Mode de scrutin des régionales : du pain bénit pour le FN ?

Publié le 1 décembre 2015 à 16h45
Mode de scrutin des régionales : du pain bénit pour le FN ?

SCÉNARIOS - A en croire les sondages successifs, le Front national pourrait tirer bénéfice des prochaines élections régionales. Au-delà de la force actuelle du parti de Marine Le Pen, le mode de scrutin choisi pourrait encore accroître sa représentativité. Explications et cas pratique en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

Les régionales, mode de scrutin idéal pour le Front national ? A quelques jours du premier tour, les sondages se suivent et se répètent : le parti d'extrême droite pourrait bien l'emporter dans deux régions (Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Paca), et réaliser des scores historiques dans la quasi-totalité des autres. Jugé trop isolé pour gouverner dans d'autres scrutins - il en a notamment pâti lors des départementales -, le FN pourrait cette fois tirer grand parti de son isolement. Voici pourquoi.

La prime au vainqueur

La loi du 11 avril 2003 fixe les modalités : un scrutin de liste à deux tours avec représentation à la plus forte moyenne, avec une " prime majoritaire ". Cette "prime" consiste à donner d'emblée à la liste passée en tête 25% des sièges de l'assemblée régionale, auxquels s'ajoutent les sièges découlant de la répartition proportionnelle selon les scores de chaque liste. La "prime majoritaire" a été conçue pour éviter des blocages lors des votes, qui empêcheraient le fonctionnement de la collectivité.

Voici le scénario que l'on peut imaginer dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, région de 6 millions d'habitants (budget de 3 milliards d'euros). Selon la dernière vague de sondages BVA , la candidate FN, Marine Le Pen, pourrait l'emporter dans les deux cas de figure : dans une triangulaire (FN 44%, LR-UDI 30%, PS 26%), ou bien dans un duel droite-FN (49 contre 51%).

Puissant et sans allié, le FN serait favorisé

Grâce au mode de scrutin, le FN, arrivé en tête, raflerait ainsi au total 99 sièges sur 170 en cas de triangulaire (38 pour la droite, 33 pour la gauche). Il gagnerait jusqu'à 108 sièges en cas de duel remporté face à la droite. Celle-ci n'obtiendrait que 62 sièges, et la gauche... zéro, dans l'hypothèse actuelle où elle ne fusionnerait pas avec la droite. D'où, dans les régions où le FN sera arrivé en tête dimanche, de sérieux casse-tête dans les états-majors des deux principaux partis du pays entre les deux tours d'élection.

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Le mode de scrutin actuel constituerait donc un blanc-seing pour le FN au pouvoir. Contrairement aux Républicains et au PS, qui dépendent de leurs alliés (centristes, écologistes, communistes…) pour faire voter certains textes (dont le budget), le FN ne serait tenu par aucune alliance : il aurait suffisamment de conseillers régionaux pour obtenir la majorité absolue.

Pesant opposant

Et quand bien même il ne remporterait pas l'élection, le FN tirerait profit de ce scrutin, compte tenu de son poids présumé. Prenons l'exemple de la Normandie. D'après le sondage BVA, une triangulaire très serrée y est attendue au soir du 13 décembre : 33% pour le FN, 33% pour la droite, 34% pour la gauche unie. Cette dernière devrait gouverner avec la majorité fragile de 52 sièges sur 102, face à une pesante opposition de 25 conseillers de droite et de 25 conseillers FN. Qu'il arrive en tête ou non, le FN devrait donc réussir à peser, pour les six prochaines années, sur les destinées des régions.

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Vincent MICHELON

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