Selfie avec un élu suprémaciste estonien : Marine Le Pen dénonce "un festival d'attaques"

Publié le 15 mai 2019 à 11h32, mis à jour le 15 mai 2019 à 15h16

Source : Sujet TF1 Info

EUROPÉENNES- Marine Le Pen a posé ce mardi avec un militant estonien d'extrême droite dans le cadre de sa tournée européenne. Un "selfie" sur lequel les deux élus font un signe familier des groupes suprémacistes blancs. La présidente du RN a dit en ignorer la signification et dénonce un "festival d'attaques en cette fin de campagne".

Marine Le Pen, tout sourire, accompagnée d’un suprématiste blanc. C’est ce qu’on découvre sur un "selfie" publié sur Facebook mardi 14 mai par Ruuben Kaalep, un élu du Parti populaire conservateur d'Estonie (EKRE), allié du Rassemblement national au Parlement européen. Une rencontre entre les deux responsables qui a eu lieu dans le cadre de la tournée européenne de la présidente du RN, en vue de constituer un grand groupe avec son allié italien Matteo Salvini, à l'issue des élections européennes.

Un geste devenu symbole du suprémacisme blanc

Dorénavant supprimé, le cliché pris par Ruuben Kaalep, fraîchement élu au Parlement estonien, a rapidement fait parler de lui à cause du signe que Marine Le Pen et lui font avec leur main gauche. Il s’agit d’un cercle avec le pouce et l'index et les trois autres doigts levés. Ce qui peut évidemment signifier un simple "ok", comme en ont l'habitude les aficionados de plongée sous-marine... Mais aussi être une marque de ralliement à l’utra droite. Car il peut aussi symboliser le "w" de "white" (blanc) et le "p" de "power" (pouvoir). Soit "white power", un concept raciste à rapprocher du nationalisme blanc, qui prétend à la supériorité des blancs sur les autres.

Ce signe trouve ses origines sur le forum 4chan. Conçu comme un "troll" en février 2017 par des opposants à la gauche américaine, sous le nom "Operation O-KKK" [une référence au Ku Klux Klan] il est rapidement devenu bien sérieux auprès des partisans de la suprématie de la race blanche. Et ce jusqu’en Nouvelle-Zélande. C’est là que le terroriste australien qui avait tué 51 personnes dans deux mosquées de Christchurch, avait fait ce signe de la main devant le tribunal de la ville. 

Un symbole qui avait déjà été utilisé par des personnalités du parti estonien EKRE. Nommés ministre des Finances et de l'Intérieur le 24 avril, deux de ses membres l'ont affiché lors de leur cérémonie d’investiture. Mais du côté du Rassemblement national, c’est une première, assure-t-on. La présidente du parti d'extrême droite se défend en expliquant ignorer totalement la signification de ce geste "tout à fait anodin". Interrogée par l’AFP, Marine Le Pen a ainsi expliqué avoir été "informée que ce signe pouvait avoir une autre signification" uniquement après le selfie. "Dès que j'en ai eu connaissance, j'ai immédiatement exigé que [la photo] soit supprimée."

Un militant autoproclamé "suprémaciste"

Quoi qui’il en soit, et ce même si Marine Le Pen ne connaissait pas la symbolique des nouveaux groupes de l’ultra droite, il n’en reste pas moins qu’elle a posé avec une personnalité qui défend ce type d’idéologie. Car le militant Ruuben Kaalep se présente lui-même sur son compte Twitter comme un suprémaciste finno-ougrien. Selon les informations d’un hebdomadaire national, repris par le site anglophone de la radio publique ERR, le jeune homme avait participé à 25 ans à la mise en scène d'une pièce de théâtre révisionniste. Et aurait collaboré pendant cinq ans à la rédaction d’articles en estonien pour l’encyclopédie en ligne  "Metamedia". Lancée en Suède, cette plateforme glorifie le nationalisme blanc, son logo représentant un jeune Aryen. Selon la même source, le militant aurait été tout au long de sa carrière très proche de figures prônant le néo-nazisme. 

L’élu qui a posé avec Marine Le Pen est également à la tête de Blue Awakening, l'aile jeune d'EKRE. Ce parti, qui a doublé son score aux législatives entre 2015 et 2019 et figure aujourd'hui la 3e force politique du pays, compte dans ses rangs des personnes condamnées pour des actes de violences, selon l’AFP.


Felicia SIDERIS

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