Échauffourées dans l'est parisien après l'élection de Macron, 141 personnes interpellées

Anaïs Condomines
Publié le 8 mai 2017 à 7h45, mis à jour le 8 mai 2017 à 8h50
Échauffourées dans l'est parisien après l'élection de Macron, 141 personnes interpellées

REPORTAGE - Toute la soirée de ce dimanche 7 mai, des groupes de manifestants ont causé des débordements dans l'est parisien. Selon la préfecture de police, 141 personnes ont été interpellées dans ce secteur.

Après Bastille, Ménilmontant. A Paris, en cette soirée électorale du dimanche 7 mai, ils étaient quelques centaines de manifestants à se réunir dans l'est parisien pour protester contre l'élection d'Emmanuel Macron. Un rassemblement qui a occasionné une partie de cache-cache avec les CRS, déployés en nombre... et plusieurs face-à-face tendus.

20h40, rue des Panoyaux. Les premiers affrontements éclatent dans une artère parallèle à la rue de Ménilmontant. Bientôt, gendarmerie nationale et CRS encerclent l'entrée du bar Le Saint-Sauveur, point de rendez-vous bien connu de l'action antifasciste à Paris, après des échanges de projectiles et de gaz lacrymogènes. Plusieurs dizaines de manifestants se retrouvent bloqués dans l'établissement, tandis que camions et fourgons des forces de l'ordre défilent dans les rues alentours pour préparer l'évacuation. Dans la rue Ménilmontant, foutoir monstre. Riverains, passants et fêtards se retrouvent obligés de faire demi-tour. A 21h30, les fourgons de CRS continuent d'affluer, toujours plus nombreux. 

69 interdictions de séjour

Il faut dire que les forces de l'ordre n'ont pas lésiné sur les moyens en cette soirée du second tour. Dès samedi 6 mai, la préfecture de police faisait savoir qu'un "dispositif de sécurisation renforcée" serait mis en place via des "unités de forces mobiles pré-positionnées sur le territoire de l'agglomération". Des fonctionnaires de police avaient ainsi prévu d'effectuer des opérations de contrôle dans le cadre des 69 interdictions de séjour pris par le préfet de police, en amont de la soirée électorale.

Retour sur la place Jean-Ferrat, station Ménilmontant. Sur décision de la police, la station n'est plus desservie, tout comme  Père Lachaise et Belleville. Dans une ambiance d'abord bon enfant, plusieurs centaines de manifestants sont toujours présents. Ils chantent "Libérez nos camarades" et une composition de leur cru à propos du nouveau président de la République. Dans les paroles, Macron rime avec pognon et démission. Soudain, l'ambiance se tend à nouveau. Un cortège, mené en tête par des groupes de personnes cagoulées et vêtues de noir, se forme et entame une déambulation le long du boulevard de Ménilmontant, direction le Père Lachaise. Les CRS escortent, à bonne distance, gazeuses à la main.  

S'ensuit une scène surréaliste. Arrivé au Père Lachaise, le cortège se disloque. Alors que certains manifestants choisissent de remonter l'avenue Gambetta, d'autres rebroussent chemin dans un chahut désorganisé. Un coup de gaz lacrymogène plus tard, les CRS se retrouvent seuls à remonter les rues étroites jusqu'au quartier de Ménilmontant, à la recherche d'antifascistes. A 00h30, le bar Saint-Sauveur de la rue des Panoyaux était enfin évacué, après environ trois heures de confinement. Plusieurs de ses occupants prenaient ce soir la direction du commissariat central, pour des vérifications d'identités. 

Selon la préfecture de police, 141 interpellations ont été réalisées ce soir suite aux contrôles dans l'est parisien. Neuf ont été gardés à vue pour notamment entrave à la circulation et participation à un attroupement, violences sur des agents de la fonction publique ou encore dégradations volontaires. Le bilan matériel s'élève à deux véhicules détériorés, dont un appartenant à la police. La vitre d'une école a aussi été cassée, tandis que des poubelles dégradées, des tags et des graffitis ont été constatés.

Rassemblements à Nantes, Caen, Lyon, Strasbourg, Grenoble et Tours

A Nantes, Caen, Lyon, Strasbourg, Grenoble et Tours, plusieurs centaines de manifestants ont également répondu à un appel à manifester. A Nantes, 450 personnes se sont, selon la préfecture, rassemblées derrière une banderole "Soyons ingouvernables". Cinq personnes ont été interpellées, un policier blessé à la main et une photographe indépendante blesssée par l'éclat d'une grenade désencerclante, selon l'AFP sur place. Même banderole déployée à Poitiers, où de légers incidents opposant les manifestants aux forces de l'ordre ont éclaté. 

À Lyon, ce sont 300 personnes qui se sont mobilisées après l'annonce des résultats pour un "troisième tour social", tandis que 350 militants anarchistes et de l'ultra gauche ont été dispersés par des tirs de grenade. Des incidents ont également éclaté à Strasbourg, où une centaine de militants d'extrême gauche a entammé un face à face avec une dizaine de militants d'extrême droite. La police a procédé à "une dizaine d'interpellations", rapporte l'adjoint au maire (PS) chargé de la sécurité, Robert Herrmann. À Caen comme à Tours, une centaine de personnes a défilé avec pour slogan "Ni Le Pen ni Macron". Aucun incident n'a été signalé.


Anaïs Condomines

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