SA RÉVOLUTION - En déposant sa candidature à la primaire jeudi matin, Arnaud Montebourg s'en est pris violemment à François Hollande, "faible avec les forts et dur avec les faibles". Il a lancé une campagne axée sur la "libération" des Français face au "monopole" de l'oligarchie.
Le candidat, renvoyant dos à dos ses adversaires, de François Fillon à Marine Le Pen en passant par l'actuel chef de l'Etat, qui veulent suivre "l'un Thatcher, l'autre Merkel, l'autre Poutine et la quatrième, Trump", s'est posé en défenseur des Français contre ceux qu'il a nommés à deux reprises "les oligénarques" (un néologisme mélangeant oligarque et énarque), qui les emprisonnent dans "des politiques élaborées ailleurs dont on nous dit qu'elles seraient les seules possibles". "Je veux donner le pouvoir aux gens pour qu'ils puissent peser sur leur destin", a insisté l'ancien ministre.
Je veux libérer les Français du monopole politico-administratif et organiser l'entrée des citoyens dans le système politique
Arnaud Montebourg
Patriotisme économique
L'occasion pour Arnaud Montebourg de développer plusieurs axes de son programme de "libération", sur des thèmes qui lui sont chers : la protection des "fleurons" industriels contre "les intérêts étrangers", le refus des traités de libre-échange "que la Commission européenne négocie et ratifie dans notre dos", ou la défense d'une "taxe carbone" à nos frontières si la Chine et les Etats-Unis refusent de respecter les objectifs environnementaux de la Cop 21.
Pour la jeunesse, Arnaud Montebourg a également plaidé pour un "service civil, militaire, humanitaire" obligatoire afin de leur "permettre de quitter leur milieu", en contrepartie duquel la Banque de France proposerait un "microcrédit universel", remboursable sur toute une vie, pour leur permettre d'entreprendre au début de leur vie active.
Il a également défendu l'idée d'une révolution numérique "libératrice" qui permettrait aux Français, via la défiscalisation du télétravail et l'installation de la fibre optique dans les territoires ruraux, de vivre là où ils le souhaitent, de "repeupler les campagnes" tout en "diminuant les charges foncières des entreprises" et le coût environnemental des déplacements domicile-travail.
Clin d'œil à la gauche
Bref, un discours que ne renieraient peut-être pas les autres représentants de la gauche, dont Jean-Luc Mélenchon, parti de son côté dans la campagne présidentielle. "Venez voter à la primaire", a enjoint l'ancien ministre aux sympathisants de la gauche. Et de lancer, à la fin de son discours, un "vive l'union de la gauche".
Le candidat sait en effet qu'en l'état actuel, sans union avec les autres composantes de la gauche, un candidat socialiste, même victorieux de la primaire de janvier, n'a aucune chance de passer le premier tour face au Front national et à la droite.