EXEMPLAIRES - Invité de France Info mardi, le Premier ministre Edouard Philippe a rappelé à son garde des Sceaux son devoir d'exemplarité. François Bayrou s'était fendu d'un coup de fil à la cellule investigation de Radio France dans le cadre de l'enquête sur des salariés du MoDem.
Un ministre de la Justice peut-il, en arborant sa casquette de "citoyen", appeler des journalistes pour critiquer leur manière de travailler ? A cette question, Edouard Philippe a répondu - avec le sourire - "Non". Invité de France Info mardi 13 juin, Edouard Philippe a rappelé le comportement qu'il attendait des membres de son gouvernement : "Le truc qui est assez simple, c'est que quand on est ministre, on ne peut plus réagir comme un citoyen. [...] Quand on est ministre, on n'est plus animé par ses passions, sa mauvaise humeur ou ses indignations."
Bayrou a appelé Radio France pour se plaindre
Et le Premier ministre de rappeler la règle fixée par sa circulaire publiée fin mai : "J'ai indiqué à mes ministres qu'il fallait systématiquement penser à cette question de l'exemplarité." Dans ce texte, il demandait à ses derniers "d'adopter un comportement modeste" et d'être "sobres". Pas précisément la ligne choisie par François Bayrou quand ce dernier s'est permis d'appeler la cellule d'investigation de Radio France, comme l'a révélé Mediapart. Le président du MoDem s'y était plaint que les journalistes de la Maison Ronde avaient "harcelé de manière inquisitrice" des salariés du MoDem, alors que ces derniers enquêtaient sur l'affaire d'emplois présumés fictifs dans le parti. Le maire de Pau avait en outre fait peser la menace "d'éventuelles plaintes pour harcèlement".
La prise de position d'Edouard Philippe diffère donc assez globalement de celle tenue par Christophe Castaner, le soir du premier tour des législatives. Comme l'avait relevé Le Lab, le porte-parole du gouvernement avait relativisé ce qui pourrait pourtant s'apparenter à des pressions politiques : "Ça s'appelle le off, c'est un grand sport national et on le fait tous ici". Une référence aux échanges non-officiels entre un(e) journaliste et un(e) responsable politique.
Ce léger recadrage primo-ministériel n'empêche cependant pas Edouard Philippe de prendre la défense de son garde des Sceaux : "Je comprends que l'homme François Bayrou ait été agacé par la façon dont les questions ont été posées, avec beaucoup de pression probablement, sur des gens qui ne s'y attendaient pas. Je peux parfaitement comprendre ça et d’ailleurs, permettez moi de vous dire que l’ensemble des Français peuvent comprendre ça." L'intéressé, qui aime à enlever sa casquette de ministre de la Justice pour redevenir "maire de Pau" ou, comme c'est le cas ici, "citoyen", appréciera.
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