RÉTRO - La campagne présidentielle de 2017 a précipité les départs de plusieurs responsables politiques de premier plan. Du retrait tactique du gouvernement à la retraite pure et simple, zoom sur ces temps forts de l'année 2016.
Ils ont largué les amarres, parfois contraints, parfois volontairement. L'année écoulée et l'approche de l'élection présidentielle ont précipité les départs de plusieurs responsables politiques de premier plan en France. Recalés, les anciens favoris. Lancés, les nouveaux candidats... Chacun à sa manière a orchestré un départ et donné le ton à la campagne qui s'ouvre.
La retraite en famille : Nicolas Sarkozy
Première victime de cette lame de fond qui a frappé la primaire de la droite : Nicolas Sarkozy. Le 20 novembre au soir, visiblement ému, l'ancien président de la République ménage un discours d'adieu (le second, après celui de 2012) où il prend soin, au passage, d'éviter de parler de "retrait de la vie politique". Il préfère rendre hommage à ses proches. "Je veux dire à mon épouse Carla et à mes enfants que j'ai bien le sentiment de leur avoir imposé beaucoup d'épreuves", leur lance-t-il, avant de promettre "d'aborder une vie avec plus de passion privée et moins de passion publique".
La retraite bordelaise : Alain Juppé
Moment d'émotion, également, pour Alain Juppé, battu par François Fillon au soir du second tour de la primaire, le 27 novembre. Très tendu, l'ex-Premier ministre, archi-favori pendant des mois dans cette campagne pour 2017, joue la sobriété et annonce qu'il se consacrera pleinement à sa ville de Bordeaux. Un discours façon vieux militaire : "J'ai donné 40 ans de ma vie au service de la France et cela m'a apporté de grands bonheurs et quelques peines", énonce-t-il. Avant de souhaiter, comme Nicolas Sarkozy, "bonne chance à la France".
La retraite malgré lui : François Hollande
Tout aussi contrit, l'air grave, François Hollande prend la parole devant les Français le soir du 1er décembre. Le chef de l'Etat n'a pas été battu par les urnes, mais par la pression de sa famille politique, le bilan que ses adversaires lui imputent et surtout les mauvais chiffres des sondages. Sa décision, gardée secrète jusqu'au dernier moment, il la rend publique ce soir-là : "Je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d'elle. Aussi, j'ai décidé de ne pas être candidat à l'élection présidentielle". La messe est dite pour celui qui aura cru, jusqu'au dernier moment, pouvoir incarner le rassemblement d'une gauche totalement éparpillée.
La retraite à vélo : Christiane Taubira
Le 27 janvier, après sa démission du gouvernement sur fond de désaccord autour de la déchéance de nationalité, Christiane Taubira embrasse ses plus proches collaborateurs puis quitte le ministère de la Justice d'une façon originale. La figure emblématique de la gauche enfourche tranquillement son vélo jaune et entame un périple dans les rues de Paris. Elle signe ainsi son retrait de la scène politique, auquel elle ne dérogera pas malgré les appels insistants d'une partie de la gauche pour qu'elle participe à la primaire et quelques interventions ponctuelles sur les réseaux sociaux et lors de conférences.
La retraite pour mieux attaquer : Emmanuel Macron
Son départ, annoncé depuis des mois, se concrétise le 30 août. Emmanuel Macron, jeune ministre de l'Economie de François Hollande, ne compte pas se faire oublier : bien au contraire. A 38 ans, il quitte Bercy pour se préparer à sa candidature à l'élection présidentielle. "Je me devais de prendre la mer dans une embarcation plus frêle, mais avec un cap", ose, filant la métaphore maritime, celui qui a orchestré son départ en prenant place à bord d'une petite navette fluviale qui l'attendait au pied du ministère, sur la Seine. "Vous allez me manquer", dit-il aussi à son administration avec "un petit déchirement".
La retraite pour mieux attaquer (version 2) : Manuel Valls
Après le retrait de François Hollande, c'est au tour de Manuel Valls de quitter le gouvernement, le 6 décembre, pour se lancer dans la campagne de la primaire citoyenne. "Je pars tranquille", dit-il à son successeur, Bernard Cazeneuve, en mode frère d'armes. "Vous êtes un ami, vous êtes un frère", se permet-il même de glisser à son ex-ministre de l'Intérieur. Il sait que, sitôt un pied dehors, l'ambiance sera nettement moins fraternelle au sein du camp socialiste.