YES, I DO - Lors du débat d'entre deux tours de la primaire de la gauche, Benoît Hamon et Manuel Valls ont été interrogés sur leur maîtrise de l'anglais. Il y a quelques semaine, Emmanuel Macron avait choisi de prononcer à l'université Humboldt de Berlin un discours entier en anglais. L'occasion de revenir sur la maîtrise parfois chaotique de la langue de Shakespeare chez nos dirigeants.
Au début du mois de janvier 2017, Emmanuel Macron a choisi de prononcer en anglais son discours sur l'avenir de l'Europe à l'université Humboldt de Berlin. Ce qui n'avait d'ailleurs pas plu à la présidente du Front national Marine Le Pen. Au mois d'octobre dernier, il avait répondu en anglais lors d'un entretien à la chaîne américaine Bloomberg pour annoncer qu'il pourrait être candidat à la présidentielle. "It's too early because I don't want to create that as a sort of egotic show, but if we are in a situation we don't exclude anything." Loin d'être bilingue, l'ex-ministre de l'Economie a toutefois enchaîné les phrases sans hésiter, manifestement rodé à l'exercice par ses échanges courants avec le monde des affaires anglophone.
Mercredi 25 janvier lors du débat d'entre deux tours de la primaire de la gauche, Benoît Hamon et Manuel Valls ont été interrogés sur leur maîtrise de la langue de Shakespeare. Le premier a affirmé qu'il parlait "fluently" (couramment). Le second a lui avoué, en anglais, qu'il parlait mieux l'espagnol. ("My english is very bad but I speak well spanish", soit "Mon anglais est très mauvais mais je parle bien l'espagnol").
Ce qui nous ramène à cette lancinante question : les dirigeants politiques français et leur pratique de l'anglais. Dans ce domaine, il faut dire que nous n'avons pas de quoi nous vanter. De l'anglais correct au plus calamiteux, revue des troupes.
François Hollande : "Be courageous, be you"
Entre François Hollande et l'anglais, c'est compliqué. Exemple ci-dessus avec un discours tenu aux Philippines, lors duquel le président galère à mettre le bon accent sur son texte (assez mal écrit par ailleurs) : "Be courageous, be you, be proud of you, because you can be, do, what you want".
C'est encore plus compliqué quand le chef de l'Etat tente ses fameuses blagues avec le président américain Barack Obama. D'ailleurs, face au bide provoqué, il abandonne bien vite pour revenir au français. "It's cold in Wahington"...
Nicolas Sarkozy : "Sorry for the time"
L'ancien président a été maintes fois moqué pour ses tentatives linguistiques. Parmi elles, voici la séquence où, en accueillant Hillary Clinton à l'Elysée en janvier 2010, il veut parler du temps ("weather"), mais en fait il parle de l'heure (time).
Ajoutons cette scène remontant à octobre 2009, où Nicolas Sarkozy tente de draguer les investisseurs dans un anglais digne de La Grande vadrouille :
Jacques Chirac : "What do you want" ?
A-t-on eu par le passé un président de la République un peu plus anglophone ? On serait tenté de dire oui. Grâce à Jacques Chirac. Parce que, franchement, il faut une certaine maîtrise pour piquer une colère contre les services de sécurité israéliens sans faire de faute de syntaxe (octobre 1996)... "What do you want ? Me to go back to my plane and go back to France, is that what you want ?"
François Mitterrand : "We love United States and American people"
En 1984, François Mitterrand ne prenait pas autant de risques : il parlait en français, puis un traducteur transmettait ses propos à la salle. Sauf quand il tentait, dans un anglais plutôt hésitant, de prendre les choses en main. Enfin, en cinq mots seulement...
Jean-Luc Mélenchon : "I speak globish"
S'il est plus à l'aise en espagnol, Jean-Luc Mélenchon s'est essayé un peu à l'anglais lors de sa campagne présidentielle de 2012. C'était pour s'en prendre à ce qu'il nomme... "le langage de l'occupant". Il appelle ça le "globish". En roulant les "r", on dirait qu'il déclame du Shakespeare. "Thousands of red flags in the Bastille..."
NKM : "I'm working on the Grand Emprunt"
En décembre 2009, Nathalie Kosciusko-Morizet tient une conférence où elle raconte son travail au sein du gouvernement. Ce n'est pas parfait, mais c'est assez "fluent". Ce qui donne : "The big part of my job is to work on the Grand Emprunt".
Alain Juppé : "The world is exciting"
L'anglais n'a pas l'air d'être un secret pour Alain Juppé, le diplômé de Normal Sup'. En témoigne cet échange d'octobre 2011 (il était alors aux Affaires étrangères) dans lequel il s'exprime sur le Printemps arabe dans une émission de télévision indienne.
Hervé Mariton : "Dear British friends"
On a gardé le meilleur pour la fin. Le député de la Drôme, Hervé Mariton, est un vrai crac en anglais. Preuve flagrante avec cet extrait de 5 minutes datant de juin dernier, où, en sirotant un thé, il tente de démontrer aux Britanniques pourquoi ils doivent dire "non" au Brexit (ils ne l'ont manifestement pas entendu).