EXPLICATIONS - Malgré sa probable mise en examen dans une quinzaine de jours, François Fillon n'abandonne pas. Le candidat LR a réaffirmé ce mercredi son souhait d'aller jusqu'au bout et de maintenir sa candidature. Pourquoi une telle obstination ?
"La seule chose qui m'empêcherait d'être candidat, c'est si mon honneur était atteint, si j'étais mis en examen", avait déclaré François Fillon au lendemain des premières révélations du Canard Enchaîné sur TF1. Depuis, le candidat, qui avait eu la bonne idée de se demander, ennuis judiciaires de Nicolas Sarkozy obligent, "qui [imaginait] le général de Gaulle mis en examen ?", a fait marche arrière. Ce mercredi, après avoir annoncé qu'il sera convoqué "le 15 mars par les juges d’instruction afin d’être mis en examen", il a ajouté qu'il ne céderait pas pour autant. "L'Etat de droit a été systématiquement violé", "la présomption d'innocence a complètement et entièrement disparu" a-t-il déclaré. Pourquoi un tel changement de position ?
Le calendrier politique ne plaide pas en faveur d'un retrait
Il ne reste que huit semaines avant le premier tour de l'élection présidentielle, le 23 avril. Si François Fillon s'est imposé à la primaire, c'est notamment parce qu'il était entré en campagne tôt. Sur le terrain depuis plusieurs mois, il a eu le temps d'établir son programme sans précipitation. Ce ne serait pas le cas de son remplaçant. Selon Jérôme Sainte-Marie, directeur de Pollingvox interrogé sur France Culture, "le calendrier rend très difficile une décision autre pour son propre camp, pour la droite. [...] Vous avez encore une France de droite et une France qui considère que le programme présenté par François Fillon est nécessaire au pays. Et ces gens-là veulent un candidat. A deux semaines du dépôt des parrainages, il est devenu très difficile de changer de candidat."
En effet, les candidats ont jusqu’au 17 mars pour recueillir 500 signatures d’élus indispensables pour valider leur candidature. Et après la publication des premiers parrainages distribués, François Fillon devance largement tous ses adversaires avec déjà 738 signatures (contre 229 pour le second, Emmanuel Macron).
Décision 158 #PDR , le @Conseil_constit a validé 1717 #parrainages au 1er mars #Présidentielle2017 https://t.co/Qpb9Vndc2d pic.twitter.com/4Px9clqxJ0 — Conseil constit (@Conseil_constit) 1 mars 2017
Personne ne s'est réellement imposé en tant que "plan B"
Les rumeurs sont allées bon train sur la nomination d'un nouveau candidat de la droite et du centre à la place de l'ancien Premier ministre. Les noms de François Baroin, Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand avaient notamment été mis sur la table. Des sites internets à leurs noms avaient d'ailleurs été créés "au cas où". Mais comme le fait remarquer Jérôme Sainte-Marie, "personne ne s’imposait réellement". Le seul qui aurait pu revenir sur le devant de la scène était Alain Juppé, mais le maire de Bordeaux a répété à plusieurs reprises qu'il ne souhaitait pas être une solution de rechange.
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Des sondages toujours encourageants
Fort des plus de quatre millions de votants qui se sont déplacés à la primaire de la droite et du centre, François Fillon a également pour lui les sondages. Même s'il était donné en tête, devant Marine Le Pen, après sa victoire à la primaire et qu'il a perdu du terrain au profit d'Emmanuel Macron, il fait toujours jeu (presque) égal avec l'ancien ministre de l'Economie. Selon un sondage Ifop publié le 17 février, les deux hommes étaient crédités de 18,5% des intentions de vote au premier tour. Selon un sondage Opinionway publié le même jour, le résultat est le même : François Fillon et Emmanuel Macron recueilleraient tous les deux 20% des suffrages au premier tour.
Le parti Les Républicains impuissant
Rien dans les statuts du parti ni la charte de la primaire ne prévoit que faire si un candidat renonce à se présenter à la présidentielle. "La primaire n'est pas caduque" avait d'ailleurs déclaré Anne Levade, présidente de la Haute autorité, en réponse à Georges Fenech, le député sarkozyste qui avait, le premier, appelé au retrait de François Fillon. "Si le candidat choisit de se désister, c'est autre chose", avait-elle ajouté. Dans le cas où François Fillon renoncerait, il faudrait organiser un nouveau scrutin pour désigner un nouveau candidat, au risque de voir la famille des Républicains s'écharper sur le nom du remplaçant. Or, les délais sont désormais trop courts.