Pourquoi l'affaire Fillon fait-elle plus de bruit que l'affaire Le Pen ?

Anaïs Condomines
Publié le 3 février 2017 à 17h15
Pourquoi l'affaire Fillon fait-elle plus de bruit que l'affaire Le Pen ?
Source : Montage AFP

SCANDALES - François Fillon n'est pas le seul à être concerné par une affaire d'emploi fictif présumé. Marine Le Pen est, elle aussi, inquiétée par la justice quant à la gestion de ses collaborateurs au Parlement européen. Un dossier qui est loin de déchaîner autant de passions que l'affaire François - Penelope Fillon. Elements d'explications.

Des deux scandales, il en est un qui passionne plus que l'autre. D'un côté, François Fillon et les soupçons d'emploi fictif qui pèsent sur son épouse depuis les révélations du Canard Enchaîné. De l'autre, Marine Le Pen sommée de rembourser près de 300.000 euros au Parlement européen, concernant les emplois présumés fictifs de deux de ses collaborateurs, dont son garde du corps. A la une des journaux, sur les plateaux TV et dans les discussions au café, c'est bien François Fillon qui est au centre de toutes les attentions. Depuis deux semaines, il est omniprésent. Et les déboires judiciaires de la présidente du Front national s'en font d'autant plus discrets. 

"Comme de l'eau sur les plumes d'un canard"

Mais pourquoi, au fond, ces deux affaires concernant chacune une personnalité politique de premier plan ne connaissent-elles pas la même résonnance ? Pour le savoir, nous avons demandé au politologue Thomas Guénolé. Il n'y a, affirme-t-il, "aucun risque que la campagne de Marine Le Pen ne s'écroule en cours de route" à cause de cette affaire d'emploi présumé fictif au Parlement européen. D'abord, parce que ses électeurs convaincus ne seraient pas du genre à trop croire ce qui est écrit dans la presse. "Les électeurs qui votent au Front national sont dans un rejet profond du système en général et d'une certaine élite représentée par les grands médias et ses éditorialistes." 

Résultat : "N'importe quelle accusation relayée dans ces médias glisse comme de l'eau sur les plumes d'un canard... De plus, on sait à présent que les Français s'informent de plus en plus par les réseaux sociaux (Ils étaient 17% en 2016 selon cette étude, ndlr). C'est aussi le cas pour les électeurs du FN, qui peuvent être tentés d'aller voir du côté de la fachosphère : or, il est évident que ces sources passent l'information par un filtre bien particulier."

"Triple rupture de l'image"

Et puis en face, il y a François Fillon et le feuilleton médiatico-judiciaire qui n'en finit plus de compter ses rebondissements. Un emballement qui, selon Thomas Guénolé, est forcément lié aux thèmes de campagne du candidat de la droite, à savoir la valeur travail, le rejet de l'assistanat et la probité. "C'est une triple rupture de l'image", constate le politologue. "Il y a la réalité judiciaire d'un côté et le tribunal de l'opinion public de l'autre. Ce procès-là, François Fillon est en train de le perdre. Sa défense, en plus, est très mauvaise. Ses communiquants appliquent les méthodes américaines qui consistent à en faire des tonnes avec la famille soudée dans l'épreuve. Or, il est clair que cette image ne fonctionne pas en France." S'il n'est pas aidé par une défense cacophonique, donc, François Fillon bénéficiait peut-être aussi de davantage d'attentes. Qui pourraient tomber d'encore plus haut. 

François Fillon reprend sa campagne, un tract dénonce "une chasse à l’homme"Source : JT 13h Semaine
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Anaïs Condomines

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