Régionales : pourquoi Sarkozy a perdu son pari

Publié le 14 décembre 2015 à 12h39
Régionales : pourquoi Sarkozy a perdu son pari

ELECTIONS - Un an après son retour, l'ex-Président n'a toujours pas suscité, à l'occasion des régionales qui se sont achevées dimanche, la vague Sarkozy qu'il espérait pour surfer tranquillement jusqu'à la prochaine présidentielle.

C'est une victoire aux allures de défaite… ou l'inverse. Au terme de son premier vrai test électoral depuis son retour en politique et avec son parti nouvelle formule, Nicolas Sarkozy a évité dimanche soir un échec cuisant aux régionales, sans non plus engranger une victoire telle qu'elle lui assurerait un début d'année 2016 serein…

Symbole de cette soirée en demi-teinte, le président de Les Républicains (LR), trop pressé de rejoindre le parc des Princes pour assister au match PSG-Lyon, a donné son allocution vers 20h15 en même temps que… Marine Le Pen, dont les chaînes d'info ont privilégié la retransmission. Quant aux candidats victorieux dans les sept régions remportées par son parti, qui s'étaient expressément passés de son soutien dans l'entre-deux tours, aucun n'aura eu un mot de remerciement ou de louanges pour l'ex-chef de l'Etat.

La ligne Sarkozy remise en question


De fait, si le PSG s'est imposé sans discussion possible face à Lyon (5 buts à 1), la victoire de Nicolas Sarkozy est bien moins nette. Loin, en tout cas, du raz-de-marée qu'aurait pu espérer celui qui veut imposer depuis plus d'un an le parti qu'il a remodelé comme "seule alternance crédible" face à un exécutif "fini", et comme "meilleur rempart face au FN". Las, au premier tour, ce dernier lui a ravi la place de première force d'opposition. Et au second, le PS a limité les dégâts en conservant tout de même cinq régions. Les Républicains sont donc loin du triomphe qu'avait connu la gauche dans l'opposition en 2010, quand elle avait raflé toutes les régions de métropole sauf une, sous la présidence… Sarkozy. Dimanche soir, c'est seulement la performance de Valérie Pécresse, reprenant in extremis l'Ile-de-France à la gauche, qui a permis aux Républicains de vraiment parler de victoire.

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Au-delà des scores, la stratégie même de Nicolas Sarkozy paraît moins incontestable que ce qu'il a bien voulu admettre. Certes, l'abandon du front républicain n'a pas occasionné de désastre mais la défaite du FN dans les trois régions où il était en position de gagner est surtout due à la discipline des candidats socialistes qui se sont retirés, et des électeurs qui se sont mobilisés pour faire barrage à l'extrême droite. Ce que Nathalie Kosciusko-Morizet ne s'est pas privée de faire remarquer dimanche soir : "Si les électeurs avaient appliqué le ni-ni, nos candidats dans le Nord et en Paca auraient été battus". Signe de sa fébrilité au lendemain du second tour, le patron a annoncé ce lundi l'évincement de l'impertinente de la direction du parti, sans attendre le Conseil national prévu début février pour en éclaircir la ligne.

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Juppé, Fillon et Le Maire relancent les hostilités

De leur côté, sans pouvoir attaquer frontalement Nicolas Sarkozy au vu des résultats, ses principaux adversaires ont bien compris que ceux-ci ne garantiraient pas à l'ancien chef de l'Etat un état de grâce durable. Ils n'ont donc pas oublié d'occuper le terrain médiatique - alors qu'aucun d'entre eux n'avait de premier rôle dans ces élections - pour lancer les grandes manœuvres en vue de la primaire fixée à dans un an. Un équilibre incarné par Alain Juppé qui, tout en assurant ne pas vouloir engager le parti dans "un débat vain pour savoir si notre positionnement était trop à droite ou pas assez, trop au centre ou pas assez", a délivré dimanche soir un véritable discours de candidat à l'Elysée. François Fillon, lui, a insisté sur le score du FN qui "prive l'opposition de la nette victoire qu'appelait, a-t-il souligné, l'échec de François Hollande et de sa majorité". Et de prévenir : "Dès demain, je repars au combat".

Bruno Le Maire, enfin, a attendu ce lundi matin pour critiquer par avance, sur France Inter, le nouveau virage à droite qui pourrait tenter le président du parti : "Est-ce que nous estimons que la bonne réponse à ce qui s'est passé au premier tour des élections régionales c'est de dire 'Il faut qu'on durcisse notre discours' ? Cette stratégie nous mènera dans le mur (...), elle fera de nous un parti qui sera une secte (...) qui n'intéressera pas une majorité des Français et qui ne nous permettra pas de gagner la présidentielle". Si Nicolas Sarkozy n'a pas perdu les régionales, il sait désormais qu'il a définitivement perdu le pari initial de son retour : rendre indiscutable sa candidature pour 2017.

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La rédaction de TF1info

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