RECONVERSION - "Discret" mais "attentif et vigilant" aux soubresauts de l'actualité politique depuis son départ de l'Elysée, le 14 mai, François Hollande doit rompre le silence vendredi soir avec un premier discours sur le thème de sa l'engagement. L'ancien président, qui a lancé sa fondation "La France s'engage", a-t-il pour autant renoncé à un destin politique ? "Il y a d'autres formes que l'action politique pour participer au débat public", a -t-il expliqué en arrivant à Arles.
Quel est l’avenir de François Hollande deux mois après l'élection de son successeur Emmanuel Macron ? L'ancien président de la République, dont la parole est restée rare jusqu'à présent -il a publié un communiqué, quelques tweets et donné une interview à la presse régionale- s'exprime ce vendredi soir au théâtre antique d'Arles (Bouches-du-Rhône), dans le cadre de la 3e édition du sommet d'été des "Napoleons", communauté d'acteurs de l'innovation. Il y présentera sa fondation, "La France s'engage".
Lors de son dernier déplacement officiel dans le cadre de ses fonctions, en Asie du Sud-Est, à la fin du mois de mars, l'ancien président de la République s’était confié à quelques journalistes sur son avenir. À la question de savoir ce qu'il ferait le jour d’après, François Hollande avait répondu : "Il n'y a pas de retraite", "pas de plan" mais "autre chose" et cette "autre chose" dépend "beaucoup du pays lui-même, de ce qu'il y a comme possibilité de faire pour lui, pour moi". Il l’assurait : "Je ne sais pas ce que je vais faire" mais "je ne sais ce que je ne vais pas faire". Contrairement à son prédécesseur Nicolas Sarkozy, il ne veut notamment pas se lancer dans les affaires ou endosser un poste dans une entreprise privée.
Mais alors, que va-t-il faire ? Le premier a avoir vendu la mèche, c’est son ami et directeur de l’Assistance publique–Hôpitaux de Paris (AP-HP) Martin Hirsch qui avait annoncé le lancement de cette fondation reconnue d’utilité publique par un décret en mars dernier. La fondation, créée en 2014 par François Hollande et Patrick Kanner, est d'ailleurs actuellement dirigée par interim par Martin Hirsch. Un directeur général, Jean Saslawky, a été nommé en avril. François Hollande devrait prendre ses fonctions de président bénévole au mois de septembre prochain. Cet engagement citoyen et non politique devrait lui laisser le temps de mener des activités en parallèle.
A-t-il tourné la page ?
Outre cette fondation, l'ancien président a-t-il d'autres projets plus politiques ? François Hollande se tient aussi "au courant" des péripéties de la refondation du parti, qui s'est doté le 8 juillet d'une nouvelle direction collégiale, même si "cela ne veut pas dire qu'il interfère", selon un proche. "C'est quand même Jean-Christophe Cambadélis (l'encore premier secrétaire, NDLR) qui a la main sur tout ça", note la sénatrice "hollandaise" Frédérique Espagnac.
"Il y a d'autres formes que l'action politique pour participer au débat public", a assuré l'ancien président en arrivant à Arles vendredi soir. Invoquant un "devoir de réserve" et de "retenue", il n'a pas souhaité commenter les premières semaines de présidence Macron. Tout en ajoutant quand même ce commentaire : "Le temps de la récolte arrive, on le voit bien. J'avais encore sous les yeux des statistiques sur les créations d'emploi au premier semestre". "Je considère que mon successeur doit avoir la liberté de pouvoir trouver son style, sa méthode, faire ses choix", a-t-il dit. "Je ne veux pas être dans cette période-là, pour l'instant, celui qui commente."
Et son avenir au PS ? Selon une secrétaire nationale citée par l'AFP, François Hollande souhaiterait voir Najat-Vallaud-Belkacem succéder à Jean-Christophe Cambadélis à la faveur d'un Congrès en 2018. L'ancien président de la République nourrit-il des ambitions personnelles pour la suite ? Pourrait-il songer à 2022 ? "Certains diront que c'est de la science-fiction, d'autres pourquoi pas, qu'autres qu'ils le souhaitent, je ne me prononce pas", dit Patrick Kanner, pour qui, au demeurant, il est "normal" que François Hollande "ne ferme pas la page". Il "n'a pas tourné la page de l'idée de la sociale-démocratie à la française", complète-t-il.
Un ancien secrétaire d'Etat l'assure: "François Hollande a vu Cambadélis et lui a dit: il n'y a pas de candidat social-démocrate, il en faut un, ce sera moi. Personne d'ici-là ne s'imposera". Une perspective pas du goût de tous les socialistes. "Il faut tourner la page", a déclaré vendredi sur France 2 Benoît Hamon, bien décidé lui à peser dans le jeu politique, malgré son piteux score à la présidentielle (6,3%). La page "est tournée", estime lui aussi le président du groupe Nouvelle Gauche (ex-PS) à l'Assemblée, Olivier Faure.
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