Démonstrations de force, contre-vérités et couac : retour sur la première semaine de la nouvelle campagne de Fillon

Publié le 12 mars 2017 à 11h55
Démonstrations de force, contre-vérités et couac : retour sur la première semaine de la nouvelle campagne de Fillon

BILAN - Après des semaines de polémiques, François Fillon a remis tout le monde dans le rang en maintenant sa candidature à la présidentielle. Pourtant, cette nouvelle campagne ne se passe pas pour le moment comme prévu...

Dimanche 5 mars, François Fillon relançait avec un certain succès sa campagne, après un mois de polémiques autour des soupçons d’emplois fictifs de sa femme, Pénélope. Quelques dizaines de milliers de personnes étaient rassemblées sur la place du Trocadéro pour montrer à ses adversaires qu’il avait toujours le contrôle sur son parti malgré les tentatives de putsch en coulisses. Mais cette démonstration de force, ainsi que le ralliement de l'essentiel de ceux qui l'avaient quitté la semaine précédente, n'a pas fait de la première semaine de la nouvelle campagne de François Fillon un long fleuve tranquille. Retour sur une semaine de contre-vérités, de "fake news" et de couacs.

200.000 personnes rassemblées au Trocadéro ?

Comme souvent lorsqu’il s'agit d’une manifestation, les chiffres de la police et des organisateurs sont diamétralement opposés. Malgré la pluie battante qui tombait sur Paris le dimanche 5 mars, de nombreux militants avaient répondu à l’appel de François Fillon. A la tribune, son plus fidèle lieutenant et coordinateur de sa campagne, Bruno Retailleau, annonce que 200.000 personnes sont présentes. Un chiffre que reprendra François Fillon, à plusieurs reprises, le soir même lors de son interview au 20h de France 2.

Jacques DEMARTHON / AFP

Un chiffre dont l'improbabilité a été démontrée par un développeur, via une application de sa création. Il démontre que la place du Trocadéro et le début des rues avoisinantes peuvent accueillir environ 120.000 personnes maximum, à raison de... 7 personnes par m²… Fillon et ses équipes ont donc démarré leur campagne de reconquête par un "fait alternatif", à l'instar de Kellyanne Conway, la conseillère de Donald Trump.

Morning Glory - "Nous partîmes 40.000, nous nous vîmes 200.000 en arrivant au Trocadéro"Source : Quotidien

Le suicide de Pénélope Fillon

Mais le dimanche 5 mars était un grand jour pour les faits alternatifs. François Fillon en a fait la démonstration lors de son interview, le soir même, sur France 2. Le candidat LR a accusé des "chaînes de télévision" d'avoir "annoncé le suicide de [sa] femme" le mercredi 1er mars, alors qu'il venait de suspendre sa venue au salon de l'Agriculture. Au lieu de quoi, si les questions ont pullulé, si on a soulevé un problème d'ordre privé, le suicide de Penelope Fillon n'a jamais été évoqué.

Fillon : "On a annoncé le suicide de ma femme"Source : Sujet JT LCI
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Le fait divers sur le lancer de lames de rasoir sur les filles en jupe

Lors d’un discours prononcé le 8 mars, à l’occasion de la journée des droits des femmes, François Fillon a évoqué une anecdote très étrange. Selon lui, du temps où il était Premier ministre, un "jeu", qui consistait à lancer des lames de rasoir dans les jambes des filles qui portaient des jupes trop courtes, faisait fureur dans le Vaucluse. Ce "jeu" sordide lui aurait été raconté dans une lettre par une jeune fille originaire du département.

Je me souviens, lorsque j'étais Premier ministre, avoir un jour reçu une lettre d'une jeune fille qui habitait dans le Vaucluse. Elle m'expliquait que chez les garçons de son entourage, le jeu qui faisait fureur, c'était d'envoyer des lames de rasoir au lance-pierres dans les jambes des filles qui portaient des jupes courtes.
François Fillon au forum "Femmes avec Fillon", le 8 mars 2017

Passé totalement inaperçu le jour même, la phrase a été repérée le lendemain par Le Dauphiné Libéré et La Nouvelle Edition. Les deux médias ont donc cherché à en savoir plus sur ce "jeu" sordide. Le problème ? Personne ne semble être au courant de ce phénomène. Interrogés par Le Dauphiné Libéré, ni la direction départementale de la sécurité publique du Vaucluse, ni le directeur de son académie, ni même le groupement de gendarmerie du département n’ont l’air d’être au courant de ce "jeu". Il en va de même pour le sénateur LR du Vaucluse Alain Milon, fidèle supporter de François Fillon, qui n’a pas l’air au courant.

La Nouvelle Edition a de son côté contacté le siège de Les Républicains dans le Vaucluse. Comme les autres, les responsables n’ont jamais entendu parler d’une histoire comme celle-ci. De là à imaginer que François Fillon aurait inventé ce "jeu" sordide pour gagner du capital sympathie auprès de l’électorat féminin, la question est posée.

La caricature nauséabonde de Macron

Malgré une relance de campagne rondement menée, François Fillon a terminé sa semaine de reconquête par une polémique. Vendredi 10 mars, une caricature antisémite d’Emmanuel Macron a été publiée sur le compte Twitter de Les Républicains pour parler de "la vérité sur la galaxie Macron". Devant le tollé, il a été retiré et le secrétaire général de LR Bernard Accoyer a présenté ses excuses. "Conscient que la caricature d'Emmanuel Macron que le compte Twitter des Républicains avait diffusée et retirée sur les réseaux sociaux a pu être mal interprétée, je tiens, au nom de tous les Républicains, à présenter mes excuses à ceux qui ont pu être blessés ou choqués", a-t-il déclaré.

Une infographie de LR, à connotation antisémite, sur Emmanuel Macron crée la polémique.
Une infographie de LR, à connotation antisémite, sur Emmanuel Macron crée la polémique. - Capture Twitter

Des propos d’excuses mais pas de sanctions contre les responsables de la publication de cette caricature. Dans un souci d’apaisement (et probablement pour clore la polémique), François Fillon s’est insurgé dans un communiqué contre "une caricature inacceptable" qui "évoquait des dessins d'une époque sombre de notre histoire et véhiculait une idéologie contre laquelle je me suis toujours battu". Le candidat LR a appelé à ce que des sanctions soient prises en interne contre les responsables de cette caricature.


Antoine LLORCA

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