Tentative de viol, braquages, proxénétisme : quand nos élus dérapent…

par Marc MECHENOUA
Publié le 28 mars 2014 à 16h34
Tentative de viol, braquages, proxénétisme : quand nos élus dérapent…

JUSTICE - Deux jours avant le second tour des élections municipales, metronews s’est inspiré de l’ouvrage Délits d’élus pour revenir sur des affaires, parfois "drôles", parfois sordides mais toujours inquiétantes pour la démocratie, impliquant des maires, des adjoints ou des conseillers municipaux... Tour d'horizon.

> Alain Agostini – Orange
De 80 à 300 euros pour un massage… avec finition manuelle ou buccale . Et plus si affinité. Voilà le système mise en place, dans sa propre villa à Sorgues, par le chef de l’opposition (UMP) du conseil municipal d’Orange. A l’année, l’élu accueille plus 2000 clients, une affluence importante qui l’amène parfois à prêter son lit. Face aux succès de son entreprise, connue par le biais de publicité dans les journaux locaux, il recrute même une vingtaine de femmes, de 19 à 40 ans, et fait agrandir son domicile. Entre 2003 et 2007, l’affaire attire les clients huppés de la région et lui aurait même permis de réaliser un chiffre d’affaires de 300.000 euros pour la seule année 2006. Rattrapés par la justice, Alain Agostini et sa femme sont finalement condamnés à deux ans de prison avec sursis et 100.000 euros d’amende pour proxénétisme aggravé en bande organisée.

> Patrick Balkany – Levallois-Perret
Les affaires judiciaires ne nuisent aucunement à sa popularité. Dimanche dernier, le maire (UMP) de Levallois-Peret (Hauts-de-Seine)  a été réélu dès le premier tour (avec 51,5% des suffrages). Pourtant, ce proche de Nicolas Sarkozy a connu de nombreux soupçons, mises en examen et quelques condamnations. L’emploi de trois domestiques à son domicile aux frais du contribuable levalloisien lui vaudra en 1996 sa première  condamnation pour prise illégale d’intérêt . Son nom est aussi cité après la plainte d’une jeune conseillère municipale de Boulogne, avec laquelle il a entretenu une relation. Devant les policiers, elle aurait parlé d’une tentative de viol et d’une fellation forcée avec 357 magnum braqué sur la tempe. Mais heureusement pour Patrick Balkany, l’affaire en restera là, après le retrait de la plainte.

> Yves Chazalette – Prévenchères
Inculte, analphabète et corvéable à volonté, voilà le CV du domestique de l’ex-maire de Prévenchères (Lozère). Elu pendant dix-huit ans et jusqu’en 1995 d’une commune d’environ 250 habitants, il employait à son domicile un homme de 73 ans, esclave de la famille depuis ses 18 ans. Payé entre 15 et 50 euros par mois, ce dernier vivait dans un réduit de la propriété, sans commodité. Un des enquêteurs affirmera même qu’il "n’y aurait pas mis son chien", tant le lieu était inhumain. En 2001, Yves Chazalette est finalement mis en examen pour abus d’ignorance et de faiblesse sur personne vulnérable , abus de confiance, faux et usage de faux et atteinte à la dignité de la personne.

> Maurice Gutman - Le Mesnil-Saint-Denis
Le conseiller municipal du Mesnil-Saint-Denis et membre la Croix Rouge aime chatter. En 2010, pendant son temps libre, il surfe sur un site fréquenté par les ados et propose à ce qu’il pense être une jeune fille de 12 ans une initiation au sexe . Manque de chance, de l’autre côté de l’écran se trouve un journaliste enquêtant sur la pédophilie. Rendez-vous est pris entre les deux parties, après trois jours d’échange tendancieux. Sur un banc, l’élu attend, avant de voir arriver le journaliste en train de raconter l’histoire face caméra. Une fois le reportage terminé, l’identité et l’adresse IP de Maurice Gutman sont transmises aux autorités. Alors qu’il affirme avoir compris la supercherie bien avant la rencontre, il est finalement condamné à deux mois de prison avec sursis.

> Nourhada Spicher – Abbeville
La lutte contre la fraude aux prestations sociales est un combat permanent pour les politiques. Surtout quand l’adjointe (PS) au maire d’Abbeville (Somme) s’y prête volontiers. La non-déclaration de ses revenus d’élu lui permet ainsi de toucher le RMI, le RSA, les APL et la prime de Noël. Pour sa défense, l’ex-élue affirme qu’elle ne connaissait rien de la nécessité de se déclarer. Reconnue coupable de fraude aux prestations sociales en 2012, elle obtient que sa peine soit ajournée contre un remboursement partiel du trop perçu.

> Gérard Dézempte – Charvieu-Chavagneux
Le maire de Charvieu-Chavagneux (Isère) a respecté la loi ! C’est en tout cas ce que conclut la justice en 2009. Quelques années plus tôt, Gérard Dézempte utilise, à ses besoins, le droit de préemption sur une maison de la ville qu’une famille d’origine maghrébine est en passe d’acheter. Et parce qu’il faut un motif, il avance que la demeure sera transformée en local associatif, car le quartier en manque. Plusieurs mois après, les acquéreurs évincés font un tour près de la bâtisse qui leur est passée sous le nez. Sur la boîte aux lettres, un nom pourtant bien français . S’en suit donc une plainte pour "discrimination", qui aboutira, en 2006, à une condamnation en première instance et en appel avant d’être cassé après un renvoi en appel par la Cour de cassation. Parce que la loi, c’est la loi. Même pour un élu qui se vante d’avoir réduit le nombre d’étrangers de 80% à 38% (entre 1983 et 2009).

> Alain et Joëlle Ferrand – Le Barcarès
Au Barcarès, on est maire de mari en femme et vice-versa . Le 22 mars 1999, Alain Ferrand, alors à la tête de cette ville des Pyrénées-Orientales, est condamné à 45.000 euros d’amende pour "abus de bien sociaux" et "prise illégale d’intérêt" dans la gestion de plusieurs casinos. Le tout assorti de trois ans d’inéligibilité et d’une nouvelle condamnation en 2006 ("faux et usage de faux"). Pas de souci, quand un Ferrand s’en va un autre est là pour le remplacer. C’est ainsi que sa femme, Joëlle, reprend le flambeau en étant élue à deux reprises. Mais en 2011, elle est aussi rattrapée par la justice pour "prise illégale d’intérêt" . Un verdict qui lui vaut dix-huit mois de prison avec sursis et 10.000 euros d’amende. Et pour la remplacer ? Son mari bien sûr, qui a purgé sa peine et a été réélu dimanche dernier...

> Jean-Max Séry – Achères
Dans la ville d’Achères (Yvelines), le conseiller municipal a fait ses preuves. Considéré comme actif et pertinent dans les différentes commissions auxquelles il prend part, Jean-Max Séry est en réalité un braqueur multirécidiviste et violent . Entre deux réunions du conseil municipal, il s’attaque notamment à un magasin de chaussures pour un butin maigre de 170 euros. La suite ? Un policier blessé par balle et un total de vingt braquages, pour un butin de 108.000 euros récoltés entre juin 1997 et juillet 1999. Il est finalement démasqué et condamné en 2003 à vingt ans de réclusion criminelle.

> Khadija Aram – Trappes
Passer de conseillère déléguée aux affaires religieuses à numéro cinq de l’administration de Trappes en quelques temps est la preuve d’une belle ascension. C’est d’ailleurs dans l’ascenseur qui mène à l’étage des élus de la mairie de Trappes, que l’ajointe chargée de l’action républicaine commence ses petites affaires. Entre 2008 et 2010, elle promet à des sans-papiers, d’obtenir une carte de séjour. Rassurées par les contacts que l’élue se targue d’avoir au ministère de l’Intérieur, les victimes se défont de leurs maigres économies et lâchent entre 2500 et 6000 euros pour un titre qu’ils ne verront pas. C’est le début de la fin. Après plusieurs témoignages de clandestins, elle est embarquée au poste. Avant cela, elle avait pourtant tenté de se rattraper en signant quelques chèques…avec le carnet de l’association Femmes de Trappes, qu’elle préside. En 2011, elle est finalement condamnée à deux-ans de prison , dont dix-huit mois avec sursis et cinq ans d’inéligibilité pour "trafic d’influence" et "abus de confiance".

* Délits d’élus , Graziella Riou Harchaoui et Philippe Pascot, Max Millo. 19,90 euros.


Marc MECHENOUA

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