VUS A LA TÉLÉ - Les 11 candidats à la présidentielle présentent leurs propositions dans les clips de campagne diffusés depuis lundi. Lyriques, bucoliques, narcissiques... Ces extraits ont pour objectif de donner un bref aperçu des projets aux électeurs. Que retient-on ?
Des clips de 3 minutes pour présenter un projet et un candidat, cela ne laisse pas le droit à l'erreur. Depuis lundi, jour du lancement officiel de la campagne présidentielle, les 11 prétendants à l'Elysée bénéficient d'une visibilité étroitement contrôlée à travers ces films diffusés sur les chaînes de télévision, sous l'égide du CSA. L'occasion d'imprimer leur vision de la France, et de diffuser au compte-goutte certaines mesures phares de leur programme. Voici ce que l'on peut retenir des onze clips.
Philippe Poutou l'iconoclaste
A peine son premier clip diffusé, le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste a suscité un engouement particulier sur les réseaux sociaux. Car, contrairement au format convenu du film de campagne, Philippe Poutou s'est entouré de comédiens pour offrir une parodie mordante de son propre passage dans l'émission "On n'est pas couché". Résultat : le candidat du NPA s'érige en salarié "comme vous", incompris de l'élite médiatique.
Nathalie Arthaud, fond rouge
Plus classique, dans la lignée de l'ancienne candidate de Lutte ouvrière Arlette Laguiller, Nathalie Arthaud se présente face caméra, sur fond rouge (la couleur révolutionnaire), et focalise l'attention sur ses propos, malgré quelques séquences incises représentant la Bourse puis, par opposition, le travail à l'usine. "C'est nous qui faisons fonctionner toute l'économie", explique la candidate aux salariés. "Affirmons collectivement nos intérêts de classe."
Benoît Hamon, les fondamentaux socialistes
France métissée, références à Jaurès, au Front populaire et à Robert Badinter... Dans ce clip tourné par la réalisatrice Valérie Donzelli, Benoît Hamon réactive toutes les références classiques du Parti socialiste sur fond d'échanges avec des Français, de déplacements et de meetings. Des références qui ne sont pas sans rappeler le clip de campagne de François Hollande en 2012, axé sur l'égalité et la solidarité. Mais Benoît Hamon ajoute une touche particulière qui résume son projet : celle de s'adresser "à cette gauche qui ne se contente pas d'accompagner le réel" et qui a "une confiance absolue dans l'avenir".
Jean Lassalle, le pacificateur
Face caméra sur fond noir, Jean Lassalle joue les bons pères de famille en s'adressant au téléspectateur sur le ton solennel de la confidence. Le député explique que "le temps est venu de se rassembler" et que son objectif, c'est la paix. Pour cela, il retirera les troupes françaises des théâtres d'opérations afin d'engager des actions diplomatiques "d'envergure", et, sur le plan intérieur, renforcera les services publics sur le territoire.
François Fillon, sans fioriture
Fidèle à son image, François Fillon ne s'est pas embarrassé d'effets dans son clip de campagne. Le candidat développe son argumentaire face caméra, avec tout juste quelques images d'anonymes pour rythmer son propos. Celui qui refuse de "subir sans réagir" et qui rejette "les constats d'impuissance" rappelle ses principaux objectifs : réduire les dépenses publiques, ramener le plein emploi et faire de la France "la première puissance européenne en dix ans".
Nicolas Dupont-Aignan survole le terroir français
Le candidat souverainiste a choisi, lui, de nous faire voler au-dessus des villages français pour incarner sa vision du pays. "Je souffre de voir notre pays n'être plus que l'ombre de lui-même", lance-t-il, avant d'assurer que "le courage et les convictions peuvent soulever des montagnes". "Je rendrai à la France sa liberté d'agir", conclut Nicolas Dupont-Aignan.
Jean-Luc Mélenchon, la révolution apaisée
Jean-Luc Mélenchon a troqué le fond rouge (révolutionnaire, toujours) de 2012 pour un fond bleu plus apaisé, cette "force tranquille" qui rappelle un peu la campagne de François Mitterrand en 1981. Après des séquences lyriques de ses discours lors des meetings ("Nous sommes la révolution citoyenne toujours recommencée"), le candidat de la France insoumise explique face caméra comment il va remettre la République "sous le contrôle du peuple", sortir du nucléaire ou encore des traités de l'Union européenne. La conclusion, toujours sur un registre apaisé : "Viennent les jours heureux et le goût du bonheur", cette formule déjà lâchée lors du dernier débat télévisé et qui n'est pas sans nous rappeler cette vieille chanson de Gérard Lenorman.
Marine Le Pen, un clip marin
Retour aux sources pour Marine Le Pen qui se met en scène en promeneuse face à la mer, célébrant en voix off son "attachement viscéral" à cette France "impétueuse et qui ne renonce pas" dans un film de facture classique. La candidate du Front national promet de "rendre aux Français la fierté de ce qu'ils sont", évoquant au passage quelques éléments de son projet comme "la lutte contre le fondamentalisme islamiste".
Emmanuel Macron, un film qui bouge
Comment illustrer le mot d'ordre d'Emmanuel Macron, "En Marche" ? En mettant du mouvement partout. Dans ce petit film où tout bouge, lui seul s'immobilise, en extérieur, devant la caméra. Le candidat promet de "remettre le travail" en marche, en "libérant l'activité" des entreprises et en mettant 15 milliards d'euros sur la formation professionnelle. Pas d'envolée lyrique, l'ancien ministre se pose simplement en "candidat du travail".
François Asselineau, fier de ses meetings
Le candidat de l'UPR, qui participe pour la première fois à l'élection présidentielle, peut se targuer d'avoir rempli les salles lors de ses meetings. Alors, plutôt que de se mettre en scène en campagne, il préfère multiplier les extraits de discours devant ses sympathisants. Il y égrène sa ligne plutôt limpide : rendre à la France "son indépendance". "Je suis, dit-il, le seul candidat à proposer la sortie de l'Union européenne, de l'euro et de l'Otan."
Jacques Cheminade, créateur d'emplois
Le candidat auto-érigé en ennemi public numéro 1 de la finance mondiale veut libérer la France de "l'occupation financière". Pour cela, il compte soustraire l'argent placé à la Banque centrale européenne pour le réintroduire dans une nouvelle "banque de la Nation" qui investira "chaque centime" au profit de l'économie du pays. Et de promettre, dans ce clip de campagne très classique, face caméra, ponctué d'infographies, qu'il va créer "un million d'emplois par an" grâce à ce projet.