Suspense, alliances et tractations : comment Michèle Rubirola a arraché Marseille à la droite

Publié le 4 juillet 2020 à 17h49, mis à jour le 4 juillet 2020 à 22h04

Source : JT 20h WE

MUNICIPALES - Michèle Rubirola, écologiste cheffe de file d'une union de la gauche, est devenue ce samedi la première femme à diriger la deuxième ville de France. Non sans mal, tant cette médecin aura eu à batailler jusqu'à la dernière minute pour obtenir les voix qui lui manquaient pour former une majorité.

Et Marseille bascula à gauche. Après 25 ans entre les mains de Jean-Claude Gaudin, la cité phocéenne va être dirigée par Michèle Rubirola. La candidate du Printemps Marseillais - une liste d'union entre le PS, le PC, les Insoumis puis EELV – a été élue ce samedi au second tour du vote du conseil municipal par 51 voix contre 41 pour son rival de droite, Guy Teissier.

"Je suis soulagée de voir que la volonté du peuple de Marseille a été respectée", a déclaré Michèle Rubirola, la voix empreinte d'émotion, juste après son élection. La bataille fut pourtant rude : quelques minutes après le premier tour de scrutin opposant dans la matinée la candidate du Printemps Marseillais à son opposant LR, ainsi qu'à la sénatrice Samia Ghali, une suspension avait été demandée. Elle aura duré de longues heures. 

"J'apporte mon soutien à Michèle Rubirola"

Samia Ghali, la "madone" des quartiers nord populaires, a en effet longtemps laissé planer le doute sur son ralliement, alors que la droite pouvait compter sur 41 voix pour le candidat Guy Teissier, au coude-à-coude avec l'union de la gauche. La sénatrice PS le savait : avec ses neuf voix, elle seule pouvait permettre à la gauche de remporter la majorité absolue et de ravir la mairie aux Républicains.

Après une pause déjeuner avec de longues tractations au menu, Samia Ghali a finalement fait volte-face. "J'ai décidé de ne pas présenter ma candidature et d'apporter mon soutien à Michèle Rubirola", a déclaré à la reprise de la séance celle qui a reçu vendredi l'appui inattendu d'Alain Delon. L'élection de la première maire de Marseille ne fut plus qu'alors une simple formalité.

Stéphane Ravier, le patron local du Rassemblement national, avait préféré claquer la porte du conseil de bon matin. Ce afin de laisser entre eux "les marchands de tapis, ceux qui confisquent la démocratie". Une allusion à peine voilée aux tractations autour du camp Ghali, la sénatrice n'ayant cessé de faire monter les enchères pour son soutien. Un soutien précieux, qui a donc permis à la vaste coalition de gauche de rafler la mairie en début d'après-midi.

"Le Printemps Marseillais vient de loin"

Les larmes aux yeux, sous les applaudissements, Michèle Rubirola est alors montée sur l'estrade. Et c'est Jean-Claude Gaudin lui-même qui lui a remis l'écharpe de maire, avant de s'esquiver. Citant Blaise Cendrars, selon qui "Marseille appartient à qui vient du large", Michèle Rubirola a salué le succès de cette alliance qui l'a portée au pouvoir : "Je ne sais pas si le Printemps Marseillais vient du large, mais je sais qu'il vient de loin".

"Je ne me suis pas levée un matin en me disant "Je veux être maire de Marseille'", confiait-elle pendant la campagne municipale. C'est pourtant avec l'écharpe tricolore en bandoulière que Michèle Rubirola va terminer ce samedi historique pour la cité phocéenne.


La rédaction de TF1info

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