ANALYSE - Pour la première fois, le Rassemblement national a remporté la ville de Perpignan dimanche 28 juin au second tour des municipales. Louis Aliot a été élu à 53% des voix. Une victoire qui ne présage pas de "vague RN" au niveau national, selon un professeur de sciences politiques, et qui cache plutôt les mauvais résultats du parti d'extrême droite.
Une "vraie grande victoire". Marine Le Pen s'est félicitée ce dimanche soir des résultats de son parti aux municipales. Le Rassemblement national a remporté pour la première fois la ville de Perpignan qui, avec ses plus de 120.000 habitants, devient sa plus grosse conquête depuis Toulon entre 1995 et 2001, 170.000 personnes à l'époque.
Louis Aliot va donc porter l'écharpe de maire ces six prochaines années dans cette ville, qu'il briguait pour la troisième fois. Le parti d'extrême droite a également remporté quelques autres villes nouvelles, qui se comptent sur les doigts d'une main, à l'instar de Moissac, mais en ont perdu d'autres, à l'instar de Mantes-la-Ville, sa seule conquête d'Ile-de-France ou encore Luc et la mairie du 7e secteur de Marseille, détenue par Stéphane Ravier.
Emeric Bréhier, directeur de l'Observatoire de la vie politique de la fondation Jean Jaurès, dresse ainsi un un bilan "en demi teinte"pour le parti de Marine Le Pen. Ce professeur de sciences politiques estime que cette victoire cache les mauvais résultats du parti, dont le pari "d'ancrage national" via certaines villes ciblées n'est pas réussi. Selon lui, Perpignan "est une victoire importante certes, mais qui n’est pas à interpréter à un niveau national pour l’avenir".
"Victoire symbolique"
"Ce soir, ils ont pris Perpignan, car Louis Aliot a mené une campagne moins frontiste et plus rassembleuse", contre une famille politique, un "front républicain", en place depuis deux décennies. Mais en dehors de cette ville, Emeric Bréhier note que le Rassemblement national a perdu "de nombreuses villes".
Le RN a conservé huit de ses dix villes remportées en 2014 mais il perd Mantes-la-Ville (Yvelines) et Le Luc (Var). Et ne gagne qu'une poignée de nouvelles mairies, dont trois plus petites villes dans le Vaucluse (Morières-les-Avignon, Bédarrides et Mazan). Par ailleurs, si le parti a réussi à reconduire "en moyenne 70% de ses maires sortants" en 2020, le Rassemblement national a perdu "entre 40% et 50% de ses conseillers territoriaux par rapport aux résultats des dernières élections, en 2014" estime Emeric Bréhier. En effet, de plus de 1400 à l'époque dans 463 communes, ils ne sont plus que 840 dans 258 communes.
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Un chiffre qui résulte d'une orientation stratégique ratée selon le chercheur. Depuis deux ans, le parti de Marine Le Pen a fait le pari "de s'implanter dans certaines villes dont il faisait sa priorité, pour créer un 'ancrage territorial'", d'où la baisse de "40% de villes briguées par le RN" à ces élections municipales, explique-t-il. S'il reconnaît que la victoire du RN à Perpignan est "symbolique", Emeric Bréhier n'y voit pas pour autant une "vague du RN" pour l'élection présidentielle de 2022.