MODE D'EMPLOI - L'une des propositions les plus emblématiques et les plus polémiques de Benoît Hamon consiste à instaurer une taxe sur les robots pour anticiper la raréfaction du travail engendrée par la révolution technologique. La mesure a même reçu un soutien de poids : celui du milliardaire américain Bill Gates. Au fait, de quoi s'agit-il ?
Benoît Hamon a imposé patiemment son thème durant sa campagne pour la primaire. Moquée ou critiquée par ses concurrents socialistes, vilipendée par la droite, sa "taxe robots" n'a, malgré les apparences, rien d'un film d'anticipation ou d'une proposition virtuelle imaginée sur un coin de table.
La preuve : elle inspire l'une des plus grosses fortunes mondiales, le milliardaire Bill Gates. Dans une interview publiée le 16 février par Quartz, le fondateur de Microsoft a défendu son instauration, jugeant logique de "taxer les robots à un niveau identique à celui des salariés" afin de financer les politiques sociales. Un prélèvement sur "les profits générés par les économies réalisées sur le coût du travail" induit par l'automatisation, ou bien une "taxe robots" identique à celle que propose Benoît Hamon. Ce dernier avait ensuite savouré sur Europe 1, jugeant "intéressant que des chefs d'entreprise se préoccupent des grandes transitions de notre époque".
Qui a inspiré cette idée à Benoît Hamon ?
L'idée de créer une taxe robots est ancienne. Les soutiens de Benoît Hamon rappelaient que dès le XIXe siècle, des penseurs avaient avancé l'idée de taxer le travail mécanique. Mais elle s'est concrétisée récemment sur les bancs du Parlement européen. L'eurodéputée luxembourgeoise socialiste Mady Delvaux, qui est justement l'inspiratrice de Benoît Hamon, vient de faire voter un rapport au sein de la commission juridique du Parlement qui synthétise ses propositions. Il s'agit, pour elle, de "créer de toute urgence un cadre juridique européen" permettant de prendre en compte les conséquences de la robotique sur notre quotidien et "garantir que les robots sont et restent au service de l'homme".
Le rapport anticipe notamment les "importants changements sociétaux" qui accompagneront le développement de la robotique, principalement en matière d'emploi. Il invite la Commission européenne à plancher sur la viabilité du système fiscal et social pour la robotique et à présenter une proposition législative sur le sujet. Le Parlement européen doit encore valider le rapport à la majorité absolue, et rien n'indique que la Commission suive ces recommandations. Mais le travail des eurodéputés inspire directement le candidat socialiste à la présidentielle en France.
Quel est l'objectif de la taxe robots ?
Benoît Hamon explique, dans son projet, que la création d'une taxe "sur la richesse créée par les robots" a pour but de garantir le financement de notre protection sociale et du revenu universel, autre mesure polémique préconisée par le député des Yvelines. Pour le candidat à la présidentielle, lorsqu'un salarié est remplacé par une machine, "la richesse créée bénéficie essentiellement aux actionnaires", c'est-à-dire au capital.
Pour changer la donne, il faut, dit-il, taxer cette richesse "en appliquant les cotisations sociales sur l'ensemble de la valeur ajoutée et non plus seulement sur le travail". Autrement dit, considérer la machine comme un véritable salarié, avec les coûts que cet emploi induit. Dans son interview, Bill Gates ne dit pas autre chose.
Qui sont ces fameux robots ?
Si le concept de taxe sur les robots peut sembler un peu flou, il existe des cas concrets pour illustrer le sujet. Benoît Hamon s'est notamment appuyé à plusieurs reprises sur le cas des supermarchés, où les caissières sont fréquemment remplacées par des caisses automatiques où les clients valident eux-mêmes leurs produits.
Plus généralement, la question concernent toute les formes d'automatisation du travail par le biais d'une machine ou d'un logiciel.
Quelles sont les critiques contre la taxe robots ?
Les opposants politiques et des économistes émettent un certain nombre de critiques ou de doutes à l'égard de la mesure défendue par Benoît Hamon. Tout d'abord, le candidat socialiste part du principe d'une raréfaction du travail liée à la révolution numérique en cours. Pour cela, il se base notamment sur une étude réalisée en 2016 par l'OCDE, estimant que cette révolution pourrait faire disparaître 10% des emplois à l'horizon 2025. Mais cette même étude soulignait aussi que le développement de nouvelles technologies pourrait également générer de nouveaux emplois, un argument que Benoît Hamon élude.
Ensuite, certains économistes émettent des doutes sur le lien entre la robotisation et le chômage. Ils rappellent ainsi qu'en Allemagne, où le taux de robotisation est bien supérieur au nôtre, le taux de chômage est beaucoup plus faible. Ils soulignent aussi que le rythme de l'automatisation en France au cours des dernières décennies ne peut pas expliquer à lui seul le chômage de masse.
Enfin, certains économistes estiment que cette taxe pourrait s'avérer contre-productive, en bridant le développement technologique français au profit de la concurrence des pays étrangers.
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