VRAI/FAUX - Lors du premier débat de la primaire à droite, jeudi soir, certaines affirmations des candidats nous ont un peu interpellés. Une petite vérification s'impose.
En croisant le fer lors du premier débat de la primaire à droite, jeudi soir sur TF1 et LCI, les candidats se sont parfois laissé aller à quelques imprécisions, voire à des intox. L'occasion de faire un petit point.
Alain Juppé : "Le plein emploi existe dans d'autres pays, et même dans certaines régions françaises"
Alain Juppé a raison sur un point : il y a bien des pays qui connaissent le plein emploi, du moins au sens de l'Organisation internationale du travail qui fixe le taux de chômage d'un pays en plein emploi à moins de 5%. C'est le cas par exemple du Danemark (4.2%) ou de l'Islande (4.3%).
En revanche, l'affirmation sur les régions françaises ne correspond pas à la réalité. Prenons les statistiques de l'Insee sur le chômage par département au deuxième trimestre 2016 : aucun territoire n'affiche de taux de chômage inférieur ou égal à 5%. Le taux le plus faible se trouve dans le Cantal, avec 6.1%.
Bruno Le Maire : "Pour supprimer 100.000 emplois publics par an, il faut supprimer les emplois aidés et les emplois dans les ministères"
Va pour les fonctionnaires des ministères, qui ne devraient pas trop apprécier toutefois le plan de suppression de 500.000 fonctionnaires de Bruno Le Maire.
Mais pour ce qui est des emplois aidés, c'est plus compliqué. Le député a d'ailleurs été repris par Alain Juppé : "Supprimer 500.000 fonctionnaires, on n'y arrivera pas, sauf à compter dedans les emplois aidés, qui ne sont pas des fonctionnaires." En effet, les contrats aidés lancés depuis 2012 n'offrent pas le statut de fonctionnaire, puisqu'ils sont, par définition, contractuels. Sont-ils pour autant des emplois "publics" ? Oui, mais pas sûr que Bruno Le Maire puisse s'appuyer sur eux pour faire baisser les effectifs de la fonction publique. Les 325.000 emplois d'avenir ont été conclu pour une durée maximale de trois ans : bon nombre seront arrivés à leur terme avant même que Bruno Le Maire ne décide de les supprimer.
Nicolas Sarkozy : "Depuis cinq ans, j'ai bénéficié de cinq non-lieux"
Régulièrement question sur les "affaires" dans lesquelles il est mis en cause, Nicolas Sarkozy offre systématiquement cette défense, dont il a usé à nouveau lors du débat. C'est à peine si Jean-François Copé l'a repris par la suite, évoquant une "mise en examen" de l'ancien chef de l'Etat.
En réalité, s'il y a eu des non-lieux, c'est dans l'enquête sur des voyages en jet de Nicolas Sarkozy payés par un proche et dans l'affaire Bettencourt. Dans l'affaire Karachi et dans l'enquête sur les pénalités de la campagne 2012 payées par l'UMP, Nicolas Sarkozy n'a pas été mis en cause personnellement. Dans l'affaire Bygmalion, Nicolas Sarkozy a en revanche été mis en examen et le parquet a requis début septembre son renvoi devant le tribunal correctionnel. Dans l'affaire des "écoutes", Nicolas Sarkozy est mis en examen pour trafic d'influence actif, corruption active et recel de violation de secret professionnel.
Nathalie Kosciusko-Morizet : "Je suis favorable à la dépénalisation du cannabis"
La député de l'Essonne aurait pu rajouter : depuis peu. Elle avait reconnu il y a quelques jours avoir évolué sur le sujet, estimant que la question de santé publique méritait un débat. En réalité, elle a plus qu'évolué.
"En l'état, je ne suis pas pour", disait-elle ainsi sur LCI en avril dernier, réagissant à des propos du ministre socialiste Jean-Marie Le Guen, favorable de longue date à la dépénalisation. Que pensait-elle plus généralement de ce débat à l'époque ? "Un débat dérivatif, un peu médiocre."
Jean-François Copé : "Nicolas Sarkozy a oublié qu'en 2007, il était contre le référendum après une élection" - "C'est faux", répond Nicolas Sarkozy
Qui a raison, qui a tort ? En critiquant les propositions de Nicolas Sarkozy de soumettre deux référendums - sur le regroupement familial et les fichés S - après la présidentielle, Jean-François Copé a pris un malin plaisir à ressortir quelques archives.
Nicolas Sarkozy peut dire que c'est "faux". Mais avant son élection, en 2007, il déclarait :
Croyez-vous que, si je suis élu, je vais aussitôt dire aux Français : excusez-moi, j'ai besoin de vous demander votre avis sur un autre sujet ?
Nicolas Sarkozy dans L'Express, mars 2007
Puis, après son élection, dans son discours sur les institutions à Epinal, il avait évacué ainsi le sujet : "Il y a bien sûr le référendum, que le Général De Gaulle concevait comme une question de confiance posée aux Français par le chef de l'Etat. Mais il me semble que le référendum ne remplit plus ce rôle et que cela ne suffit pas."