DEUXIÈME TOUR - Les écologistes apparaissent comme les grands vainqueurs du second tour des élections municipales dans les grandes métropoles françaises. A Bordeaux, ils mettent fin à 73 ans de domination de la droite. Ils devront toutefois composer avec leurs alliés.
Au soir du second tour des municipales, les écologistes ne se sont pas contentés de confirmer la dynamique enclenchée lors du premier tour, le 15 mars dernier. Ils apparaissent comme les gagnants du scrutin dans les grandes villes françaises, avec plusieurs prises historiques sur le plan politique.
Si EELV a dû se contenter du rôle du lieutenant à Paris, derrière la socialiste réélue Anne Hidalgo, mais aussi à Nantes ou à Rennes, et que le parti a perdu d'un cheveu à Lille, ce sont bien des majorités écologistes qui s'emparent, ce 28 juin, de deux grandes métropoles, Lyon et Bordeaux, qui viennent s'ajouter à Grenoble, où le maire sortant Eric Piolle a été largement réélu.
Coup de théâtre à Bordeaux
Alors que les sondages annonçaient la victoire du maire sortant LR Nicolas Florian, successeur d'Alain Juppé allié au candidat LaREM Thomas Cazenave, les Bordelais ont choisi de faire mentir les prévisions. En donnant la victoire d'une courte tête à l'écologiste Pierre Hurmic, à la tête d'une liste d'union de la gauche (45,6% selon les estimations), ils ont mis fin à 73 ans de domination de la droite, qui remportait les scrutins dès le premier tour depuis l'après-guerre.
En revendiquant ce résultat dimanche soir, le candidat s'est dit prêt à assumer une "victoire historique", "sans arrogance", et être "un maire à plein temps pour tous les Bordelais".
"J'ai beaucoup de tristesse je n’ai rien à dire sur la stratégie, c’est la démocratie", a réagi Alain Juppé, ému, en sortant du palais Rohan. "Il y a une vague verte", a constaté lui-même l’ancien maire emblématique de Bordeaux.
A Lyon, l'alliance LR-LaREM échec et mat
Vague verte, également, dans la capitale des Gaules, où les écologistes réalisent une prise historique sous forme de coup double : Lyon et sa métropole, où ils étaient déjà arrivés en tête au premier tour. Rien n'était acquis : l'accord passé entre Gérard Collomb avec la droite locale devait permettre à la majorité sortante de se maintenir au second tour, moyennant des désistements mutuels à la ville et à la métropole.
Les Lyonnais n'ont manifestement pas goûté à ces tractations, donnant une large avance à la tête de liste EELV pour la mairie, Grégory Doucet, avec 52% des voix selon les estimations, et mettant brutalement fin à l'ère Collomb au profit de cette union de la gauche.
"On vit un moment historique. Cela fait tellement longtemps que les Lyonnais s'expriment en faveur de l'écologie, que l'abstention ne peut pas remettre cela en question", a réagi Grégory Doucet dimanche soir au micro de LCI.
Strasbourg et Tours virent au vert
Comme à Lyon, l'alliance de derrière minute constituée par les candidats LR et LaREM pour le partage de la ville et de la métropole n'a pas convaincu les électeurs, qui ont donné un net avantage à la candidate écologiste Jeanne Barseghian, donnée à plus de 42% dans le cadre d'une triangulaire. La tête de liste EELV partait pourtant de loin, n'ayant pas conclu d'accord avec la socialiste Catherine Trautmann, ancienne maire de Strasbourg. Une mésalliance à gauche sur laquelle le candidat LaREM Alain Fontanel comptait pour l'emporter.
A Tours, la liste d'union de l'écologiste Emmanuel Denis revendiquait sa victoire dimanche soir, là encore, loin devant le maire sortant Christophe Bouchet (Parti radical).
"Il y aura un avant et un après"
D'autres villes, et non des moindres, tombent sous l'escarcelle écologiste. Parmi ces communes, Besançon, ville traditionnellement à gauche, où Anne Vignot (EELV, 43,83%) a pris la tête d'une triangulaire devant les candidat LR et LaREM.
A Poitiers, Léonore Moncond'huy a nettement devancé le maire sortant Alain Clays (PS), pourtant arrivé en tête du premier tour. A Annecy, l'écologiste François d'Astorg a remporté le scrutin au détriment du maire UDI sortant Jean-Luc Rigaud, après avoir conclu une alliance avec une candidate dissidente de LaREM, qui briguera de son côté la communauté d'agglomération.
A Colombes, en région parisienne, Patrick Chaimovitch a renversé la maire sortante LR Nicole Goueta, 82 ans, doyenne des maires des Hauts-de-Seine.
"Il y aura un avant et un après ces élections municipales", s'est félicité Yannick Jadot, sur LCI, à propos de ces résultats. Pour l'eurodéputé écologiste, cette vague verte montre que "l'écologie en action, quand elle rassemble largement autour d'elle, exerce le pouvoir de façon crédible". "Ce n'est pas la question de 2022 qui se joue ce soir", a toutefois assuré ce potentiel candidat à la présidentielle, "c'est la question de la vie quotidienne, de la qualité de vie". Et de conclure malgré tout : "c'est une élection locale, une élection d'espérance, mais nous en tirerons les conséquences pour rassembler très largement autour de ce projet".
Une analyse qui prend acte d'une réalité : partout où elles ont remporté le scrutin, les nouvelles équipes écologistes devront associer les autres formations de gauche pour gouverner. Du difficile apprentissage de la majorité plurielle.
Retrouvez tous les résultats des élections municipales 2020.