PARALLÈLE - Les éléments de défense de Richard Ferrand, épinglé pour une affaire immobilière impliquant sa compagne, rappellent ceux de François Fillon dans l'affaire des soupçons d'emplois fictifs de son épouse et ses enfants comme assistants parlementaires. Petit jeu des 7 ressemblances.
Depuis le début de l'affaire qui touche Richard Ferrand, difficile pour le ministre de passer outre les comparaisons avec François Fillon. C'est ce que ne manquent pas de faire les anciens soutiens de François Fillon, tels Bernard Accoyer, secrétaire général des Républicains qui, dans un communiqué, a exigé "respect de l'indépendance de la justice' oblige, "le même traitement judiciaire des faits à l'égard de tous les élus".
Et c'est ce que s'échinent à éviter les ténors de l'exécutif depuis les premières révélations du Canard enchaîné : parmi les éléments de langage les plus retrouvés, Edouard Philippe, Christophe Castaner ou encore Benjamin Griveaux martèlent que l'affaire n'en est pas une, qu'il s'agit d'un "débat" ou que l'opération n'a pas mis "d'argent public en jeu" :
Mais Les Républicains et La République en marche se retrouvent sur d'autres éléments de langage, comme le démontre le montage réalisé par l'équipe de Quotidien (en tête d'article). Si les deux affaires n'ont effectivement pas grand chose à voir (on parle d'un côté d'emplois présumés fictifs et, de l'autre, d'un conflit d'intérêts potentiel qui n'a, jusqu'à preuve du contraire, lésé personne), les éléments de défense sont, en revanche, très ressemblants.
Avant, c'était pas pareil
Du passé, faisons table rase. S'ils ont fauté il y a quelques années, les deux hommes tiennent à ce que les pratiques qu'on leur reproche y restent. Mercredi 31 mai, sur France Inter, Richard Ferrand a eu ces mots pour relativiser ce qu'il avait fait : "On met en cause des choses qui datent de 2009/10/11. [...] Nous sommes dans une autre temporalité, je suis dans une autre fonction." La veille, son Premier ministre avait qualifié ses actes de "comportements passés qui ne sont pas illégaux mais qui ne sont plus acceptés."
Le 6 février, François Fillon, avait évoqué "des pratiques de la vie politique, qui sont très anciennes. Suis-je à l'origine de ces pratiques ? Non. [...] Est-ce qu'elles doivent cesser ? Oui." Une "honnêteté" que Cécile Delozier, spécialiste en mediatraing d'élus, analyse ainsi : "C'est une manière de prendre acte que les temps changent : avec internet, la transmission d'information a pris une dimension sans précédent. Qui connaissait le montant d'indemnité des élus auparavant ?"
"Excuses" contre "exaspération"
Lors de la même conférence de presse, François Fillon a présenté ses excuses pour avoir employé sa femme et ses enfants : "Je présente mes excuses aux Français". Richard Ferrand, lui, n'en est pas là. Il a toutefois reconnu que l'opération immobilière pouvait donner un sentiment de "vénalité" chez les Français. En parlant "de l'exaspération des Français", la veille sur France 2, Edouard Philippe a eu la main un peu plus lourde, évoquant, "l'impression que les élus [...] ne seraient pas aussi droits que ce qu'ils peuvent espérer." Pourquoi s'excuser de quelque chose de légal ? "Ils font amende honorable, estime Cécile Delozier. Mais les deux contextes sont différents : François Fillon briguait le poste suprême, Richard Ferrand n'en est pas là."
C'est légal !
Là aussi, les défenses se ressemblent. Le camp Fillon l'a martelé. Embaucher sa femme et ses enfants : "Tout cela était légal". Richard Ferrand, de son côté, va même plus loin : "Tout ce que j'ai fait dans ma vie professionnelle est légal, public, transparent." Une similarité que reconnait bien sûr Cécile Delozier, mais à nuancer : "François Fillon a été dans la dénégation et l'erreur répétée, notamment quand il a parlé de l'emploi de ses enfants. Richard Ferrand, lui, a préféré l'aveu immédiat et la transparence."
"Cabinet noir" et "corbeau"
Le jour de la publication du premier article du Canard enchaîné, le porte-parole de la République en marche, Benjamin Griveaux, a alimenté la thèse de la malveillance en évoquant un "corbeau", auteur d'une "lettre anonyme". Difficile de ne pas penser aux accusations de "cabinet noir" de François Fillon, ce candidat qui voyait la main de l'Elysée dans ses malheurs judiciaires. Le troisième homme de l'élection présidentielle voyait là une volonté de "priver les Français de l'élection". Sur France Inter, Richard Ferrand a dit voir une "tentative [...] d'atteindre l'un des premiers Marcheurs". Pour François Fillon, c'était clair : journalistes et juges ont voulu "voler leur élection présidentielle aux Français". Un geste de survie, analyse Cécile Delozier : "Invoquer le corbeau, c'est chercher un coupable pour éviter une mort politique certaine".
Attention à la mise en examen
Là encore, difficile de faire plus similaire que les réactions des deux hommes. François Fillon n'avait-il pas conditionné l'arrêt de sa campagne et son retrait à une chose ? "Si je suis mis en examen, je ne serai pas candidat", avait-il dit le 26 janvier sur le plateau de TF1, mettant en avant des questions "d'honneur". On sait ce qu'il adviendra. François Fillon restera candidat, malgré sa mise en examen. Au gouvernement, l'exigence est similaire : "Un ministre qui serait mis en examen devrait démissionner", a annoncé Edouard Philippe sur le plateau de France 2, mardi 30 mai.
La presse n'a pas à se faire juge
Dans ces deux affaires, les protagonistes ont également tendance à mettre en cause la presse. François Fillon, qui a tout de même été mis en examen, n'avait de cesse de s'en prendre à "un tribunal médiatique" qui voulait "le juger", les accusant de l'avoir "lynché et assassiné politiquement" et le désignant à la vindicte de ses partisans, en meeting. Richard Ferrand utilise un registre moins violent, mais accuse tout de même Le Monde de mettre "directement en cause son honnêteté", de faire "des amalgames" et d'entretenir "un climat de suspicion".
Le suffrage universel, seul juge de paix
Enfin, les deux hommes et leurs soutiens ont usé de l'argument électoral. "Seul le suffrage universel compte", a ainsi répété plusieurs fois François Fillon. Adoubé par plusieurs millions de Français de droite à la primaire, il adossait son maintien à une légitimité démocratique, et espérait être élu président pour être lavé de tout soupçon. Pour Richard Ferrand, la sanction tombera le 11 juin. C'est Edouard Philippe qui en a décidé ainsi : les ministres battus aux élections législatives ne conserveront pas leur poste. Une façon de ne pas trancher le problème. "Le suffrage universel est une défense évidente. Si les électeurs continuent à voter pour vous malgré tout ce que vous faites, ça vous donne raison. C'est une des limites du système démocratique où le plus grand nombre a mécaniquement raison".
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