MAJORITÉ MOINS ABSOLUE - Alors que les sondages prévoyaient jusqu'à 460 députés pour La République en marche d'Emmanuel Macron, la majorité présidentielle en comptera finalement une centaine de moins. Une majorité absolue, écrasante, certes, mais avec un arbitrage des électeurs qui permettra à l'opposition d'exister à l'Assemblée nationale.
La victoire du mouvement présidentiel est sans appel : 300 députés pour La République en marche (REM), 41 pour les alliés du Modem, soit au total 361 élus sur 577 pour soutenir les réformes d'Emmanuel Macron. La majorité qui s'est dessinée dimanche soir est plus massive que celle qui avait accompagné la victoire de François Hollande en 2012 (331 députés de gauche).
Malgré tout, elle reste très éloignée des projections des instituts de sondages des derniers jours, qui prêtaient à la future majorité présidentielle jusqu'à 460 députés, un chiffre qui aurait été comparable à la victoire de la droite en 1993 (472 députés). Au-delà de la difficulté à déduire des intentions de vote des projections exactes en termes de sièges, REM semble bien avoir connu un reflux durant l'entre-deux tours qui peut s'expliquer de plusieurs façons.
Démobilisation
Le premier tour constituait déjà un record. Au second tour des législatives, l'abstention de l'électorat a encore bondi de près de 5 points pour atteindre 56.83% des inscrits. Avec des pics impressionnants dans certaines circonscriptions, comme chez les Français de l'étranger résidant à Rome, qui ont été 96% à bouder les urnes.
Cette abstention qui constitue un sommet historique a manifestement desservi les candidats REM, dont l'électorat a peut-être jugé la victoire courue d'avance. Une telle hypothèse peut expliquer la contre-performance de certains candidats qui progressent à peine entre le premier et le second tour. Dans la 1ère circonscription de Seine-Saint-Denis, face à Eric Coquerel (La France insoumise, FI), Sébastien Ménard (REM), malgré le soutien de Jean-Louis Borloo, n'a engrangé que 1.815 voix supplémentaires quand son concurrent ratissait large à gauche et en récoltait 5.334 de plus, dans le cadre d'une abstention de 67.7% des voix.
Ratés de campagne
D'autres candidats REM ont pu pâtir de leur stratégie d'entre-deux tours, à commencer par le refus de débattre avec leurs adversaires, qui peut jouer à la marge en cas de scrutin serré. Illustration avec Marie Sara, candidate REM dans la 2e circonscription du Gard, qui avait refusé la confrontation sur France 3 avec le député sortant Gilbert Collard (proche du FN) alors qu'elle avait une réserve de voix potentielle sur sa gauche et sur sa droite. Bilan : l'avocat a finalement remporté la bataille contre la torera avec seulement 123 voix d'écart. Idem dans la 1ère circonscription de l'Yonne, où le candidat REM Paulo Da Silva Moreira, refusant de débattre avec le député LR sortant Guillaume Larrivé, s'est incliné avec 47.41% des voix.
Certaines mises en cause de candidats investis par La République en marche, comme celles portant sur une candidate soupçonnée d'avoir joué les marchands de sommeil, ont pu avoir également un impact à la marge sur la campagne.
Résistance à droite et à gauche
Malgré la déroute du PS et le reflux de la droite, certains candidats issus des partis dits "traditionnels" ont offert, par leur ancrage local ou leur bilan, une résistance face aux candidats REM qui n'avait probablement pas été mesurée dans les sondages précédent le scrutin. On pense notamment au score de Christian Jacob, patron du groupe LR à l'Assemblée, dans sa 4e circonscription de Seine-et-Marne (61.77%), à celui du socialiste Olivier Faure dans la 11e circonscription de Seine-et-Marne (61.09%), à celui de la socialiste Laurence Dumont dans la 2e circonscription du Calvados (53.32%) ou encore au score de Philippe Gosselin, député LR de la 1ère circonscription de la Manche (52.51%), de Valérie Boyer (LR) dans la 1ère circonscription des Bouches-du-Rhône (55.1%) et d'Eric Ciotti (Alpes-Maritimes, 56.21%).
De même, des candidats investis par La France insoumise ont pu mobiliser un électorat qui ne s'était pas nécessairement présenté au premier tour, à l'instar de l'emblématique François Ruffin, réalisateur de "Merci patron", élu avec 55.97% des voix dans la 1ère circonscription de la Somme face au macroniste Nicolas Dumont, maire d'Abbeville, après une campagne de terrain particulièrement active.
Le choix du pluralisme ?
L'observation des résultats détaillés du scrutin et des motivations des électeurs pourrait également permettre d'évaluer si certains d'entre eux ont souhaité, en votant ce dimanche, rééquilibrer un rapport de force que tous les sondages annonçaient totalement déséquilibré au profit de la majorité présidentielle. C'était également un message relayé en boucle à droite et à gauche la semaine dernière à l'adresse des abstentionnistes.
Un sondage Ifop publié par Paris Match au lendemain du premier tour montrait que seuls un quart des interrogés souhaitaient une majorité absolue pour REM, tandis que 21% préféraient une majorité relative et que tous les autres souhaitaient une majorité constituée par d'autres forces politiques. De quoi expliquer que, parmi les Français qui sont allés voter ce dimanche, certains électeurs aient préféré contre-balancer la toute-puissance de la nouvelle majorité présidentielle.
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