VIDÉO - Présidentielle 2017 : qui propose quoi pour les droits des femmes ?

par Claire CAMBIER
Publié le 8 mars 2017 à 11h37, mis à jour le 8 mars 2017 à 16h13
VIDÉO - Présidentielle 2017 : qui propose quoi pour les droits des femmes ?

JOURNEE DES DROITS DES FEMMES - L'égalité homme/femme est devenu un thème politique ... dépolitisé. Tous les partis s'en emparent et, campagne présidentielle oblige, les différents candidats l'ont intégré dans leurs projets. Mais que proposent-ils ? A l'occasion du 8 mars, LCI a fait le tour des programmes

8 mars, journée internationale des droits des femmes. Cette journée de lutte est l’occasion toute trouvée pour les candidats en campagne de mettre en avant les avancées qu’ils proposent pour améliorer l'égalité hommes/femmes. Car les disparités dépassent le clivage politique : impensable en 2017, à gauche comme à droite, de ne pas soulever cette question. 

Jean-Luc Mélenchon a donc inscrit cette journée dans son agenda : il se rendra dans un club de boxe féminin à Marseille, déjeunera avec des responsables d’associations et manifestera dans les rues de la ville. François Fillon détaillera, de son côté, ses propositions lors d’un "grand forum des femmes" organisé à son QG, pendant qu’Emmanuel Macron se rendra à l’événement organisé le collectif "Elles marchent", un sous-mouvement d’En Marche axé sur les femmes. Nicolas Dupont-Aignan a, lui, pris de l’avance et a présenté dès ce mardi "Debout les femmes", soit dix femmes engagées à ses côtés pour défendre la cause féminine. 

Si tous les candidats s’engagent, leurs propositions sont-elles ambitieuses ? Vont-elles dans le même sens ? Décryptage à travers quatre thématiques : la vie professionnelle, la vie personnelle et familiale, les violences faites aux femmes et la vie politique.

La vie professionnelle

Selon les derniers chiffres de l’INSEE, un homme gagne en moyenne 19% de plus qu’une femme. Un écart qui se creuse avec l’âge, car les emplois occupés deviennent de moins en moins "égaux". Une loi sanctionne d’ores et déjà cette inégalité salariale, mais les choses évoluent lentement. Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre du Droit des femmes, avait réalisé un pas en avant, en 2013, en renforçant les contrôles et les sanctions. Des entreprises ont ainsi été épinglées et ont dû payer de lourdes amendes, une première.

Benoît Hamon s’inscrit dans cette même lignée et propose de "renforcer les sanctions inscrites dans la loi", notamment grâce à la création d’"un corps de contrôle anti-discriminations". Une mesure également envisagée par Jean-Luc Mélenchon, par le biais d’inspecteurs du travail cette fois. Le candidat de "la France insoumise", tout comme ses rivaux François Fillon et Emmanuel Macron proposent aussi de favoriser les opérations de contrôle aléatoires et d’assurer que la fonction publique soit exemplaire. Dernière mesure souhaitée par Jean-Luc Mélenchon : "Etendre la loi aux entreprises de moins de 50 salariés", qui ne sont pour l’instant pas concernées par la mise en place d'un plan ou d'un accord d'entreprise, et accompagner les PME dans leurs plans de rattrapage des écarts.

Nicolas Dupont-Aignan préfère quant à lui la carotte au bâton et propose la création d’ "un label ‘F-H’ permettant un allégement de cotisations pour les entreprises respectant l’égalité salariale".

Dans ses 144 propositions détaillées sur 24 pages, Marine Le Pen reste quant à elle très floue sur ce qu’elle compte mettre en œuvre pour changer les choses et n’y consacre que … trois lignes. Sans détailler ses mesures, elle promet de mettre en place "un plan national pour l’égalité salariale femme/homme" et de "lutter contre la précarité professionnelle et sociale."

Les inégalités sont trop souvent liées au statut de mère dans lequel les femmes sont cantonnées. Les différents candidats se sont donc penchés sur des solutions pour concilier vie professionnelle et vie personnelle et surtout faire évoluer les mentalités.

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La vie personnelle et familiale

Le congé parental

Pas toujours facile de travailler tout en étant maman. La question du congé parental revient souvent sur le tapis. Pour réduire les inégalités entre les femmes, le candidat "En Marche" promet de mettre en place un congé de maternité unique, quel que soit le statut de la mère, et aligné sur le régime le plus avantageux c’est-à-dire celui des salariées (de 56 à 112 jours).

Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon préfèrent se focaliser sur la place des pères, essentielle pour une meilleure répartition des tâches. "J’alignerai le congé paternité sur le congé post-natal dont bénéficient les mères", avance ainsi le candidat socialiste. Jean-Luc Mélenchon renchérit en mettant en avant des congés parentaux de durée identique entre les parents.

Si Nicolas Dupont-Aignan ne fait aucune proposition pour modifier les congés parentaux, il indique vouloir instaurer "un droit à la formation" à la suite de ce congé "pour faciliter les évolutions professionnelles".

La garde d’enfants

Au-delà des congés parentaux, la question de la garde des enfants pose souvent problème. Manque de places en crèche, coût important, les difficultés sont multiples et poussent même parfois les femmes à arrêter leur activité. Un problème, quand ce n’est pas un choix. Une fois encore, les programmes de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon se rejoignent. Les deux candidats veulent mettre en place un "service public de la petite enfance".

Emmanuel Macron, propose de son côté, l’obligation pour les communes de "publier en ligne leurs critères d’attribution (des) places en crèche" et de "mettre en place un système de cotation des demandes". De nouvelles crèches seront également construites grâce au soutien de l’Etat.

François Fillon met un accent tout particulier sur la situation des mères isolées. Il désire leur confier un accès prioritaire aux crèches et compte également sur l’action des entreprises en offrant "des dispositifs incitatifs" pour celles qui créeraient des crèches en interne ou développeraient le télétravail. La fiscalité des particuliers serait également un levier. Le candidat LR  propose une "déduction fiscale ou une réduction des charges des gardes d’enfants".

Toujours dans le domaine de la fiscalité, le leader du mouvement "En Marche" opte pour "une option d’individualisation de l’impôt sur le revenu" pour rendre l’emploi plus attractif, notamment à temps partiel.

La PMA et la GPA

Tous s’accordent sur un point : l’interdiction de la gestation pour autrui (GPA). La procréation médicalement assistée (PMA) serait quant à elle étendue "aux femmes seules et aux couples homosexuels" si Benoît Hamon ou Jean-Luc Mélenchon arrivait au pouvoir.

Les violences faites aux femmes

Une femme sur sept (14,5 %) déclare avoir vécu au moins une forme d’agression sexuelle en 2016, selon l’Observatoire national des violences faites aux femmes.

L’aide aux victimes

Pour empêcher qu’une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son mari, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Dupont-Aignan et François Fillon veulent développer l’accès à un hébergement d’urgence pour les victimes. Le candidat de "Debout la France",  tout comme Emmanuel Macron, mise également sur la "généralisation du téléphone d’alerte", un dispositif déjà existant pour les femmes battues. 

Le dispositif pénal

On retrouve dans de nombreux programmes un durcissement de la loi : hausse des "amendes pour harcèlement" pour Emmanuel Macron, "peines planchers d’une implacable sévérité envers les auteurs de violences (…) faites aux femmes" pour Nicolas Dupont-Aignan, augmentation des délais de prescription en cas de viol pour Benoît Hamon et François Fillon voire la suppression de ces délais pour Jean-Luc Mélenchon . La situation est effectivement alarmante : en 2016, 62 000 femmes, âgées de 20 à 69 ans, ont déclaré avoir été victimes de viols ou de tentatives de viol, et elles sont nombreuses à ne pas porter plainte "à temps".

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La prévention

La question de l’éducation est évidemment au cœur de la prévention. "Un travail de pédagogie" doit être effectué dans les écoles selon François Fillon. Pour Jean-Luc Mélenchon, il doit effectivement toucher les plus jeunes, mais aussi l’ensemble du service public, des professeurs aux policiers en passant par les assistants sociaux. 

Enfin Marine Le Pen et François Fillon font un lien avec l’islamisme radical. Le candidat LR souhaite "supprimer les aides à toutes les associations qui ne respecte pas l’égalité homme/femme et la mixité", la présidente du FN va plus loin en supprimant "les aides aux associations de promotion de cultures extra-européennes et la ‘diversité’."  Les prêches en arabe seraient également interdits si l’un ou l’autre candidat gagnait la présidentielle. le président de "Debout la France" Nicolas Dupont-Aignan se garde bien de citer une religion spécifique mais  réclame "le bannissement de tous signes d’appartenance religieuse" dans les universités, hôpitaux et entreprises.

La vie politique

La France fait figure de mauvaise élève : nous sommes passés de la 36e place en juin 2012 à la 60e, quatre ans plus tard en terme de part des femmes au Parlement. Jean-Luc Mélenchon fait donc de la parité un de ses chevaux de bataille : parité totale de son assemblée constituante mais aussi des scrutins de liste des chambres. Une solution également prisée par Emmanuel Macron, qui ne lui assigne cependant pas d’obligation légale. Benoît Hamon et François Fillon proposent, quant à eux, d’augmenter les amendes en cas de non-respect de la loi actuelle. 

De récents scandales ont également mis en lumière le manque d’exemplarité de la classe politique en termes de violences faites aux femmes. Pour une fois Jean-Luc Mélenchon et François Fillon s’accordent : tout élu ou membre de l’exécutif coupable de harcèlement de d’agression sexuelle serait exclu de la sphère politique et rendu inéligible.

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