CHRONIQUE - Après avoir expliqué les programmes de Jean-Luc Mélenchon, François Fillon, Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Benoît Hamon, Hugo Travers décrypte cette semaine les propositions des "petits" candidats : Nicolas Dupont Aignan, François Asselineau, Jean Lassalle, Nathalie Arthaud, Philippe Poutou et Jacques Cheminade.
Arthaud, la voix des 'travailleurs'
Si elle considère être "la seule candidate communiste" de la course, la figure de proue de Lutte ouvrière se dit toutefois "complémentaire", "malgré des sensibilités différentes", avec l'autre trotskiste Philippe Poutou. Avec son discours radical, l'héritière d'Arlette Laguiller, agrégée d'économie, juge tous les autres candidats à la botte de la "grande bourgeoisie". "Je veux faire entendre le camp des travailleurs, l'intérêt des ouvriers, caissiers, cheminots...", lançait-elle lors du débat télévisé du 4 avril. Elle prône l'interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous avec augmentations de salaire, l'expropriation des banques. Avec Philippe Poutou, cette femme brune au visage volontaire de 47 ans, portant cheveux courts et lunettes, est la seule à exercer un métier parallèlement à ses fonctions politiques. Elle est professeur d'économie et de gestion au Lycée Le Corbusier à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. En 2012, Nathalie Arthaud avait obtenu 0,56% des voix.
Asselineau, le 'Frexit'
Candidat inattendu, François Asselineau, 59 ans, mène campagne avant tout sur le web et par voie d'affiches avec son projet de sortie de l'Union européenne - le Frexit -, de l'euro et de l'Otan. Diplômé d'HEC et de l'ENA, fondateur en 2007 de l'Union populaire républicaine (UPR), un petit parti peu connu, il se décrit comme le défenseur de "la libération nationale", un "souverainiste" que certains politologues placent aux lisières de l'extrême droite. Cet ancien proche de Charles Pasqua souhaite adapter aux conditions de 2017 le programme du Conseil national de la Résistance de 1944, et "transcender le clivage gauche-droite". Selon Rudy Reichstadt, fondateur du site Conspiracy Watch, François Asselineau "surfe allègrement sur les théories du complot", en propageant des thèses qui mêlent "le vrai et l'invérifiable". Il affirme notamment que Robert Schuman, cofondateur de l'Union européenne, était en réalité un agent de la CIA.
Cheminade, contre 'l'occupation financière'
Vingt-deux ans après une première candidature, Jacques Cheminade est, à 75 ans, le senior de cette compétition et le seul à y participer pour la troisième fois. Cet énarque, ancien haut fonctionnaire, souverainiste et europhobe, qui se dit "gaulliste de gauche" et "adversaire du monde de la finance", se targue d'avoir vu venir la crise financière de 2008 avant l'heure. Il prône un "nouveau Bretton Woods" pour redessiner le système financier international et une séparation entre banques de détail et banques d'affaires. Son mouvement "Solidarité et Progrès" a succédé au POE (Parti ouvrier européen), émanation d'un groupuscule américain d'extrême droite, fondé par le milliardaire controversé Lyndon LaRouche, une personnalité dont il dit "s'inspirer". En 2012, Jacques Cheminade avait atteint 0,25% des voix. En 1995 (0,28%), il avait vu ses comptes de campagne invalidés par le Conseil constitutionnel.
Lassalle, le 'candidat-berger'
Sa carrure de rugbyman, sa voix rocailleuse au fort accent du Sud-Ouest et son esprit parfois sinueux font de Jean Lassalle, 61 ans, un candidat atypique, persuadé qu'il sera le prochain locataire de l'Elysée. Elu pour la première fois en 1977 maire de sa commune natale de 150 habitants dans la vallée d'Aspe, Lourdios-Ichère, le "candidat-berger", député centriste depuis quinze ans des Pyrénées-Atlantiques, a su marquer les archives médiatiques grâce à son tour de France à pied - 5.000 kilomètres en 2013 - et sa grève de la faim de 39 jours en 2006 pour protester contre la délocalisation d'une usine de sa région. Président, l'ancien "frère" de François Bayrou veut présenter aux Français un "nouveau contrat social", avec comme priorités: les campagnes, qui deviendraient "grande cause nationale", le monde agricole et la défense des services publics. Il veut renforcer les pouvoirs des maires.
Poutou, le 'candidat-ouvrier'
A 50 ans, le militant trotskiste se veut, pour sa deuxième tentative, le candidat de la "convergence des luttes sociales" contre les "idées réactionnaires et les politiques d'austérité". "Candidat-ouvrier" travaillant comme réparateur de machines-outils de l'usine automobile Ford de Blanquefort, en Gironde, il avait eu la délicate tâche en 2012 de succéder au populaire "candidat-facteur" Olivier Besancenot. Il avait alors récolté 1,15% des voix. Lors du débat télévisé début avril, le candidat du Nouveau parti anticapitaliste a crevé l'écran en attaquant Marine Le Pen et François Fillon sur les affaires judiciaires, se faisant le porte-parole des Français qui ont un "travail normal". Avant d'asséner cette formule: "Quand on est convoqué par la police, nous n'avons pas d'immunité ouvrière, on y va!" Il souhaite interdire les licenciements, augmenter le Smic à 1.700 euros et baisser le temps de travail hebdomadaire à 32 heures.
Dupont-Aignan, le souverainiste qui croit en sa place
Candidat pour la seconde fois à une présidentielle cinq ans après ses 1,79% de 2012, Nicolas Dupont-Aignan, 56 ans, est un souverainiste qui croit dur comme fer en son espace politique, entre François Fillon et Marine Le Pen. Derrière son visage juvénile et ses airs de garçon sage, qu'il essaie souvent de corriger par un regard faussement dur, se cache un programme de rupture profonde: un euro devenu une "monnaie commune", avec un système de parités ajustables, une Union européenne radicalement redimensionnée à quelques secteurs d'avenir... Un aboutissement logique pour celui qui avait pris le large de l'UMP en janvier 2007, deux ans après avoir défendu le "non" à la Constitution européenne de 2005, une date qui restera "le plus beau jour de ma vie politique", dit-il dans son livre "France, Lève-toi et marche".
Cet homme adepte du coup d'éclat n'en est pas à son coup d'essai: il a promis de "rouvrir le bagne de Cayenne" pour les jihadistes français --il préfère désormais les très isolées Kerguelen--; de "botter les fesses des fainéants, paresseux et profiteurs"; et il a accusé Emmanuel Macron, sa principale cible depuis l'été, de "prostitution politique"...
Il a flirté début 2017 avec la radicale théorie du "Grand remplacement" (les Africains et Maghrébins musulmans prendraient la place des Blancs chrétiens dans l'Hexagone) en vogue à l'extrême droite et chez des dirigeants FN... mais rejetée par Marine Le Pen. Ce grand écart n'empêche pas ce "gaulliste social" autoproclamé de vanter son visage "rassembleur" face à une Marine Le Pen "diviseuse" et au "dîner de cons" de la primaire à droite.
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