CLIMAT - Lors de l'inauguration d'une micro-forêt à Bordeaux ce mardi, le maire de la ville a assuré qu'un "espace de 100 m² de forêt" pouvait diminuer "d'un degré la température dans les rues adjacentes". Pas si simple...
Pour lutter contre le réchauffement climatique, la ville de Bordeaux se retrousse les manches : elle "casse du bitume" pour planter des arbres. Ce mardi 9 mars, le nouveau maire EELV Pierre Hurmic a inauguré la première micro-forêt de la ville sur une place jusqu'alors réservée au stationnement automobile.
Une opération "emblématique" du plan de végétalisation mené par la nouvelle municipalité écologiste, qui doit permettre "de créer des îlots de fraîcheur". Pour porter l'initiative, l'élu a assuré devant la presse qu'un espace de 100 m² de forêt réduisait de "un degré la température dans les rues adjacentes". Une affirmation qui interpelle. Nous l'avons passée au crible.
Un chiffre basé sur une modélisation
Première remarque : il est très difficile de remonter à l'origine de ce chiffre. Exemple avec Reforest'Action, une entreprise dont le rôle est justement de participer à la reforestation. Interrogée, elle nous dit ne pas connaitre la source de cette donnée. Et nous invite à nous tourner vers la municipalité. Cette dernière nous renvoie vers une étude publiée en 2003 dans la revue Energy and Buildings. Dans le cadre d'un projet européen, deux chercheurs avaient en effet tenté d'évaluer les effets de la végétation en milieu urbain et ses bénéfices. Pour ce faire, les auteurs ont réalisé une modélisation à partir des différentes données provenant d'une variété d'études. Ils concluent que "ces résultats suggèrent que pour chaque 100 m² de végétation, la température de l'air est réduite en moyenne de 1°C".
Parmi les études citées, l'équipe relève notamment celle réalisée au Central Park de New York, qui a montré une "baisse de la température à proximité de 2 à 5°C", quand le parc Shinjuku Gyoen, à Tokyo, "réduit l'effet d'îlot de chaleur urbain de 2°C et diminue la température dans les zones adjacentes sur une distance de 80 à 90 mètres".
De nombreux critères entrent en jeu
Si nos interlocuteurs s'accordent à dire que cette conclusion est "plausible", ils alertent toutefois sur des biais qui peuvent exister. Selon eux, on ne peut pas être aussi conclusif que le maire de Bordeaux. Le chiffre de l'élu s'appuie en effet sur une modélisation à partir d'un corpus d'études observationnelles réalisées à l'international. Mais ce n'est pas une règle en soi. En réalité, les effets d'une zone boisée sur la température ambiante dépendent d'un grand nombre de facteurs. Auprès de LCI.fr, le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema), rattaché au ministère de l'Environnement, note ainsi que le phénomène "dépend fortement de la taille de la zone arborée et du contexte urbain".
S'il apparait, de manière générale, que "les parcs constituent de réels îlots de fraîcheur", le degré précis de rafraichissement peut donc différer. Entre autres critères, la taille du parc. "La relation n'est pas linéaire et certains auteurs font apparaitre une taille-seuil à partir de laquelle il n'y a plus d'effet supplémentaire", note ainsi le Cerema. Peut aussi entrer en jeu la forme du parc. "Les petits parcs de forme allongée et irrégulière ont peu d'effet de rafraîchissement", résume le Centre d'études. Les caractéristiques des plantes, la configuration spatiale, les immeubles voisins, mais aussi les effets climatiques locaux, telle que la direction du vent, s'ajoutent à cette liste d'éléments qui peuvent interférer.
Cette petite phrase prononcée par la mairie de Bordeaux ne repose donc pas sur une réalité scientifique implacable. Reste que, comme le souligne Reforest, "les arbres urbains jouent un rôle de climatiseurs naturels, de rafraîchissement de l'air et de lutte contre les îlots de chaleur en ville". Une donnée corroborée par de nombreuses études que l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture confirme. Sur son site, cette branche des Nations Unies souligne que le "fait de disposer d'espaces verts et de planter des arbres à des endroits stratégiques dans les villes peut contribuer à abaisser la température jusqu'à huit degrés". Un chiffre là encore "à prendre avec des pincettes", rappelle l'entreprise. "C'est le haut de la fourchette."
Cette opération va donc dans le bon sens pour cette ville administrée par EELV. L'équipe municipale a d'ailleurs prévu d'augmenter la végétation en ville afin de continuer à faire baisser la température des îlots de chaleur urbain. De combien de degrés ? "Nous avons prévu de faire des mesures pour évaluer l'incidence de la micro-forêt", nous promet la ville.
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