2017 LE DEBAT - Emmanuel Macron et Marine Le Pen ne présentent pas seulement deux visions radicalement opposées sur le plan économique. Les deux candidats s'affrontent également sur les questions identitaires. Colonisation "crime contre l'humanité", culture "multiple"... les prises de position d'Emmanuel Macron ont évidemment refait leur apparition pendant le débat du 3 mai.
Depuis son entrée en campagne, Emmanuel Macron reçoit deux types de critiques sur sa droite : d'abord sur son programme économique, jugé directement tiré du quinquennat de François Hollande. Après la critique dépensière formulée par la droite, le Front national s'est cristallisé sur son aspect libéral. Une accusation qui a pris toute sa dimension dans l'incroyable séquence de Whirlpool, où Marine Le Pen a campé le rôle de défenseure des travailleurs, quand bien même les représentants de ces derniers sont réservés sur le sujet.
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Mais il est un autre pan du discours d'Emmanuel Macron dont Les Républicains et le Front national se partagent la critique : la façon dont le candidat évoque les questions d'identité, de culture et d'héritage historique de la France, sujet particulièrement sensible à cet endroit de l'échiquier politique.
Culture française, sujet brûlant
Première sortie d'Emmanuel Macron ayant suscité le grand intérêt de la droite pour les questions ayant trait à l'identité, cette tirade sur la culture, clamée lors d'un meeting à Lyon, début février : "Il n'y a pas une culture française. Il y a une culture en France. Elle est diverse, elle est multiple."
Forcément, "l'offense", comme le titre ironiquement Libération, fait réagir sans ambage la droite et le FN. "Macron a osé dire que la culture française n'existe pas. Et il veut être Président ?" s'étrangle Florian Philippot sur Europe 1, quand François Fillon, encore lui, se demandait : "Il n'a rien compris à ce qui fait la France. Qu'est-ce qui nous réunit s'il n'y a pas une culture française ? [...] Nous ne sommes pas une aire d'autoroute où les citoyens du monde se croisent par hasard avant de reprendre la route."
Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron se repenche sur l'incident, et détaille sa pensée : "Il y a des cultures, et il y a bien une culture qui est en France. [...] Mais cette culture s'est toujours vécue avec des racines profondes mais comme éminemment ouverte. [...] Qu'est-ce qui a fait la littérature française, la peinture française [...], la danse française ? La capacité à faire émerger des génies de notre pays mais, à chaque fois, d'agréger des talents de l'étranger." Où l'on comprend qu'entre ce qu'a dit Emmanuel Macron et ce qu'ont compris ses détracteurs, il y a une simple nuance.
Pas de quoi faire bouger Marine Le Pen qui, le 25 avril, reprenait la version caricaturée du discours de son adversaire : "Aujourd'hui, nous sommes confrontés à des candidats qui nous expliquent qu'il n'y a pas de culture française, qui sont entre les mains des communautaristes, notamment des plus dangereux, comme l'UOIF".
La polémique algérienne
Puis Emmanuel Macron a évoqué la colonisation française en Algérie, en février 2017. "La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime, c’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie. Et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes." Une prise de parole insupportable pour une certaine droite, jamais la dernière pour fustiger la "repentance d'Etat" en matière d'histoire de France. François Fillon, le premier, avait critiqué "cette détestation de notre histoire", Marine Le Pen y voyant un "crime [...] contre son propre pays".
Soucieux de ne pas se mettre à dos une partie de son électorat venue de la droite, Emmanuel Macron a rectifié le tir, quelques jours plus tard. Prenant des accents gaulliens face aux rapatriés d'Algérie, à Toulon, le candidat d'En Marche ! a fini par s'excuser d'"avoir blessé" les harkis, ces anciens combattants algériens du côté de l'armée française : "Je vous ai compris et je vous aime". Tout en rappelant qu'il était de "la responsabilité de [sa] génération" de "réconcilier les mémoires". Un rattrapage qui ne signifie pas que ses adversaires lui en tiennent pour autant quitus. Marine Le Pen, notamment, a repris une habitude bien ancrée dans l'histoire de sa famille politique, en glorifiant "les effets positifs de la colonisation". Et le soir du 3 mai, Marine Le Pen a remis une pièce dans la machine, en accusant Emmanuel Macron, avec de tels propos, d'avoir "une responsabilité dans la haine des jeunes contre la France".
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