POLITIQUE - Organisé en début de semaine, le vote par correspondance des détenus a été dépouillé, au ministère de la Justice. Avec un taux de participation à 84,78%, ils ont porté le RN en tête, même si les listes de gauche sont, en cumulé, largement majoritaires.
Pour la première fois, une partie des détenus a voté à des élections par correspondance. Jusqu'à présent, ils ne pouvaient s'exprimer qu'avec une procuration ou s'ils obtenaient une autorisation de sortie le jour du vote. Ce vote inédit a été organisé de lundi à mercredi dans 165 des 188 établissements pénitentiaires de métropole et d'Outre-Mer. Le dépouillement des bulletins et la proclamation se sont déroulés au siège du ministère de la Justice, place Vendôme, les résultats seront donc rattachés au 1er arrondissement de Paris.
Sur les 5.184 détenus admis au vote, une partie a obtenu entre temps une libération ou un aménagement de peine et 4.915 étaient donc en capacité de le faire. Le nombre de suffrages exprimés s'établit à 4.053 (sur 4.413 votants). Résultat : le taux de participation s'est établi à 84,78% des suffrages exprimés.
La droite n'a pas la cote
La liste RN est arrivée en tête avec 956 voix, soit 23,6%, suivi de LFI (798 suffrages, 19,7%). Loin derrière, les listes LaRem (9%) et EELV (8,9%) sont au coude-à-coude. La liste de l'ex-candidat PS de la présidentielle Benoît Hamon (5,1%) se place en cinquième position, devant celles d'Urgence écologie et de Place publique.
Florian Philippot (Les Patriotes) et François Asselineau (UPR), deux partisans d'une sortie de la France de l'Union européenne, obtiennent respectivement 2,6% et 2,4%. Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) en recueille 2,3%. Les deux listes issues du mouvement des Gilets jaunes totalisent 120 voix, dont 102 pour la seule "Alliance jaune" menée par le chanteur Francis Lalanne (2,5%). Avec 77 suffrages, la liste Les Républicains n'arrive qu'en treizième position avec 1,9%.
Cinq fois plus de votants qu'aux dernières élections
Promesse d'Emmanuel Macron pour faciliter le vote des détenus qui n'ont pas été déchus de leurs droits civiques, cette nouvelle modalité a été introduite par la loi de programmation et de réforme pour la justice du 23 mars. Elle s'ajoute aux deux existantes, le vote par procuration ou lors d'une permission. Plus difficiles à mettre en oeuvre, elles ne se sont jamais traduites par des taux importants de participation.
Lors de la présidentielle de 2017, 809 détenus avaient pu faire une procuration pour voter et 200 s'étaient vu accorder une permission de sortir. Ils sont donc "cinq fois plus" nombreux à avoir voté par correspondance pour les européennes, s'est réjoui Stéphane Bredin, le directeur de l'Administration pénitentiaire, saluant le taux de participation "très encourageant".
"Le seul bémol" pour lui: près de 10.000 détenus - sur environ 50.000 ayant le droit de vote - avaient opté pour le vote par correspondance, mais près de la moitié n'étaient pas inscrits sur la liste d'une commune. "Il faut qu'on en ait plus", a-t-il estimé.
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"La question qui se pose, c'est la suite", a souligné François Korber, délégué général de l'association d'aide aux détenus Robin des lois, et militant pour le vote en détention depuis 2013. "Maintenant, on sait faire pour les scrutins nationaux à circonscription unique. C'est beaucoup plus complexe pour les autres, notamment pour les municipales", a commenté Stéphane Bredin.
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