39 millions de tonnes de déchets par an : que contiennent nos poubelles et quel est leur impact ?

Publié le 18 avril 2023 à 13h42, mis à jour le 18 avril 2023 à 14h40

Source : JT 20h Semaine

Chaque année, les Français produisent environ 39 millions de tonnes de déchets.
Des détritus qui sont ensuite stockés dans une décharge, incinérés, recyclés ou gérés via le compostage et la méthanisation.
Mais qui ont un coût pour l'environnement.

Près de 580 kg par habitant. C'est le volume de déchets produit par les ménages en France en 2018, soit au total 39 millions de tonnes, selon l'Ademe. Un chiffre en légère diminution depuis dix ans, mais qui reste encore très élevé dans le pays, au-dessus de la moyenne européenne sur la dernière décennie, selon un rapport de la Cour des comptes publié en septembre 2022. Et ce retard a un coût environnemental important, et pour atteindre ses objectifs de réduction de gaz à effets de serre (GES) notamment, le gouvernement s'est engagé à réduire la production d'ordres à 501 kg par habitant d'ici 2030. 

Pour tenter de déterminer comment procéder et l'impact de nos déchets sur notre planète, la plateforme Greenly a mené une étude sur le "véritable impact carbone de nos poubelles". Pour cela, elle n'a pris en compte que les déchets ménagers et assimilés des ménages (DMA) et n'a pas inclus les déchets issus des entreprises (63 millions de tonnes en 2018) et ceux provenant du secteur de la construction (240 millions de tonnes). 

2,3% des rejets de méthane en France

En France, les déchets ménagers sont "soit destinés à finir dans une décharge (36%), à être incinérés (30%), à être valorisés en étant recyclés (20%) ou gérés biologiquement via le compostage et la méthanisation des déchets organiques (14%)", détaille la plateforme. Des méthodes qui produisent des gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. Selon une étude du CITEPA publiée en 2020, le secteur du traitement centralisé des déchets en France - qui regroupe le stockage en décharge et l'incinération - a émis environ 14,7 millions de tonnes d'équivalent CO2 (tCO2e) sur l'année, ce qui représente 216 kgCO2e par habitant. 

Greenly détaille que "ces émissions sont issues à 90% de la décomposition anaérobie de matière organique dans les décharges". En clair, les déchets qui sont enterrés dans les décharges et qui sont situés au fond des casiers creusés à même le sol ne reçoivent pas d'oxygène et, en se décomposant, libèrent du méthane, un puissant gaz à effet de serre au pouvoir réchauffant 80 fois supérieur à celui du carbone sur une période de 20 ans. 

Selon la plateforme, en 2020, "le secteur du traitement centralisé des déchets était à l’origine de 23,7 % des émissions de méthane en France - soit 13 millions de tCO2e". Et ces émissions peuvent perdurer dans le temps : "Certains déchets enfouis dans les années 1990 sont susceptibles d'émettre encore aujourd'hui des émissions de GES", pointe Greenly. Celles engendrées par le compostage et la méthanisation des déchets restent, en revanche, marginales dans la gestion de déchets.

L'exemple parisien

Dans son étude, la plateforme prend également pour exemple les déchets parisiens pour tenter de mieux réduire la production des ménages français. Ainsi, selon un rapport de la Cour des comptes cité par Greenly, chaque habitant de la capitale produit 429 kg de déchets par an, ce qui inclut les déchets ménagers et ceux de la collectivité. Leurs poubelles contiennent 33% d'emballages comme du verre, du carton, du plastique ou des métaux, 16,4% de déchets alimentaires (dont 10% de restes de repas et 6,4% de produits alimentaires non emballés), 12% de papiers et environ 20% d'erreurs de tri, soit des déchets qui auraient dû être jetés dans une poubelle de recyclage verte ou jaune.

Selon ces chiffres, d'importants efforts sont donc possibles pour mieux trier les déchets et réduire le gaspillage alimentaire, alors que Tommy Catherine, expert climat chez Greenly encourage à se "pencher sur l'impact de notre vie quotidienne" sur le climat. Il estime ainsi que "la récente grève des éboueurs [où des milliers de tonnes de déchets se sont amoncelés dans les rues de Paris, ndlr] a mis en évidence la difficulté d'atteindre nos objectifs climatiques dans une société qui encourage la surconsommation". 


Annick BERGER

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