Les sociaux-démocrates allemands préfèrent Macron

par Claire CAMBIER
Publié le 19 mars 2017 à 19h02
Les sociaux-démocrates allemands préfèrent Macron

PIED-DE-NEZ - Martin Schulz a été élu ce dimanche président du SPD. Le social-démocrate a réussi une prouesse : récolter 100% des voix, du jamais vu dans l’histoire du parti qui rêve aujourd’hui de détrôner Angela Merkel lors des élections de septembre. S’immisçant dans la campagne française, le SPD a clairement affiché sa préférence pour Emmanuel Macron, un pied-de-nez au candidat du PS, son parti frère.

C’est une première dans l’histoire du SPD. Le nouveau président du parti social-démocrate allemand a été élu à l’unanimité. L’ancien président du Parlement européen Martin Schulz réussit là un véritable coup de force à six mois des élections législatives en Allemagne. Le dernier record pour un président de ce parti remonte à 1948 avec ses 99,71%.

"A partir de maintenant le combat commence pour devenir le premier parti du pays et conquérir la chancellerie", a lancé Martin Schulz lors d'un congrès à Berlin. À 61 ans, le voilà porté par les sondages et donné aujourd'hui au coude-à-coude dans les intentions de vote avec la chancelière conservatrice au pouvoir depuis 2005. Pourtant, en début d'année le SPD accusait encore un retard de 15 points.

La "Schulzmania" face à l'indétrônable Angela Merkel

Impensable il y a encore quelques mois, l’hypothèse d’une défaite d’Angela Merkel se fait jour après jours plus réaliste. Face à la "Schulzmania", la chancelière se veut sereine : "la concurrence stimule les affaires", a-t-elle assuré vendredi à l’AFP. Mais un membre de son entourage confie en privé que "la situation est difficile".

Accusée par sa rivale de propager "un populisme" de gauche, Martin Schulz représente un tournant à gauche au sein du SPD. Ce fils de policier a abandonné l'école avant le baccalauréat et fut alcoolique durant sa jeunesse, un parcours atypique qui, combiné à son franc-parler, lui confère l’image d’un homme du peuple. Il entend notamment amender les réformes controversées du marché du travail menées par l'ex-chancelier SPD Gerhard Schröder entre 2003 et 2005. Car si elles ont permis à l'Allemagne de faire baisser son chômage à un niveau historiquement bas, elles ont aussi créé une génération de "travailleurs pauvres" et précaires, forcés de cumuler les emplois pour joindre les deux bouts.

Imaginez-vous : Emmanuel Macron devient président en France et Martin Schulz chancelier
Sigmar Gabriel, ancien président du SPD

La presse le surnomme "Robin des bois", une figure qui peut sembler étonnante au vue du choix de son parti concernant la campagne présidentielle. Le SPD a profité de l’élection de son nouveau président pour afficher sa préférence en Emmanuel Macron, écartant tout soutien à Benoît Hamon pourtant candidat officiel du PS, son parti jumeau.

"Imaginez-vous : Emmanuel Macron devient président en France et Martin Schulz chancelier : tout ce que nous pourrons changer dans cette Europe!", a lancé sous les ovations Sigmar Gabriel, l’ancien président du SPD  et actuel chef de la diplomatie allemande. Les sociaux-démocrates allemands, réunis en congrès extraordinaire à Berlin, ont applaudi cette perspective pendant une vingtaine de secondes.

Cet affront au candidat socialiste s’explique par la ligne politique défendue par Benoît Hamon, une ligne nettement plus à gauche que celle des sociaux-démocrates allemands.

Emmanuel Macron, de son côté, a rencontré ce jeudi à Berlin la chancelière, insistant sur sa proximité avec elle sur les sujets européens et sur son attachement "au couple franco-allemand". L'intérêt en Allemagne pour Emmanuel Macron, y compris dans les rangs du parti de la chancelière, est réel : en privé, des proches de la chancelière soulignent qu'il est selon les sondages le plus à même d'empêcher une victoire du Front National.


Claire CAMBIER

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