AU REVOIR - Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Cécile Duflot, Manuel Valls : ces derniers mois, la scène politique française a été bouleversée en profondeur avec le départ ou la défaite de plusieurs poids lourds.
C’est un phénomène que Jean-Luc Mélenchon se plaît à nommer la "pulsion dégagiste". Victimes des urnes ou de renoncements personnels, plusieurs poids lourds de la scène politique française ont en effet vu leurs ambitions contrariées ces derniers mois... et la fin de leur carrière politique arriver plus rapidement que prévue.
Alain Juppé, le favori perdu
Le maire de Bordeaux, tout d’abord, "présidentiable en puissance", que tout le monde ou presque voyait remporter confortablement la primaire de la droite, s’est heurté à la réalité des urnes face à un François Fillon que personne n’avait vu venir. Le choc est violent : 66,5% contre 33,5%. "Je n’ai eu qu’une vie de souffrance", dira l'ancien Premier ministre, quelques jours après la gifle." C’est mon dernier combat politique", affirme-t-il. A 71 ans, "le meilleur d'entre nous" n’aura jamais réussi à toucher le graal si convoité : l’Elysée.
Nicolas Sarkozy, le retour loupé
L’Elysée, Nicolas Sarkozy, ça le connaît. Président de 2007 à 2012, l’homme, clivant, aura marqué la vie politique française. Lui qui rêvait de prendre sa revanche face à François Hollande avait lancé sa campagne début septembre, dans ce qu'il appelait un "blast". Las ! Il n’a pu que se hisser sur le podium de la primaire, terminant troisième, derrière Alain Juppé, et, ultime humiliation, plus de vingt points derrière François Fillon, son ancien "collaborateur". Un impossible retour qui signe, cette fois visiblement pour de bon, le glas de sa (longue) vie politique.
François Hollande, l'abandon programmé
Et si François Hollande était, in fine, celui qui s’en sortait le mieux ? Au plus bas dans les sondages, le locataire de l'Elysée a décidé que sa vie politique prendrait fin courant mai 2017. Mais en refusant de briguer un deuxième mandat, aidé largement, dit-on, par Manuel Valls, le 1er décembre 2016, François Hollande, lucide, a gardé le contrôle : il quittera la scène, oui, mais comme il l’a choisi. Et depuis, il n'a jamais paru autant présidentiel, comme il le montre depuis quelques jours en durcissant le dialogue face à Donald Trump.
Valls, la sortie au bout d'une campagne en chemin de croix
Un qui n'a pas quitté la scène politique en le choisissant, c'est Manuel Valls. L'ancien Premier ministre, qui s'est précipité dans le jeu dangereux des primaires après avoir mis le Président hors-jeu, partait avec du plomb dans l'aile puisqu'il portait le poids d'un bilan quinquennal loin de faire l'unanimité. Une campagne qui peine à rassembler, des contorsions à base de 49.3, une gifle, une enfarinade et un échec plus tard, Manuel Valls l’admet : "Une page se tourne pour moi, il est l’heure de me réinventer".
Cécile Duflot, la claque inattendue
Du côté d'Europe Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot, grande favorite des primaires de sa formation, ancienne ministre et opposante de gauche à la majorité, a elle aussi essuyé un sérieux revers en étant éliminée dès le premier tour au profit de Yannick Jadot et Michèle Rivasi. Une stratégie de campagne trop peu goûtée en interne, les reproches des militants envers celle qui incarnait trop "l'écologie d'appareil" et son attitude ambiguë vis-à-vis du Parti socialiste lui ont été fatales, liste Le Figaro, et l'ont placé dans les pas de Nicolas Hulot et Noël Mamère, favoris malheureux à la désignation par leur parti pour la présidentielle (Noël Mamère finira par être candidat, ndlr). Autant d'exemples et de retournements de situation qui prouvent qu'en politique plus qu'ailleurs, rien n'est jamais joué d'avance.