"2017 Le Débat" : quelles stratégies pour Marine Le Pen et Emmanuel Macron ?

Publié le 3 mai 2017 à 13h30, mis à jour le 3 mai 2017 à 14h24
"2017 Le Débat" : quelles stratégies pour Marine Le Pen et Emmanuel Macron ?

MOMENT CLE - Marine Le Pen et Emmanuel Macron débattront sur TF1 et France 2 ce mercredi 3 mai, à quatre jours du second tour. Depuis le début de la campagne d'entre-deux tours, les finalistes de la présidentielle ont dévoilé un peu de leur stratégie. Voici ce que l'on peut en retenir.

La confrontation s'annonce musclée. Ce mercredi 3 mai, Marine Le Pen et Emmanuel Macron sur retrouveront sur le plateau de "2017, Le Débat" sur TF1 et  France 2 pour le fameux débat présidentiel de l'entre-deux tours, à quatre jours du scrutin. Au-delà de la joute oratoire, ce qui retiendra probablement l'attention est l'opposition frontale entre leurs projets, sur l'Europe ou encore leur vision de la société. 

Depuis le lendemain du premier tour, la campagne très offensive de Marine Le Pen et la stratégie d'Emmanuel Macron visant à répliquer coup pour coup donner une première idée de ce que pourrait être leur rencontre audiovisuel. Une moment inédit puisque, Jacques Chirac ayant décliné son duel face à Jean-Marie Le Pen en 2002, c'est bien la première fois qu'un candidat FN y participe. 

Enfiler les gants de boxe

Si le débat est fidèle au début de la campagne d'entre-deux tours, les deux candidats ne devraient pas esquiver les coups de l'adversaire. Marine Le Pen, deux jours après le premier tour, a donné le ton lors de son passage sur TF1, désignant son adversaire comme un "trader des salles de marchés" et comme le candidat "des communautaristes". Elle a confirmé cette attaque véhémente durant son meeting jeudi soir à Nice en réservant à son adversaire un bon quart de son discours : 

Marine Le Pen à Nice : pilonnage de Macron sur scène, dérapage en tribuneSource : JT 13h Semaine

Emmanuel Macron a toutes les qualités pour être un bon banquier d'affaires. Il a l'insensibilité qu'il faut à ce métier
Marine Le Pen

Depuis, il n'est plus un jour sans que la candidate ne présente son concurrent comme le candidat "de la finance" ou le "candidat du système". Le 1er mai, à Villepinte, elle s'est amusée à paraphraser le discours tenu par François Hollande au Bourget en 2012 - "Mon ennemi, c'est la finance" - en désignant Emmanuel Macron. 

Se préparer à rendre coup pour coup

Face à la campagne tonitruante de son adversaire, qui promet à ses soutiens de "décryter le Macron dans le texte, en montrant comme son programme est destructeur pour notre pays", l'intéressé a mis du temps à dégaîner. Il aura fallu l'épisode Whirlpool, mardi, lorsque Marine Le Pen l'a pris de vitesse en se rendant sur le piquet de grève des salariés de l'usine d'Amiens, pour prendre conscience de l'urgence à répliquer à son opposante. 

Depuis, donc, le candidat d'En Marche répond systématiquement aux attaques. Comme jeudi soir sur son passé de banquier - "J'ai l'expérience du secteur privé... Madame Le Pen ne l'a pas, elle n'a que celle du monde politique" -, ou sur Whirpool - "Elle fait un coup de communication en venant sur un parking. Je suis celui qui défend les intérêts de ceux qui travaillent". Alors que l'abstention de cesse de croître chez les électeurs de gauche, Emmanuel Macron est appelé par certains de ses partisans à hausser encore le ton. Ce qu'il a fait le 1er mai, lors de son meeting à La Villette puis au JT de TF1. 

Montrer que tout les oppose

Avec des projets aussi éloignés, les deux candidats auront à coeur de montrer leur antagonisme. "Monsieur Macron est notre antithèse parfaite. Le choix pour cette élection est clair et c'est formidable, enthousiasmant", clamait-elle jeudi soir à Nice. Et, encore plus simplement : 

Ce projet est un référendum pour ou contre la France
Marine Le Pen

Marine Le Pen à Nice : "Monsieur Macron est notre antithèse parfaite"Source : Sujet JT LCI
Cette vidéo n'est plus disponible

Même effort pour Emmanuel Macron, qui résumait ainsi, sur TF1, la bataille pour le second tour : "D'une part, les progressistes, d'autre part les nationalistes". Le débat du 3 mai devrait, sur ce plan, leur donner l'occasion de clarifier leurs conceptions du "patriotisme", chacun d'eux s'attribuant cette qualité. 

Lorgner les nombreux indécis

Marine Le Pen, qui n'a d'autre choix que d'élargir son électorat pour espérer remonter l'écart avec son rival, lorgne du côté des autres candidats du premier tour. A ceux de François Fillon, dont le tiers envisagerait déjà de se tourner vers elle, elle jouera la partition de l'identité nationale, de la "culture française" et de l'amour de la patrie, qu'elle défendait lundi en plagiant des pans entiers d'un discours tenu le 15 avril par François Fillon sur le thème de l'identité. Aux Insoumis de Jean-Luc Mélenchon, elle rappellera qu'elle est pour l'embauche de fonctionnaires, le retour à la retraite à 60 ans et la hausse du minimum vieillesse. Elle leur a d'ailleurs dédié une vidéo, chantant les louanges de Jean-Luc Mélenchon qui a "mené une campagne de premier tour respectable" et les appelant à "faire barrage à Emmanuel Macron"

Emmanuel Macron fera de même. "Est-ce la France du général de Gaulle ?", demandait-il jeudi dernier aux électeurs de François Fillon, à propos du projet de Marine Le Pen. Puis, à l'attention des soutiens de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon, il parle écologie, et réforme des institutions : "J'ai besoin d'avoir un maximum de force pour aller au bout de la refondation politique. Je sais bien qu'ils ne partagent pas les réformes que je défends. Mais la règle du second tour c'est que vous vous exprimiez pour celui dont vous êtes le plus proche". Ou le moins éloigné, c'est selon. 

Etre le plus rassembleur

Malgré cette opposition frontale, la subtilité de l'exercice consiste, paradoxalement, à montrer que l'on est capable de rassembler le plus grand nombre de Français. Marine Le Pen jurait jeudi qu'elle parlait "à tous les Français". "Je ne fais aucune exception. Je ne regarde pas votre origine, votre religion, votre couleur de peau. Ce qui m'intéresse, c'est vous." Précisément, son slogan de second tour est "Choisir la France". 

Emmanuel Macron, lui, jouait les magnanimes au même moment sur TF1. "J'admire toujours quelque chose dans l'autre", assurait-il à propos de sa rivale. "Marine Le Pen a une part d'humanité. Elle a une détermination. Elle n'a pas compris que j'étais encore plus déterminé qu'elle..." Son slogan, au fait ? "Ensemble, la France", tout simplement.

Ce que Macron admire de Le PenSource : Sujet JT LCI
Cette vidéo n'est plus disponible

Suivez toute l’actualité sur notre page dédiée à l’élection présidentielle. 

Découvrez comment votre commune a voté sur nos pages résultats de l’élection présidentielle.


Vincent MICHELON

Tout
TF1 Info