BILAN - Après un premier tour catastrophique pour nombre d'entre eux, comment les derniers ministres et ténors du quinquennat Hollande s'en sont-ils sortis, au second tour des législatives ?
Ils portaient plus que quiconque le bilan du quinquennat de François Hollande. Une vingtaine d'anciens ministres des gouvernements Valls et Cazeneuve (et d'autres ténors du quiquennat précédent) se sont présentés au suffrage des électeurs dans leurs circonscriptions respectives. Alors que nombre d'entre eux ont fait naufrage dès le premier tour, que leur est-il arrivé au second tour ?
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Stéphane Le Foll
Très proche de François Hollande, l'ex-porte-parole du gouvernement et ministre de l'Agriculture se retrouvait dans une situation compliquée dans la 4e circonscription de la Sarthe, où il avait pourtant recueilli 60% des suffrages en 2012. Mis en difficulté par la concurrence de 14 candidats sur ce territoire rural, il a en revanche bénéficié de l'absence de candidat REM sur son chemin.
Arrivé en ballottage favorable à l'issue du premier tour, avec 30,31% des suffrages exprimés, il a fait face au LR Emmanuel Franco au second tour (22,15%). Disposant de bonnes réserves de voix à gauche, avec la France insoumise à 11,42% et le candidat écologiste à plus de 5%, il a été réélu avec près de 55% des voix.
Barbara Pompili
Ancienne d'EELV, l'écologiste Barbara Pompili avait été nommée secrétaire d'Etat à la Biodiversité sous les gouvernements Valls puis Cazeneuve. La 2e circonscription de la Somme, où elle avait été élue en 2012, sa réélection, sous l'étiquette de la REM, semblait largement à sa portée. Elle a obtenu 40,7% des voix. Face à elle, le candidat de la France insoumise était arrivé deuxième avec 14,33% des voix. Ce dimanche soir de second tour, elle a remporté la victoire.
Sylvia Pinel
L'ancienne ministre PRG de François Hollande a tiré son épingle du jeu dans la 2e circonscription du Tarn-et-Garonne, territoire d'implantation traditionnelle de son mouvement. L'ancienne candidate à la primaire citoyenne a en effet bénéficié de l'absence de candidat REM face à elle. Elle a également reçu, avant le premier tour, la visite de soutien du ministre PRG de l'Agriculture Jacques Mézard.
A l'annonce des résultats, elle est en effet apparue en situation de ballotage favorable. Avec 26,9% des suffrages exprimés elle a affronté au second tour le candidat du Front national, Romain Lopez (21,58%) et a été réélue au second tour avec 55,4% des suffrages.
Marisol Touraine
Malgré une première place et un score de 28,54%, la campagne de l'ancienne ministre de la Santé dans la 3e circonscription d'Indre-et-Loire n'aura pas été une partie de plaisir. Même si cette figure socialiste n'a pas eu face à elle de candidature REM, son affiche de campagne invoquant la "majorité présidentielle" n'a pas été du goût du PS local, dont certains membres ont refusé de faire campagne pour elle.
Elle affrontait la candidate UDI Sophie Auconie et a été battue au second tour de l'élection.
Ericka Bareigts
Dans la 1re circonscription de la Réunion, l'ancienne ministre des Outre-Mer a su bénéficier d'un territoire acquis à la gauche, mais aussi sur l'absence de candidat de la République en marche. Résultat, elle est arrivée très largement en tête avec 47,23% des voix, loin devant le candidat LR, et a été élue au second tour.
Manuel Valls
Candidat dans la 1re circonscription de l'Essonne, l'ancien Premier ministre a affronté la candidate de La France insoumise Farida Amrani au second tour. Manuel Valls, qui a capitalisé les forces politiques de la circonscription contre lui, avait pourtant bénéficié de l'absence d'investiture concurrente de la part du PS. Le second tour ne s'annonçait pas facile pour lui, qui avait obtenu 25% des voix, contre 17% pour son adversaire.
Il a finalement annoncé sa victoire avec 50,3% des voix (soit 139 voix d'avance) dans un climat électrique à la mairie d'Evry. Sa rivale, qui dit avoir remarqué "plusieurs irrégularités", revendique elle aussi la victoire et déposera des recours en préfecture dès lundi matin. Affaire à suivre.
Annick Girardin
Annick Girardin a cette particularité d'avoir été ministre de François Hollande et d'appartenir au nouveau gouvernement Philippe, en charge des Outre-mer. En briguant un troisième mandat à Saint-Pierre et Miquelon, elle s'est attirée l'ire des opposants locaux, car elle s'était engagée auparavant à ne plus appartenir à un gouvernement pour se consacrer à sa circonscription. Elle était toutefois soutenue par le PRG, par le PS et par REM.
Au premier tur, elle était arrivée ex-aequo avec Stéphane Lenormand (divers) au premier tour, avec 41,59% des suffrages exprimés. Elle a remporté la bataille au soir du seond tour et pourra ainsi conserver son poste de ministre.
George Pau-Langevin
L'ancienne ministre des Outre-mer avait démissionné du gouvernement dès l'été 2016 pour se consacrer à la 15e circonscription de Paris, qui recouvre une partie du XXe arrondissement. Si elle a bénéficié de l'absence de candidat REM sur ce territoire, elle avait face à elle une myriade de candidatures de gauche. Lors de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon y avait obtenu son plus haut score parisien (30.6%). L'ex-ministre est arrivée en tête, avec 24,13% des voix, face à Mehdi Kemoune, de la France insoumise (18,7%). Elle a fini par l'emporter.
Olivier Faure
Dans la 11ème circonscription de Seine-et-Marne, l’ex-patron du groupe PS à l’Assemblée était en ballotage défavorable, mais (bien) moins que ses camarades. Arrivé deuxième (27,37%), il était devancé par la candidate REM, Amandine Rubinelli (30,43%). Il a quand même pu compter sur une France insoumise assez haute pour dépasser sa rivale et a été réélu avec 61,09%.
Najat Vallaud-Belkacem
La situation s'annonçait très compliquée pour Najat Vallaud-Belkacem, qui fesait face à une candidature du mouvement présidentiel, en la personne de Bruno Bonnell dans la 6e circonscription du Rhône. Avec 16,54% des voix, l'ancienne ministre socialiste de l'Education était très largement distancée face à son rival qui a réuni 36,7%. Elle a eu beaucoup de mal à trouver les réserves de voix suffisantes pour sauver la circonscription, même si elle n'a pas épargné pas son adversaire, accusé d'optimisation fiscale. Celui-ci a finalement annoncé sa victoire, à son QG, avec 59% des voix.
Jean-Jacques Urvoas
L'ancien garde des Sceaux, qui briguait un troisième et dernier mandat dans la 1re circonscription du Finistère, avait affiché sa volonté d'offrir une opposition "constructive" face au gouvernement dans la prochaine législature. Pour autant, il a dû faire face à la concurrence d'une candidate estampillée REM, Annaïg Le Meur-Roux.
Celle-ci est arrivée en tête au premier tour avec 38,21% des suffrages exprimés, plaçant Jean-Jacques Urvoas en situation de ballottage, avec 19,77%. Il a finalement été battu au second tour.
Myriam El Khomri
L'ancienne ministre du Travail, indissociable de la loi qui a provoqué une forte contestation sociale au terme du quinquennat de François Hollande, s'est retrouvée dans une situation particulière complexe dans la 18e circonscription de Paris. Investie par le PS, mais se réclamant de la majorité présidentielle, elle s'est retrouvée face à Pierre-Yves Bournazel, un candidat LR se revendiquant aussi de la majorité présidentielle sans l'étiquette REM, mais aussi un candidat de La France Insoumise et une autre concurrente de gauche, Caroline de Haas, qui fut l'une des figures... de l'opposition à la loi Travail.
Elle est passée au second tour avec 20,2% des voix face à Pierre-Yves Bournazel (31,7%). Un candidat qu'elle a appelé à battre en raison de ses antécédents fillonistes, en dépit du fait qu'elle avait promis de se désister en sa faveur, voilà quelques jours. Le duel qui opposait donc deux candidats pro-Macron, se disputant le parrainage l'un d'Edouard Philippe, l'autre d'Emmanuel Macron, a finalement vu Pierre-Yves Bournazel l'emporter.
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Pour eux, c'était déjà plié
Benoît Hamon
Le candidat du Parti socialiste à l'élection présidentielle a été éliminé, au premier tour des élections législatives, dans sa circonscription des Yvelines. Avec 22,59% des voix, il est éliminé par la République en marche (33%) et Les Républicains (23,%), à 80 voix près.
Jean-Christophe Cambadélis
Opposé au secrétaire d'Etat au Numérique Mounir Mahjoubi et à l'insoumise Sarah Legrain, Jean-Christophe Cambadélis a été éliminé brutalement au premier tour des élections législatives, dans la 16e circonscription de Paris. Les scores ne sont pas encore confirmés, mais selon les premières estimations, le jeune ministre obtiendrait 38,1% des voix, la candidate soutenue par Jean-Luc Mélenchon, 21%. Le patron du PS, lui, est réduit à 8,60% des voix.
Aurélie Filippetti
L'ancienne ministre de la Culture, frondeuse historique et démissionnaire du gouvernement en même temps que Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, a été sèchement éliminée au premier tour, dans la 1ère circonscription de la Moselle. Avec 11,8% des voix, elle arrive loin derrière le Front national et la République en marche, dont les candidats s'affronteront au second tour.
Axelle Le Maire
L'emblématique ex-secrétaire d'Etat au Numérique est dans une situation particulièrement compliquée. Lors du premier tour des élections législatives pour les Français de l'étranger, qui s'est déroulé une semaine plus tôt, la socialiste n'a récolté que 9.83% des suffrages, loin derrière le candidat REM Alexandre Holroyd (57.80 %). Autant dire que le second tour, que la loi impose en raison du fort taux d'abstention au premier, sera presque insurmontable pour l'ancienne ministre.
Cécile Duflot
L'ancienne ministre du Logement se présentait dans la 6e circonscription face à Danielle Simonnet (France insoumise) et le marcheur Pierre Person. Elle a, elle aussi, été éliminée dès le premier tour, avec 14,7% des voix. Soutenue par Benoît Hamon, elle n'avait pas le soutien de la maire de Paris, qui lui avait préféré la socialiste dissidente Naawel Oumer.
Emmanuelle Cosse
L'ancienne patronne d'EELV, qui avait rompu avec son camp après avoir accepté d'entrer au gouvernement, n'a pas réussi son atterrissage dans la 3e circonscription de Seine-Saint-Denis, où elle a été éliminée dès le premier tour, au 5e rang, avec 9,47% des voix. Elle devait faire face à une rude concurrence, entre le candidat REM Patrice Anato et celle de La France insoumise, Dominique Delaunay.
Et aussi...
Juliette Méadel, 10e circonscription de Seine-et-Marne : avec 8,31%, l'ancienne secrétaire d'Etat à l'Aide aux victimes est éliminée au premier tour. Elle arrive 5e, derrière le FN (11,11%), l'UDI (12,77%), la France insoumise, en ballottage (15,02%) et la République en marche (38,12%).
Matthias Fekl, 2e circonscription du Lot-et-Garonne : l'ex-ministre de l'Intérieur a été éliminé dès le premier tour de l'élection. Dans cette dirconscription, le candidat socialiste est arrivé troisième, derrière celui de la République en marche et celle du Front national.
Christian Eckert, 3e circonscription de Meurthe-et-Moselle : éliminé, lui aussi, dès le premier tour.
Martine Pinville, 1re circonscription de Charente : l'ex-secrétaire d'Etat au Commerce est également éliminée. Elle réunit à peine 12% des voix.
Christophe Sirugue , 5e circonscription de Saône-et-Loire : l'ex-secrétaire d'Etat arrive troisième, avec 15,63%, et est éliminé.
Ségolène Neuville, 3e circonscription des Pyrénées Orientales : l'ancienne secrétaire d'Etat ne passe pas le cut du premier tour, avec 15,68% des voix, la faute à une très forte abstention.
Pascale Boistard, 1re circonscription de la Somme : elle a été éliminée dès le premier tour en réunissant 7,06% des suffrages exprimés, soit 2770 voix.
Clotilde Valter, 3e circonscription du Calvados : l'ancienne secrétaire d'Etat arrive troisième, derrière le MoDem et et Les Républicains, avec 16% des voix.
Estelle Grelier, 9e circonscription de Seine-Maritime : même sort pour l'ancienne secrétaire d'Etat aux Collectivités territoriales, éliminée avec 16,99% des voix.