COPIER-COLLER - Durant le traditionnel discours du 1er-Mai, Marine Le Pen s'est lancée dans un discours à la tonalité lyrique sur l'identité de la France. Problème : elle a repris mot pour mot les propos tenus par François Fillon le 15 avril au Puy-en-Velay.
Fidèle à une tradition chère au Front national et à son fondateur, Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen a tenu, lundi, le fameux discours du 1er-Mai autour de la figure de Jeanne d'Arc. A six jours du second tour de la présidentielle, la candidate FN, en meeting à Villepinte, a voulu incarner l'amour de la France à travers un récit rendant hommage à notre pays, ses frontières naturelles et son histoire.
Voici donc Marine Le Pen lancée dans une longue échappée lyrique, vantant les "trois façades maritimes de la France", "la Manche et la Mer du Nord ouvertes sur le monde anglo-saxon et l'immensité septentrionnale, la façade atlantique qui nous projette vers le grand large et nous livre ses aventures, la façade méditerranéenne, foyer de civilisations parmi les plus vieilles et les plus riches de l'histoire". Ou encore les Pyrénées, "qui engagent la France vers cette immense ensemble qu'est le monde hispanique et latin", ou "nos Alpes, qui nous ouvrent vers l'Italie notre soeur". Marine Le Pen vante aussi "un ensemble de valeurs et de principes transmis de génération en génération comme des mots de passe", puis s'enthousiasme du succès des inscriptions à l'étranger au sein de l'Alliance française. Et ainsi de suite, pendant plusieurs minutes.
D'où cela vient-il donc ?
Problème : un montage consciencieux élaboré sur Twitter par le compte "RidiculeTV" dévoile le pot-aux-roses : l'ensemble de ce passage apparaît comme un plagiat pur et simple d'un discours de François Fillon.
Pour parler de la France, Marine Le Pen est obligée de plagier MOT POUR MOT un discours de Fillon ... 😱 #Imposture pic.twitter.com/BasTJsgLWf — Ridicule TV (@RidiculeTV) 1 mai 2017
La consultation des deux versions, celle de Marine Le Pen ce 1er mai, et celle de François Fillon le 15 avril, confirme le copier-coller opéré par la candidate du FN ou ses équipes. François Fillon avait tenu ce discours lors d'un déplacement au Puy-en-Velay, consacré précisément à l'identité de la France. Interrogé par Libération lundi soir, le sénateur David Rachline a tenté d'expliquer qu'il s'agissait en fait "d'un clin d’œil assumé d’une candidate de rassemblement, qui montre qu’elle n’est pas sectaire". Sollicité pour sa part par l'AFP, Florian Philippot, le vice-président du FN, a quasiment utilisé les mêmes mots, parlant d'un "clin d'oeil assumé à un bref passage touchant d'un discours sur la France" de la part "d'une candidate de
rassemblement qui montre qu'elle n'est pas sectaire". Un clin d'oeil qu'elle n'a pas jugé nécessaire de signaler à l'assistance, comme elle l'a fait par exemple en singeant le discours de François Hollande sur le Bourget pour critiquer Emmanuel Macron et le "monde de la finance".
Si les plagiats sont récurrents dans les discours politiques - lors de son discours du 5 mars au Trocadéro, François Fillon avait lui-même réutilisé un pan de son propre discours de politique générale prononcé en 2007 -, piquer le discours d'un concurrent tenu il y a à peine deux semaines, et ce à moins d'une semaine du second tour... est une initiative originale.
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