ferrand sur la non-investiture de VallsSource : Sujet JT LCI
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Le PS tente de sauver les meubles

La situation est encore plus compliquée au Parti socialiste, déchiré entre son aile gauche, son aile droite restée fidèle et son aile droite partie travailler avec Emmanuel Macron. Pour l'ensemble des candidats socialistes roulant pour La République en marche, soit au total 18 députés concernés, le parti a annoncé mardi qu'il allait "désinvestir" ceux qui étaient investis par le PS et désigner de nouveaux candidats qui les affronteront dans les circonscriptions concernées. 

Mais pas dans certains cas, dont celui de Manuel Valls. Le député Christophe Borgel, en charge des élections au PS, a indiqué mardi matin que le PS n'investirait pas non plus l'ancien Premier ministre, mais qu'il ne lui opposerait aucun candidat. Une manière, là encore, d'éviter d'humilier celui qui a tout de même réuni plus de 41 % des voix à la primaire socialiste, au moment où le parti se délite. Et d'éviter accessoirement à la gauche de précipiter la perte d'une cirsconscription au terme d'un duel fratricide. 

Manuel Valls sera donc candidat "sans étiquette" dans son fief. En l'absence d'opposant socialiste ou macroniste, il affrontera au moins six candidats, dont le chanteur Francis Lalanne, investi par le Mouvement 100 %. Rien n'est joué : à Evry, au premier tour de la présidentielle, c'est la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui est arrivée largement en tête du scrutin, avec plus de 34 % des voix. 

Mais Manuel Valls peut se rassurer en écoutant les bons conseils de son ancien patron, François Hollande. "Dans sa circonscription, il est populaire", aurait assuré ce dernier, selon des propos rapportés dans Le Canard Enchaîné à paraître mercredi. "Il n'a pas besoin de partir à la recherche d'une étiquette. Il peut y aller sous ses propres couleurs". Avant d'ajouter, sous forme de blague : "Il lui suffirait de dire dans sa campagne 'Je suis Manuel Valls, point'. Moi, je trouve ça bien, Manuel Valls, point."


Vincent MICHELON

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