COPIE A REVOIR - Nicolas Sarkozy a évoqué lundi soir à Franconville les Gaulois comme étant "nos ancêtres". Pourtant, les historiens ont démontré depuis longtemps que ce cliché est avant tout une construction historique, pour ne pas dire politique.
En classe, on apprend souvent aux enfants à tourner leur langue sept fois dans la bouche avant de parler. Ce conseil devrait parfois être rappelé aux adultes. Lundi soir, Nicolas Sarkozy a ainsi invoqué l’histoire de France pour faire passer un message politique. "Dès que vous devenez Français, vos ancêtres sont Gaulois". Malheureusement pour l’ancien président de la République, cette référence historique ressemble avant tout à une sornette.
Le peuple gaulois n'existe pas
Les livres pour démonter le mythe de "nos ancêtres, les Gaulois" ne manquent pourtant pas. Citons en vrac, Le Mythe national, l’histoire de la France revisitée de Suzanne Citron ou encore Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises de François Reynaert. Si Nicolas Sarkozy est trop occupé pour les lire, nous allons tenter ici de lui résumer pourquoi il se trompe.
Tout d’abord, le peuple gaulois n’existe pas. A l’époque, sur le territoire qui est aujourd’hui la France, vivaient une multitude de peuples autonomes aux origines essentiellement celtes ou germaniques. Certes, ils partageaient certains dieux et certaines coutumes. Mais rien ne les unissait. Comme l’explique l’historienne Suzanne Citron, la Gaule (Gallia en latin) est un territoire où vivent ces tribus (appelés Galli) qui menacent le nord de l’Empire romain. D’ailleurs, les Romains distinguent à l’époque la Gallia cisalpina (en Italie) et la Gallia transalpina (de l’autre côté des Alpes). C’est Jules César qui va amalgamer ces tribus dans la Guerre des Gaules afin de rendre sa conquête plus épique.
Le "Gaulois" a disparu pendant plus de quinze siècles
La figure du Gaulois va alors disparaître pendant des siècles. Les premières grandes chroniques sur l’histoire de France, écrites au Moyen-âge, ne la mentionnent pas. Il faut attendre le XVIe pour revoir apparaître ce terme. Mais c’est surtout au XIXe que le mythe prend forme, notamment via les livres de l’historien Amédée Thierry. Ce dernier va jusqu’à faire d’un chef gaulois inconnu et emprisonné par Jules César, nommé Vercingétorix, le défenseur de "l’indépendance de la Gaule". Dès lors, Napoléon III va régulièrement mettre en valeur ce personnage, subitement redécouvert, pour servir son autorité.
A la chute du Second empire, les fondateurs de la IIIe République ne vont pas remettre en cause ce mythe. Bien au contraire. Pour donner vie au sentiment d’unité nationale, on inculque alors aux enfants une histoire de France centrée sur de grandes figures comme Vercingétorix, mais aussi Charlemagne ou Jeanne d’Arc. Il faudra attendre la seconde moitié du XXe siècle pour que les historiens dénoncent une construction historique et redonnent aux Gaulois leur juste place dans l’histoire de France. D'où l'intérêt de ne pas s'inspirer des seules aventures d'Astérix...